«Euh, ce n'est pas un an et ce n'est pas 10 ans», a lancé Guy Carbonneau, hier, à l'annonce de la prolongation de son contrat comme entraîneur-chef du Canadien.

Bob Gainey et lui avaient convenu d'en parler, mais ç'avait l'air bien difficile de donner des détails. On aurait presque dit que Carbo était blessé tellement les informations sortaient au compte-gouttes!

Carbo s'est échappé à la toute fin de sa discussion avec les journalistes en glissant «pour les trois prochaines années». Un lapsus révélateur?

Chose certaine, Gainey a confirmé hier un geste qui n'est guère surprenant, mais qui s'est fait dans la discrétion.

«Je suis content que ce soit enfin annoncé parce que ça faisait un bout de temps que c'était fait, a confié Carbo. Je suis extrêmement content d'être encore ici pour plusieurs saisons.»

Gainey, qui va maintenant s'occuper des ententes concernant les entraîneurs adjoints, n'a pas caché la complicité qui le lie à Carbo.

«Le fait qu'il soit un si fier compétiteur constitue sa qualité première en tant qu'entraîneur, a expliqué le DG. C'est un gars intelligent qui est impliqué dans la LNH depuis des années et qui ressent toujours très bien ce dont une équipe a besoin.»

«Bob et moi, on est deux gars qui pensons de la même façon, a enchaîné Carbo. Moi, je comprends son plan et où il s'en va.

«Et lui, il sait de quelle manière je vais réagir dans différentes situations.»

Dans le siège du conducteur

Gainey est à même de voir que Carbonneau a pris du galon depuis qu'il lui a succédé derrière le banc du Canadien, au terme de la saison 2005-2006.

«Un jeune assis sur le siège du passager croit toujours qu'il peut bien conduire, a comparé Gainey. Mais il réalise une fois au volant qu'il y a beaucoup de choses dont il doit tenir compte.

«Eh bien, Guy est dans le siège du conducteur, et je dirais qu'il maîtrise maintenant tous les boutons.»

Chris Higgins, qui était une recrue lorsqu'il a assisté au retour de Carbo chez le Canadien, note lui aussi une progression.

«C'est un gars qui commande le respect et que tu n'as pas le choix d'écouter, a soutenu Higgins. Il a connu une carrière fructueuse et sa philosophie en tant que joueur a été bien transposée dans son coaching.

«Il a appris des choses en cours de route et il ne peut que devenir meilleur encore. Tout le monde est est à l'aise avec lui.»

Le vétéran Tom Kostopoulos est bien d'accord sur ce dernier point.

«On n'a qu'à voir où l'équipe était censée se classer l'an dernier pour comprendre qu'il a fait du très bon boulot, a-t-il observé. Tous les gars apprécient de jouer pour lui et sa situation contractuelle n'a jamais été un facteur.»

Le plus dur, c'est de répéter

C'est en agissant comme adjoint à Michel Therrien que Carbo a eu la piqûre du coaching. Mais avant qu'il ne devienne entraîneur-chef, les astres devaient s'aligner lors d'un épisode où il a été l'adjoint au DG des Stars de Dallas.

«Lorsque je suis revenu à Montréal, le timing était excellent», admet Carbonneau.

Le contexte était quand même particulier. Gainey était retourné derrière le banc, mais avait désigné Carbo comme successeur en vue de la saison suivante.

«Le message était clair dans le vestiaire, se souvient Carbo. Je gardais une distance et une fermeté avec les joueurs parce qu'ils étaient tous au courant de la situation.»

Une fois en poste, il y a eu les craintes et les appréhensions. Mais le succès a fini par suivre.

«Je m'attendais à avoir plus de difficulté à suivre le rythme des matchs derrière le banc. Mais avec l'expérience, on acquiert vite des automatismes.

«Le plus dur demeure les réunions de préparation, quand il s'agit de déterminer comment tu vas livrer ton message. Ce n'est pas facile parce qu'il faut toujours répéter, mais tu ne veux pas avoir l'air d'un perroquet.»

En parfait émule de Jacques Lemaire - «le coach idéal» - Carbo cherche à être bon derrière le banc et pendant les entraînements, mais aussi à faire de ses joueurs de meilleurs individus.

Et il assure que son nouveau contrat ne modifiera pas son style.

«Ça ne change rien pour moi, sinon que ça apporte une sécurité additionnelle pour ma famille et moi. Mais bon, en même temps, il y a sept ou huit entraîneurs qui avaient un contrat l'an dernier et qui ont perdu leur poste.

«Donc, rien ne garantit que je serai ici l'an prochain!»

C'est ça. Et il peut pleuvoir des oranges aussi.