«Quand le goaler arrête le puck, c'est pas pire...», répond Alain Vigneault en ricanant au bout du fil.

L'entraîneur des Canucks, dont l'avenir à Vancouver a été remis en question à l'arrivée du nouveau DG Mike Gillis cet été, traverse une période heureuse, c'est le moins qu'on puisse dire.

Roberto Luongo vient en effet d'obtenir trois blanchissages consécutifs, et quatre à ses six derniers matchs. Sans surprise, il a été nommé hier le joueur par excellence de la semaine qui vient de s'écouler.

Et les Canucks de Vancouver, destinés à la cave du classement selon de nombreux spécialistes sont premiers de leur division avec une fiche de 9-6.

«Pour obtenir autant de blanchissages en aussi peu de temps, il faut que tu sois dans ta zone, mentionne l'ancien entraîneur du Canadien. C'est surtout sa capacité à lire le jeu qui m'impressionne. Il a toujours été considéré comme un gardien qui démarrait ses saisons lentement, pas techniquement, mais justement côté lecture. En ce moment, il trouve la rondelle partout. Quand le tir arrive de la pointe, par exemple, même s'il y a beaucoup de circulation devant lui, il semble toujours se déplacer du bon côté même s'il ne voit pas grand-chose.»

«Et il y a évidemment sa façon de contrôler les retours de tirs, poursuit Vigneault. Ça a toujours été sa grande force et ça continue de l'être. Quand un gardien contrôle ses retours, on donne rarement de deuxième chance de suite de compter. Quand la rondelle le frappe, elle reste collée sur lui au lieu d'exploser et d'aller dans l'enclave.»

Alain Vigneault avait un bon feeling dès le début du camp d'entraînement. «Il est arrivé hyper motivé. Je te dirais que quand je lui ai annoncé mon idée de le nommer capitaine, ça a rendu sa concentration encore plus à point. Il a connu un bon camp, avec un blanchissage contre Calgary dès son premier match.»

La saison s'est pourtant terminée en queue de poisson pour Vigneault, Luongo et les Canucks. L'épouse du gardien vivait une grossesse difficile et l'entraîneur a eu à faire son mea culpa: il avait peut-être mis trop de pression sur sa vedette.

La nomination de Luongo à titre de capitaine, à la suite du départ de Markus Naslund, visait-elle en partie à rétablir les ponts? Vigneault s'en défend bien.

«On s'est assis avec les nouveaux entraîneurs cet été et on a commencé à énumérer les qualités que ça prenait pour être capitaine. Plusieurs joueurs possédaient certaines de ces qualités, comme l'éthique de travail et le leadership, mais il y en avait seulement un qui les possédait toutes à un haut niveau et c'était Roberto. Et ceux qui vivent dans notre environnement sur une base quotidienne, que ça soit les joueurs, les entraîneurs ou les préposés à l'équipement savent que c'est lui qui mène dans le vestiaire depuis son arrivée ici. Je regarde les meilleurs joueurs de la Ligue, ils ont tous un dénominateur commun, ce sont les plus grands travailleurs de leur club. Que ça soit Iginla, Crosby ou d'autres. Notre plus grand travailleur à nous, c'est Roberto Luongo. Le choix a été facile.»

Mais il n'y a pas que Luongo. Ryan Kesler et le Québécois Alexandre Burrows, avec respectivement 11 et 10 points en 15 matchs, ajoutent de la profondeur à l'attaque des Canucks, troisième de l'Association de l'Ouest au chapitre des buts marqués.

«C'est justement notre jeunesse qui fait la différence, et Kesler et Burrows ont amélioré leurs habiletés offensives et ils jouent avec confiance. Ils produisent sur une base régulière même si en théorie, ils ne participent pas aux supériorités numériques. Ils réussissent à combler l'absence de Demitra.»

Sans compter que Vigneault peut enfin compter sur un groupe de défenseurs en santé. Kevin Bieksa, qui a raté la presque totalité de la dernière saison, a déjà 11 points en 12 rencontres. «Quand tu perds une couple de tes défenseurs réguliers, c'est très difficile. Bieksa, autant au niveau défensif, robustesse, que sa contribution offensive, est un élément très difficile à remplacer, surtout qu'il joue entre 25 et 27 minutes par match.»

Comme si les choses n'allaient pas déjà assez bien, les Canucks espèrent toujours Sundin...

«On sait maintenant qu'il va jouer et on devrait avoir une idée plus claire quelque part en décembre, mentionne l'entraîneur de 47 ans. On a 10 millions à dépenser et mon patron a été clair là-dessus, quand on va avoir quelque chose qui fait notre affaire, on va les dépenser. Que ça soit Sundin ou un autre.»