L'abbaye d'Oka n'aura pas mis longtemps à se trouver une nouvelle vocation. C'est le collège Harrrington qui occupe depuis un an tous les locaux de l'ancienne hôtellerie, transformés en pensionnat et en salles de classe.

Pourquoi s'établir chez les moines, aussi loin de la grande ville? «Pour éviter les distractions», lance le fondateur du collège, John Keightley. Isolés et encadrés, les jeunes d'Harrington sont soumis à une discipline stricte, qui exclut les bars, les arcades, et bien sûr les filles! Hormis quelques sorties de groupe, tout est centré sur les études et le hockey.

 

«Je m'ennuie des mes amis, de la vie sociale que j'avais chez moi, souligne Wehebe Darge, un Australien de 17 ans. Mais c'est un sacrifice que je voulais faire.»

Ce «sacrifice» peut prendre d'autres formes. Certains doivent apprendre l'anglais en accéléré. D'autres, s'habituer à la nourriture. Au système scolaire. Et puis il y a le mal du pays, inévitable effet de l'éloignement. «Ils sont tous passés par là», souligne Dan D'Astoli, responsable du recrutement.

Ironique: c'est justement pour s'éloigner davantage que les moines trappistes s'apprêtent à quitter Oka. Comment s'est passée l'année de cohabitation entre ces deux groupes diamétralement opposés? «On ne se côtoie pratiquement pas, répond John Keightley. Mais on a quand même organisé une rencontre, pour que les jeunes connaissent mieux leurs voisins. On leur a demandé de faire un travail sur l'abbaye.»

«On ne communique pas vraiment, conclut Wehebe Darge. Mais j'essaie de respecter et de comprendre. Je ne dirais pas que ces types sont bizarres, mais ils sont fascinants...»