Je n'avais encore jamais écrit sur le travail de Guy Carbonneau.

Le Canadien avait terminé premier dans l'Association de l'Est l'an dernier, gagné une ronde, et démarré la saison en lion cette année. Carbo devait donc faire un boulot plus qu'acceptable.

Malgré les victoires, et malgré le profond respect que je voue à cet homme, je n'aimais cependant pas toujours ce que je voyais.

Je me suis contenté de poser des questions; à des gens qui gravitent dans l'entourage de l'équipe, à des entraîneurs ou anciens entraîneurs. Mes questions?

À Calgary, après le meeting important et la journée de quilles, je me serais attendu à ce que Guy Carbonneau entame cette rencontre cruciale avec ses meilleurs joueurs. Pas avec deux recrues aux ailes, Max Pacioretty et Matt D'Agostini. Les Flames ont passé la première minute dans le territoire du Canadien. Le ton était donné.

À Pittsburgh, le 19 février, avec une égalité de 2-2, l'entraîneur du Tricolore a entamé la troisième période avec son troisième duo de défenseurs. Dan Bylsma a répliqué avec Sidney Crosby et Evgeni Malkin et les Penguins ont marqué 19 secondes plus tard et l'ont emporté 5-4.

Un entraîneur méthodique aurait placé deux de ses quatre meilleurs défenseurs sur la glace en début de troisième sachant que l'entraîneur adverse a droit au changement et qu'il compte dans ses rangs Crosby et Malkin.

Ce sont des exemples parmi d'autres.

J'étais dérouté par les nombreux changements de trio effectués par Carbonneau. Un manque de stabilité qui avait de quoi irriter les joueurs.

J'étais parfois dérouté de voir Tom Kostopoulos sur la glace avec deux minutes à faire alors que le Canadien tirait de l'arrière par un but. À Detroit ou à San Jose, par exemple, vous ne verrez jamais un joueur de troisième ou quatrième trio sur la glace avec moins de deux minutes à faire quand le club a besoin d'un but.

J'ai été surpris de retrouver Glen Metropolit sur la glace lors d'une supériorité numérique de deux joueurs en fin de première période à Atlanta, vendredi dernier. Je comprends que l'entraîneur désirait avoir un attaquant droitier sur la patinoire mais envoyer un joueur de quatrième trio réclamé quelques jours plus tôt au ballottage dans une situation aussi critique était étonnante. Metropolit n'était d'ailleurs pas de retour sur la patinoire pour cette supériorité numérique double en début de deuxième.

Ce soir-là, le seul attaquant droitier offensif de l'équipe, Matt D'Agostini, était dans les gradins.

Je trouvais qu'en général, Guy Carbonneau accordait trop de place à ses plombiers. Mais ça, c'était une question de philosophie, pas d'incompétence.

Je n'aimais pas le système de jeu de Guy Carbonneau, qui forçait les attaquants à envoyer la rondelle dans le fond du territoire adverse pour ensuite la pourchasser. Les entrées de zone en possession de rondelle avaient pourtant bien servi le CH l'an dernier, d'autant plus que la majorité des attaquants de l'équipe ont un style qui convient mieux à ce système. Mais là encore, c'était une question de philosophie de la part de l'entraîneur, pas d'incompétence.

Je n'aimais pas Andrei Kostitsyn à gauche alors qu'il est plus à l'aise à droite et Alex Tanguay à droite (en début de saison) alors qu'il est plus à l'aise à gauche. Je n'aimais pas Mathieu Dandenault à l'attaque alors qu'il aurait pu dépanner le club en défense.

Je n'aimais pas entendre l'entraîneur en chef déclarer aux médias qu'il n'avait plus de solutions après une vilaine défaite. Un chef ne doit jamais déclarer qu'il est incapable de régler des situations.

Les problèmes de communication de Guy Carbonneau avec ses joueurs sont connus. Je croyais que cette lacune aurait été corrigée avec le temps. Ça n'a pas été le cas. On ne peut pas dire qu'il était un grand rassembleur.

Tant que le Canadien gagnait, Carbonneau était à l'abri d'une mauvaise nouvelle mais les défaites s'accumulant, et si l'on ajoute le manque de discipline des joueurs sur la glace et à l'extérieur, on peut comprendre Bob Gainey d'avoir bougé.

Ce qui étonnant, c'est cette déclaration du DG, il y a quelques semaines à peine, selon laquelle l'embauche de Carbo avait constitué sa meilleure décision.