Les recruteurs des Penguins de Pittsburgh doivent sourire lorsqu'ils assistent aux matchs de l'Océanic de Rimouski.

Leur choix de deuxième ronde en 2007, l'attaquant Keven Veilleux, en a mis plein la vue en fin de saison dans la Ligue junior majeure du Québec alors qu'on ne l'espérait plus.

Veilleux devait subir en janvier une intervention chirurgicale à une épaule qui aurait mis fin à sa saison. Mais, voyant qu'il guérissait bien, il a opté pour un retour au jeu une semaine avant la date fatidique.

Une décision heureuse jusqu'ici. Son épaule ne le fait pas souffrir, il a amassé un étonnant total de 28 points en seulement 12 matchs et l'Océanic a terminé la saison régulière en remportant 20 de ses 21 dernières rencontres!

«La décision n'a pas été facile à prendre, confie au bout du fil Veilleux, un colosse de 6 pieds 5 pouces et 214 livres. L'opération semblait la meilleure option. Mais après les Fêtes, je commençais vraiment à me sentir mieux et je voyais que l'équipe gagnait régulièrement. J'avais vraiment envie de jouer. Ma plus grande crainte, c'était la réaction des Penguins parce que si je me blessais encore, j'aurais été obligé de me faire opérer et je n'aurais pas pu être remis à temps pour le camp l'an prochain. Mais les Penguins m'ont appuyé là-dedans.»

La décision n'a pas été prise au hasard. Son agent, Christian Daigle, a consulté une pléiade de spécialistes de la santé. Il a aussi été en communication étroite avec les dirigeants des Penguins et de l'Océanic. À l'aube de trancher, il a même fait le saut à Rimouski pour s'assurer que l'Océanic avait un club pour aspirer au championnat (ce qui ne semblait pas le cas en première moitié de saison), de façon à ce que le retour au jeu de Keven Veilleux en vaille la peine.

«Ils venaient d'obtenir l'attaquant Logan McMillan et les défenseurs Marc-André Bourdon et Maxime Ouimet et ils gagnaient régulièrement, d'expliquer Daigle. C'est l'année de la Coupe Memorial à Rimouski et surtout, Keven voulait vraiment revenir. Ils ont du talent et ils sont costauds. À l'attaque, il y a un seul joueur de moins de six pieds parmi les trois premiers trios et c'est Olivier Fortier (un autre membre de ses protégés, membre de l'organisation du Canadien).»

Le DG de L'Océanic, Yannick Dumais, a eu une belle surprise lorsqu'on lui a annoncé la décision du clan Veilleux. «Je m'étais organisé en pensant qu'il ne revenait pas. On savait qu'on avait perdu un gros morceau. Lorsqu'on a fait son acquisition l'an dernier, c'était pour notre fin de saison l'an dernier mais aussi pour qu'il soit dominant à 19 ans dans notre Ligue cette année.»

Dumais a retrouvé un joueur transformé à son retour au jeu, après une pause de plusieurs mois. Veilleux, dont le talent n'a jamais fait de doute, n'était pas le travailleur le plus acharné, au point de faire dire à plusieurs qu'il aurait de la difficulté à percer dans la LNH.

«La plus grande amélioration que j'ai remarquée, c'est sa maturité, note Dumais. Il s'est rendu compte que le hockey lui manquait beaucoup. Ça l'aide maintenant dans sa préparation de match. Il faut dire aussi qu'il est bien entouré avec nos entraîneurs Clément Jodoin, Donald Dufresne et Nicolas Chabot. Un joueur ne peut pas réussir en se fiant uniquement à son talent. Quand les Penguins vont le retrouver au camp d'entraînement, ils vont voir un joueur plus mature qui va percer plus rapidement.»

Keven Veilleux admet que cette malencontreuse blessure sera peut-être profitable en bout de ligne. «Quand tu passes trois mois chez toi, que tu vois tes chums jouer et gagner, tu réalises des choses. Il n'était pas question de me traîner les pieds quand j'allais revenir. Les résultats sont là. Je vais en sortir grandi.»

Veilleux joue au centre d'Olivier Fortier et de Philippe Cornet depuis son retour, alors qu'il était à l'aile en début de saison. «Je suis plus à l'aise au centre. Je suis constamment en mouvement et j'ai la rondelle plus souvent. C'est sûr que ça va être dur de percer au centre avec les Penguins. Je peux jouer à l'aile aussi...»

L'Océanic aura de la compétition en séries éliminatoires, même s'ils sont assurés d'une participation à la Coupe Memorial à titre de ville hôtesse. Drummondville, Shawinigan, Moncton et leur gardien Nicola Riopel, Québec et Cap Breton ont tous connus de brillantes saisons.

Mais d'abord, en première ronde, ils devront vaincre les Saguenéens de Chicoutimi, qu'ils rencontrent à compter de demain. «Ils ont amassé 29 points de moins que nous mais c'est un club qui nous donne toujours du fil à retordre, mentionne Yannick Dumais. Les équipes de Richard Martel ont toujours une très bonne éthique de travail et ne lâchent jamais. Ça sera à nous d'être prêts.»

Rimouski devra continuer à compter sur leurs leaders. «C'est un travail d'équipe, mais notre gardien Maxime Gougeon s'est levé comme un véritable numéro un cette saison, le défenseur Sébastien Piché a connu une grosse saison offensive, Maxime Ouimet est moins explosif à l'attaque mais il a stabilisé notre défensive, Jordan Caron a marqué presque 40 buts à 18 ans et le retour d'Olivier Fortier et de Keven Veilleux a permis à tout le monde de retrouver sa chaise.»

On pourrait aussi parler de l'apport de Philippe Cornet et Patrice Cormier. Clément Jodoin célébrera-t-il un autre championnat dans quelques semaines?