Ils tombent au combat les uns après les autres. DiPietro, Lehtonen, Leclaire, Nabokov, Brodeur et maintenant Luongo. Mike Smith et Fleury sont également sur la touche à l'heure actuelle.

Les trois premiers ont souvent été blessés par le passé. Mais voir trois des meilleurs gardiens de la LNH, Brodeur, Luongo et Nabokov blessés simultanément, voilà qui suscite réflexion.

 

Simple hasard? Charge de travail trop imposante? Ou serait-ce plutôt la rapidité du jeu qui hypothèque de plus en plus la santé des gardiens?

«Je me pose la question moi aussi, répond au bout du fil Jocelyn Thibault, ancien gardien des Nordiques de Québec, de l'Avalanche du Colorado, du Canadien, des Blackhawks de Chicago et des Sabres de Buffalo. Martin et Roberto n'ont jamais été blessés avant. Est-ce que ce sont des blessures d'usure dans leur cas?»

L'éditeur québécois du magazine Goalie's World, Gilles Moffet, a son explication. «Le travail du gardien est nettement plus exigeant depuis la fin du lock-out. Il doit se déplacer beaucoup plus que par le passé. Il y a plus d'attaque, plus de supériorités numériques, les jeux latéraux sont plus nombreux. Le gardien est vraiment plus taxé que par le passé.

«Le cas de Brodeur est peut-être différent parce que c'est une blessure au bras, poursuit Moffet, mais pour ce qui est de Nabokov et de Luongo, il y a peut-être un lien à faire. L'aine est beaucoup plus sollicitée. Avant, le gardien faisait juste se relever. Maintenant, il se relève et il pousse. Le nombre de fois dans un match où le gardien doit se relever et pousser est assez impressionnant. Avant, la trappe était plus populaire, il y avait une meilleur protection devant le gardien. Les attaquants avaient moins d'occasions de marquer sur les retours parce qu'ils se faisaient bousculer par les défenseurs. Mais les défenseurs ne peuvent plus travailler comme auparavant. Tu as plus de retours qui vont vers le gardien finalement. Après le premier arrêt, le gardien doit faire un deuxième arrêt plus souvent qu'auparavant.»

Thibault adhère à la théorie de Moffett. «C'est sûr que la nouvelle réalité de la Ligue nationale rend le travail du gardien de plus en plus exigeant sur le plan physique, dit-il. En plus, les joueurs sont de plus en plus grands, robustes et rapides. Il faut se déplacer plus vite. Et le style papillon, il faut le dire, est dur pour les hanches et les genoux. Quand j'ai subi ma blessure à la hanche, c'était de l'usure. Mais en même temps, les gardiens sont de mieux en mieux préparés, ils ont maintenant des entraînements spécifiques. Sauf qu'en vieillissant, il faut se préparer encore davantage. Il suffit parfois d'un faux mouvement.»

Brodeur a 36 ans. Luongo 29 ans et Nabokov (qui est prêt à revenir au jeu) 33 ans. L'âge n'est pas un facteur dans le cas de Luongo. Mais ils ont un dénominateur commun: les trois ont participé à plus de 70 matchs l'an dernier. Mettra-t-on fin un jour à la surutilisation des gardiens numéro un?

«Ça va être un beau dilemme, répond Moffet. Les équipes devront peut-être investir davantage pour acquérir de solides gardiens numéro deux. Aujourd'hui, l'auxiliaire est devenu très important. Ty Conklin a sauvé les Penguins de Pittsburgh pendant une longue période en l'absence de Fleury l'an dernier. On voit de plus en plus d'auxiliaires menacer le poste des numéros un, comme Craig Anderson en Floride, Brent Johnson à Washington, Martin Gerber à Ottawa. La situation est également particulière à Edmonton.»

En ce sens, Moffet suit avec intérêt l'utilisation qu'on fait de Carey Price à Montréal. «À ce rythme, Price va disputer 60 matchs cette saison. L'an dernier, il a gardé les buts dans 51 matchs et à la fin de l'année, il était brûlé. Dans l'histoire du hockey, seulement six gardiens de 21 ans ont disputé plus de 60 matchs: Harry Lumley (Detroit en 47-48), Terry Sawchuk (Detroit en 50-51), Sean Burke (New Jersey en 88-89), Tom Barrasso (Buffalo en 85-86) et les deux derniers ont été Jim Carey (Washington en 95-96) et Jocelyn Thibault (Montréal en 96-97). Jim Carey n'a pas été capable de gérer ça et Jocelyn est arrivé dans un contexte particulier à Montréal.

«À 21 ans, 60 matchs, c'est une bonne commande, insiste Moffet. Le Canadien veut aller loin en séries, tu as un bon auxiliaire en Jaroslav Halak, il faudra voir la situation dans laquelle l'équipe se trouve. Si la lutte est serrée, Price sera gardé dans la mêlée plus souvent. Si l'avance du Canadien au classement est plus confortable, Price pourrait avoir plus de congés. Tu ne veux pas diriger en pensant aux blessures, mais si tu perds ton numéro un pour un mois et demi, tu n'es pas plus avancé.»

Il sera intéressant de voir comment les Devils du New Jersey, les Sharks de San Jose et les Canucks de Vancouver utiliseront leurs vedettes lorsqu'elles seront de retour au jeu.

 

QUAND REVIENDRONT-ILS?

MARTIN BRODEUR

DEVILS du New Jersey

Épaule et biceps - février-mars

RICK DIPIETRO

ISLANDERS de New York

Genou - décembre

MARC-ANDRÉ FLEURY

PENGUINS de Pittsburgh

Bas du corps - cette semaine

KARI LEHTONEN

THRASHERS d'Atlanta

Dos - indéterminé

ROBERTO LUONGO

CANUCKS de Vancouver

Aine - probable en janvier

EVGENI NABOKOV

SHARKS de San Jose

Bas du corps - cette semaine