Je ne me souviens plus de son nom et je lui offre mes plus plates excuses. Il enseignait le français au cégep de Sainte-Foy il y a plus de 25 ans déjà.

J'étais loin, très loin, d'être un étudiant modèle. Ce prof m'avait donné tout juste la note de passage. J'avais pourtant tenté de l'amadouer en l'assurant que les belles choses apprises dans le cadre de son cours me serviraient un jour...

Samedi, ce jour est arrivé.

En regardant Alex Kovalev souffler des baisers aux partisans qui l'adorent, en le regardant lancer son bâton dans les gradins en sortant de la patinoire et triompher au milieu de ses coéquipiers après un grand match, je me suis souvenu.

Je me suis souvenu des quatre grands principes nécessaires pour composer une oeuvre: la quête, l'épreuve, la mort et la résurrection.

Ces quatre principes composent la saison d'Alex Kovalev.

Meilleur pointeur du Canadien l'an dernier, à sa dernière saison d'un contrat qu'il tient à prolonger encore longtemps, Kovalev était promis à une autre grande saison. Il pouvait même être celui qui offrirait une 25e conquête de la Coupe Stanley au Tricolore dans le cadre de son année du centenaire.

C'était la quête.

Les choses ne se sont pas déroulées comme prévu. Que non! Décevante, sa saison a été marquée de passages à vide. Limité à une passe dans les cinq matchs qui ont précédé le match des Étoiles où il a triomphé, il a ensuite frappé un mur avec un but et six points en 11 parties.

C'était l'épreuve.

La mort a suivi lorsque Bob Gainey l'a retourné à la maison pour qu'il fasse le point sur sa saison. L'Artiste, le héros, le fier gladiateur se faisait dire de rester loin de l'équipe qui pouvait se passer de ses services.

Samedi, on a eu droit à la résurrection. Un but, deux passes, de beaux jeux, de la détermination, de l'acharnement, même.

Le héros renaissait de ses cendres.

Si je me souviens bien du cours, la résurrection arrivait normalement au dernier chapitre pour paver la voie à une fin heureuse.

Avec encore 22 matchs à jouer, la résurrection de Kovalev arrive à l'avant-dernier chapitre.

À lui d'en profiter pour écrire la conclusion et s'assurer que la résurrection de samedi soit le début d'un dénouement heureux et non le commencement de la fin!