Matt D'Agostini, qui vient de se faire connaître à Montréal en marquant trois buts à ses quatre premiers matchs depuis son rappel de Hamilton, a eu droit à ce court paragraphe dans les journaux lorsqu'il a été repêché au 190e rang de la sixième ronde par le Canadien, en 2005:

«Au sixième tour, le Canadien a choisi l'ailier droit Matt D'Agostini, du Storm de Guelph. Bon patineur, D'Agostini a marqué 20 buts et amassé 46 points en 59 rencontres. Il n'est pas costaud à 5'11 pouces et 170 livres.»

Les médias n'en avaient plutôt que pour Carey Price, Guillaume Latendresse et même Mathieu Aubin, le fils de Normand, l'ancien joueur des Nordiques.

C'est un phénomène normal puisque la majorité des journalistes affectés à la couverture du repêchage n'ont pas vu les espoirs à l'oeuvre sur une base régulière et ils ne peuvent pas accorder la même attention à tous.

D'Agostini lui-même n'était même pas certain d'être repêché à l'époque. «J'essaie de ne pas avoir d'attentes, avait-il confié au journal Sault Star à la veille du repêchage. Je ne veux pas être déçu si je ne suis pas choisi.»

Le jeune homme a passé la journée de ce repêchage au chalet avec famille et amis puisque seuls les candidats de première ronde étaient invités cette année-là à Ottawa, en cette année de lock-out. D'Agostini a finalement appris sur l'internet une fois chez lui que le Tricolore l'avait repêché en sixième ronde...

D'Agostini a reçu peu de publicité au cours des années suivantes. Kyle Chipchura, Guillaume Latendresse, Carey Price, évidemment, David Fischer, Ryan McDonagh et Max Pacioretty ont toujours retenu davantage l'attention. Le nouvel attaquant du CH fait partie de cette catégorie d'espoirs qui, un peu comme Michael Ryder, Joe Pavelski, Lee Stempniak ou Ryan Clowe, progressent lentement mais sûrement dans l'ombre des espoirs de premier plan.

Même à Leksand, en Suède, le responsable du recrutement chez le Canadien, Trevor Timmins, suit les progrès de ses ouailles avec le Tricolore. «Quand on repêche un jeune, on recherche toujours chez lui l'atout majeur qui pourra lui permettre de percer, dit-il. Dans le cas de Matt, c'était sa facilité à marquer des buts. Le reste pouvait s'améliorer. Son coup de patin est meilleur, il est plus costaud.»

Une autre trouvaille?

Y'a-t-il un autre D'Agostini qui dort dans les filiales, un espoir choisi sur le tard que peu connaissent et qui jouent dans l'ombre des McDonagh, Pacioretty et compagnie?

Timmins nomme d'abord Joe Stejskal, un défenseur de 6'2 et 190 livres repêché en cinquième ronde (133e) en 2007, qui a déjà neuf points, dont six buts, en 10 matchs à Dartmouth, et qui possède un lancer «à la Sheldon Souray». En plus, il ne déteste pas asséner de bonnes mises en échec. «Son tir, c'est un vrai boulet de canon, mentionne Timmins. Il est surtout caractérisé par son jeu défensif mais on peut l'employer supériorité numérique à cause de son tir justement.»

Le responsable du recrutement du CH semble beaucoup aimer le jeu d'Andrew Conboy, un choix de cinquième ronde en 2007 lui aussi, un colosse de 6'4 qui ne semble avoir peur de personne. Conboy a obtenu seulement trois points en 12 matchs à Michigan State mais il se fait surtout apprécier pour sa robustesse.

«Il peut imposer le respect tout en se débrouillant fort bien comme joueur, dit Timmins. Un club a toujours besoin de ce type de joueur.»

Fait à noter, le choix qui a permis de mettre la main sur Conboy a été acquis des Stars de Dallas dans la transaction qui a envoyé Mike Ribeiro à Dallas. Le Canadien avait cédé Ribeiro et un choix de sixième ronde en retour de Janne Niinimaa et un choix de cinquième ronde.

Trevor Timmins en nomme un troisième, Américain lui aussi, Steve Quailer, choix de troisième ronde (86e) en 2008. Quailer, 6'3 et 185 livres, a amassé 11 points en 16 matchs à Northeastern même s'il en est seulement à sa première saison dans la NCAA. «Il a déjà mérité sa place au sein du deuxième trio de l'équipe et Northeastern forme l'une des meilleures équipes au pays, dit Timmins. Il peut jouer à toutes les positions à l'attaque.»

Un observateur branché du hockey collégial américain et qui n'appartient pas à l'organisation confirme que Quailer montre de belles choses à sa première saison dans la NCAA. «Sa vitesse est phénoménale et il possède une très bonne touche autour du filet adverse. Ses départs sont explosifs. Il est costaud et robuste. L'autre soir, Northeastern a défait les champions en titre Boston College chez eux et Quailer a été l'un des trois meilleurs joueurs sur la patinoire malgré son jeune âge. Mais il joue au sein d'une équipe qui préconise la trappe donc il ne peut exploiter tous ses atouts. Plusieurs dépisteurs de la LNH affirment que le Canadien a réussi un vol en troisième ronde.»

Les recruteurs du Canadien ont souvent réussi à dénicher de beaux talents sur le tard depuis 2003. D'Agostini, Sergei Kostitsyn, Mark Streit, Mikhail Grabovski et Jaroslav Halak en sont de bons exemples.

Voici donc trois nouveaux noms: Stejskal, Conboy et Quailer. Il sera intéressant de suivre leur développement.