Il n'y a pas si longtemps, l'attaquant Erik Cole était ce que les anglophones appellent un «Habs Killer».

Auteur de 13 buts en 20 matchs, Cole a toujours semblé inspiré lorsqu'il affrontait le Tricolore. C'est une bénédiction qu'il joue cette saison à Edmonton; on ne le voit plus aussi souvent! Un petit sondage mené au cours des dernières semaines nous révèle quels sont aujourd'hui les adversaires les plus redoutés dans le camp des Rouges.

Et il ne faut pas se surprendre que des Québécois soient mentionnés: «Ils sont tous crinqués quand ils viennent à Montréal!» dit Maxim Lapierre.

En attaque

«Il y a des matchs où l'on va moins voir Sidney Crosby, par exemple, note Francis Bouillon. Mais Alexander Ovechkin, c'est difficile chaque fois de jouer contre lui.»

La supervedette des Capitals de Washington s'est taillé une belle fiche jusqu'ici en carrière face au Tricolore, accumulant neuf buts et 10 mentions d'aide en 15 rencontres.

«Tu peux réussir à bien le couvrir, mais ce gars-là n'a pas besoin de place pour scorer», observe Lapierre.

«Tu ne sais jamais ce qu'il va faire, car il peut tirer de n'importe où», ajoute Jaroslav Halak.

Mais il n'y a pas que le talent, note Patrice Brisebois. Il y a aussi la passion.

«Son désir de vaincre lui fait donner son maximum à chaque match. S'il y a un match où il ne marque pas, il va quand même distribuer six ou sept mises en échec.»

«Et lorsqu'un attaquant comme lui est capable de jouer 25 minutes par match, soutient l'entraîneur Guy Carbonneau, ça devient difficile de le surveiller. Tu ne peux pas mandater une seule paire de défenseurs contre lui.»

Ovechkin, aussi bon soit-il, ne pourrait former un trio à lui seul. Or, les joueurs ont une bonne idée de l'autre principale menace offensive...

«Vincent Lecavalier est capable d'élever son jeu lorsqu'il affronte le Canadien, particulièrement à Montréal», soulignait Josh Gorges quelques jours avant que son nom ne soit mentionné dans les rumeurs de transaction.

«Lecavalier a l'artillerie complète, poursuit Gorges. Il patine, il fabrique des jeux, il est imposant et fort et il protège bien la rondelle.

«En plus, il remporte ses mises en jeu et il excelle dans les batailles pour la possession de la rondelle.»

L'idée que Lecavalier est meilleur lorsqu'il vient à Montréal a fait son chemin dans le vestiaire du CH.

«Il sort toujours de grands matchs à Montréal, ajoute Tom Kostopoulos. Il doit adorer jouer dans cet environnement...»

«Martin St-Louis et lui ont toujours des ailes lorsqu'ils viennent au Centre Bell», note Steve Bégin.

Ah! Enfin un troisième attaquant dont il est question!

D'autres idées, messieurs?

«Si l'on met de côté les vedettes offensives, je dirais que Mike Fisher est le plus difficile à affronter, car il se montre coriace, présence après présence», mentionne Tomas Plekanec.

Mais puisque aucun autre attaquant ne semble s'imposer dans l'esprit des joueurs, nous compléterons le trio non pas avec Fisher, mais avec son coéquipier Daniel Alfredsson.

Car les statistiques du capitaine des Sénateurs d'Ottawa sont éloquentes face au CH: 26 buts et 88 points en 67 rencontres régulières.

Comme disait Gerry Boulet, ayoye.

En défense

Francis Bouillon se souvient encore des dommages qu'ont causés Tomas Kaberle et Bryan McCabe avec les Maple Leafs de Toronto.

«Ces deux-là formaient tout un duo contre nous, rappelle Bouillon. Kaberle excelle en avantage numérique, même s'il est un peu moins dominant cette saison.»

«Kaberle n'est peut-être pas le meilleur défenseur, mais il récolte toujours des points contre nous», reconnaît Plekanec.

Le défenseur de 30 ans a amassé 12 buts et 29 passes en 52 rencontres face au Canadien. Contre aucune autre équipe de la LNH n'a-t-il inscrit autant de points.

Le choix de l'autre arrière est moins évident.

«Mark Streit a été bon contre nous depuis le début de l'année», suggère Halak.

«Zdeno Chara est tellement dur à contourner, note Bégin. Tu penses que tu l'as eu, mais il s'étire et réussit à te rejoindre avec sa longue portée...»

Très bien, sauf que Chara s'est tenu somme toute assez tranquille lors des 12 victoires consécutives du Canadien face aux Bruins de Boston.

En l'absence d'un candidat indéniable, prenons donc le choix de l'entraîneur.

«Je suis content que Brian Campbell soit rendu dans l'Ouest, soupire Guy Carbonneau. C'est un défenseur offensif qui possède une excellente vision du jeu.

«Contre nous, on dirait qu'il sait tout le temps quand aller appuyer l'attaque et qu'il trouve toujours une façon d'être dans le jeu.»

Devant le filet

«Il faut nommer Martin Brodeur, retient Gorges. Comme dans le cas de Lecavalier, c'est le phénomène des francophones qui s'illustrent contre le Canadien, en sachant que parents et amis regardent le match.»

«On pourrait nommer Brodeur face à n'importe quel club, pas seulement le nôtre!» plaide Bégin.

Sauf que les statistiques de ce dernier contre le Canadien sont aberrantes.

Sa fiche de 34 victoires, dont huit par blanchissage, en 54 décisions est enviable. Mais c'est sa moyenne de buts alloués de 1,80 qui prouve sa domination.

«C'est le gardien le plus constant dans ses performances», note Carbo.

Mais s'il fallait lui trouver un adjoint, Bouillon aurait son candidat.

Encore là, je ne sais pas si c'est l'attrait des Québécois de jouer contre Montréal, mais dès sa deuxième saison à Buffalo, je trouvais que Martin Biron gardait bien les buts contre nous.»

«Biron a tout arrêté en séries éliminatoires», ajoute Brisebois en évoquant la défaite encore douloureuse aux mains des Flyers de Philadelphie le printemps dernier.