Comme ça, Guy Carbonneau trouve que la ville est un peu trop hockey. Trop de bla-bla dans les médias, trop de ces «experts» forts en gueule, mais faibles entre les deux oreilles, bref, trop de bruit pour rien. En fait, Carbo aimerait qu'on parle des vraies affaires. Vous savez, les trucs palpitants comme les sorties de zone, les mises en jeu et les permutations de position.

Bon. Le coach a raison sur un point: la ville est hockey, en effet. Trop? Probablement. On dit que le Canadien est une religion par chez nous, mais je ne suis pas d'accord; c'est plutôt une obsession, et Montréal est peut-être la seule ville de la LNH où des gars de quatrième trio font les manchettes. À moins que Montréal obtienne un jour une équipe de la NFL ou de la NBA (et je ne gagerais pas ma carte recrue de Rick Wamsley là-dessus), le Canadien est donc condamné à demeurer au sommet de nos préoccupations sportives.

Là où Carbo se trompe, c'est quand il fait des comparaisons avec Dallas, où il a jadis joué. Il aime souvent parler de Dallas, le coach. Parce qu'à Dallas, les gars des Stars ont la sainte paix. «Les articles (à propos des Stars) portent à 100% sur le match», a tenu à préciser Carbo.

C'est vrai que les articles - quand il y en a - portent sur le match. Il y a une raison à ça: à Dallas, on se fout des Stars. Sean Avery peut bien dire des conneries (et Dieu sait qu'il en dit), ses commentaires passent loin, très loin derrière les nouvelles de la journée concernant les Cowboys.

Tenter de faire un rapprochement entre les Stars et le Canadien, c'est au mieux malhabile; le positionnement des deux équipes est complètement différent.

La réalité, c'est que le Canadien est le club numéro un de sa ville. Comme les Cowboys à Dallas ou les Yankees à New York. Et le Canadien doit lui aussi composer avec des commentaires médiatiques «qui n'ont rien à voir avec le jeu», pour emprunter la phrase à Carbo.

À New York, les médias viennent de passer la semaine à commenter le coup de fusil du receveur Plaxico Burress. Pas besoin de vous dire que la dernière victoire des Giants est passée loin derrière.

Carbo voudrait pour son club les avantages de la popularité... sans les inconvénients. Voilà qui serait magnifique, mais le Canadien n'est pas un club anonyme comme les Coyotes ou les Panthers. Le Canadien est un club mythique, et le Canadien est le seul gros club en ville. Il doit l'assumer. Et s'attendre à ce que les projecteurs soient toujours braqués sur lui.

Même quand ça ne fait pas son affaire...