«Si je dois apprendre le français, je le ferai rapidement!» Débarqué à Montréal au lendemain du congédiement de Guy Carbonneau et pressenti par plusieurs pour lui succéder, Don Lever se retrouve au centre d'une controverse linguistique.

Le Canadien peut-il se permettre de confier le poste d'entraîneur-chef à un unilingue anglophone?

«Je viens de Timmins - dans le Nord de l'Ontario - une ville qui compte sa part de francophones. Je n'ai jamais suivi de cours de français et je ne peux entretenir une conversation, mais si vous me parlez lentement, je vais comprendre l'essentiel de ce que vous me direz. J'ai surpris des gars à Hamilton qui se disaient des choses en français en croyant que je ne comprenais pas. Ils l'ont appris à leurs dépens», a indiqué Lever, fier de son coup.

Entouré de journalistes au milieu du vestiaire du Canadien, Don Lever a plusieurs fois répété qu'il était à Montréal pour compléter l'équipe d'adjoints dont le mandat est d'appuyer Bob Gainey.

«Je ne pouvais certainement pas refuser pareille occasion», a calmement répondu le nouvel allié de Gainey.

Prêt pour la grande ligue

Mais dès qu'il était question du poste d'entraîneur-chef, Lever ne pouvait cacher sa fébrilité.

«Ce serait un rêve pour moi de diriger une équipe dans la Ligue nationale», a-t-il convenu d'emblée.

Serait-il prêt à assumer une telle fonction? «Je me sentais prêt il y a 20 ans!»

Âgé de 56 ans, Don Lever dirigeait les Bulldogs de Hamilton depuis le rapatriement à Montréal, il y a trois ans, de Doug Jarvis pour épauler Guy Carbonneau.

Il a mené le club-école du Canadien à la coupe Calder il y a deux ans et a perdu en finale avec les Americans de Rochester en 1991.

Adjoint dans la LNH pendant 14 saisons à Buffalo et St. Louis, il connu une carrière de 18 ans à titre de joueur - il a marqué 313 buts et récolté 680 points à Vancouver, Atlanta, Calgary, Colorado, New Jersey et Buffalo.

Lorsqu'on lui a fait remarquer que son cheminement ressemblait à celui de Bruce Boudreau, qui a pris les rênes des Capitals de Washington l'an dernier après avoir passé plus de 20 ans dans les ligues mineures, Lever a encore souri.

«J'adorerais avoir la chance de suivre le même parcours», a convenu Lever, qui en a surpris plusieurs lorsqu'on lui a demandé si ses liens avec le Canadien lui donnaient un avantage sur tous les autres candidats potentiels. «C'est sûr que j'ai une longueur d'avance. Mais il y a certainement 100 hommes de hockey qui aimeraient avoir la chance de diriger cette équipe. Pour le moment, je suis ici pour appuyer Bob dans un rôle d'adjoint et c'est à cela que je consacrerai toutes mes énergies. On parlera du reste après la saison.»

Gainey agacé

Une fois Lever soustrait du barrage de questions reliées à son statut de candidat au poste d'entraîneur-chef, c'est Bob Gainey qui a dû affronter les médias.

Comme l'avait fait le président Pierre Boivin mardi, Gainey a reconnu que la question du bilinguisme était primordiale.

«C'est la raison pour laquelle Guy (Carbonneau) était un si bon candidat lorsque je l'ai choisi. Nous ferons les recherches nécessaires en temps et lieu mais, pour le moment, nous avons une saison à terminer», a indiqué Gainey.

Après avoir répondu à quelques autres questions au aujet du prochain entraîneur-chef, Gainey a tranché le débat: «Pour l'instant, je suis là et vous pouvez m'interroger dans les deux langues. Parlons du match de demain.»

Un enseignant qui va droit au but

Don Lever a été décrit par les jeunes joueurs du Canadien comme un très bon enseignant et surtout comme un gars qui sait faire passer ses messages.

«Ce n'est pas toujours plaisant à entendre, mais tu as toujours l'heure juste avec lui. Cela dit, il n'est pas rancunier. Quand il te demande au début d'un match si tu es malade ou si tu ne fais que te traîner les pieds, tu saisis vite ce qu'il veut dire. Mais en deuxième période, il peut te revenir avec une tape dans le dos en te disant que tu donnes exactement ce qu'il attend», a expliqué Maxim Lapierre.

Ce sont d'ailleurs ces qualités qui lui ont ouvert la porte du vestiaire du Canadien et qui l'ont conduit derrière le banc dès la troisième période du match de mardi.

«Il faut donner le temps aux jeunes d'apprendre, mais il faut aussi les guider. Je crois que c'est une de mes qualités. Mais, à Montréal, il semble que les erreurs aient plus d'ampleur que n'importe où ailleurs», a conclu Lever.