On sait tous pourquoi le Canadien perd.

Parce que Carey Price et Jaroslav Halak accordent trop de buts.

Parce que devant eux, Andrei Markov et Mike Komisarek forment maintenant un duo de défenseurs perméables qui peinent à relancer l'attaque.

Parce qu'Alex Kovalev est invisible. Comme l'attaque à cinq, dont il devrait être le pivot.

Parce qu'après avoir dit qu'il jouait comme une fillette l'hiver dernier, Tomas Plekanec récidive cette année en ayant aussi peur de ses adversaires qu'il a peur de son ombre. Sa suspension tombe à point. Elle lui évitera l'affront d'un retrait de la formation. Pour l'instant...

Parce que la qualité du jeu des frères Kostitsyn est inversement proportionnelle à l'intensité qu'ils doivent déployer.

Parce que, parce que et encore parce que...

Après neuf défaites en 11 matchs et sept revers de suite à l'étranger, le simple pourquoi ne suffit plus.

C'est le pourquoi du pourquoi qu'il faut maintenant comprendre.

À cause de Kovalev

Le pourquoi du pourquoi a un nom : Alex Kovalev.

Il y a deux semaines, Georges Laraque assurait que les joueurs du Canadien ne pouvaient l'apostropher dans le vestiaire pour le forcer à jouer à la hauteur de son talent.

«On ne fait pas ça à une vedette», avait plaidé le gros Georges. Ils l'ont pourtant fait après la défaite de lundi à Calgary.

Mais là, on dirait qu'ils ont décidé de jouer à l'image de Kovalev, de façon à ce que ce dernier réalise à quel point son refus de travailler est contagieux et dangereux pour le club.

Alex Kovalev est le meilleur joueur du Canadien. Il devrait l'être...

Un dépisteur professionnel qui assistait au match, mercredi, m'a dit qu'il n'avait pas réalisé sa présence avant qu'il ne soit blessé en milieu de troisième période. Ça en dit long.

Kovalev est un grand sensible. Un rien le perturbe. Et quand il est perturbé, il joue mal. Non! Il ne joue pas du tout.

Parce qu'il est le meilleur, le plus talentueux, les ennuis passent presque tous par lui. Les solutions aussi.

Après avoir tout tenté, ou presque, Guy Carbonneau y va d'un autre essai : une union Kovalev-Koivu. Non seulement aurait-il dû forcer cette union il y a longtemps, mais Carbo devrait l'imposer jusqu'à la date limite des transactions. Il devrait dire à ces deux chiens de faïence : trouvez une façon de sortir de votre torpeur et guidez-nous hors du trou qui commence à être désagréablement profond.

Et si ça ne marche pas? Il faudra que l'un ou l'autre parte. Et peut-être que ceux qui, au sein de l'organisation, en ont soupé des longs passages à vide de Kovalev auront gain de cause et forceront l'état-major à prendre la décision qui s'impose : l'échanger.

Kovalev a gaspillé trop de chances. Il gaspille trop de talent. Et en limitant au minimum l'effort qu'il déploie lorsqu'il saute la patinoire, il est devenu contagieux.

L'épidémie devra avoir été vaincue bien avant le 4 mars, sans quoi le Canadien devra amputer ce grand corps malade pour sauver ce qui restera...

Congédier Carbo?

Échanger Kovalev s'est bien beau. Mais si, au contraire, la décision qui s'impose était plutôt de congédier Guy Carbonneau?

L'idée a germé dans la tête de quelques-uns. Et si le Canadien en perd encore deux de suite ou qu'il s'incline trois autres fois d'ici la fin du voyage, elle se propagera comme du chiendent...

Guy Carbonneau a certainement une part du blâme à assumer. Mais il faudrait vite rappeler à tous ces joueurs qui n'ont rien gagné depuis trop longtemps que les trois derniers coachs qu'ils ont limogés ont tous connu du succès ailleurs: Alain Vigneault a remporté le trophée Jack-Adams à Vancouver, Michel Therrien s'est rendu en finale de la Coupe Stanley le printemps dernier avec Pittsburgh et Claude Julien... Il a gagné au New Jersey. Il est passé à un cheveu de sortir le Canadien des séries en première ronde le printemps dernier avec une moitié d'équipe de hockey. Et cette année, il a propulsé les Bruins dans une autre ligue que celle où évolue le Canadien.

Il est grand temps de retirer nos lunettes roses ou de chercher des grands complots propres aux téléséries et regarder une seconde, ou deux, en direction d'Alex Kovalev.

Car c'est là qu'on va trouver la vraie nature du problème. C'est là aussi qu'on trouvera la solution. Peu importe la forme qu'elle prendra.