La ville est-elle trop hockey?

Tous les joueurs du Canadien interrogés jeudi sur l'environnement dans lequel ils évoluent ont parlé d'un contexte «difficile».

Les médias sont omniprésents et les amateurs, obnubilés par leur équipe de hockey, ont élevé le Tricolore au rang de religion.

Jusqu'à quels points ces éléments sont-ils venus nuire à l'équipe?

Au moment de faire le bilan de la dernière saison, la question ne pouvait plus être évitée.

«Il y a pas mal plus de potinage que par les années passées», a noté Saku Koivu, un vétéran qui est loin de faire l'unanimité dans le vestiaire.

«Mais ce ne sont pas les journalistes que l'on voit chaque jour dans le vestiaire qui créent de la controverse.

«Ce sont les individus qui animent des émissions et qu'on ne voit jamais dans l'entourage de l'équipe.

«Ce qui se dit dans ces émissions-là, les gens le prennent pour la pure vérité.»

«Il y a un côté vie privée où les médias sont allés un peu loin, a ajouté Guillaume Latendresse.

«Que les médias n'aiment pas ton jeu, c'est une chose. Mais les rumeurs et les choses qui sortent finissent par jouer dans ta tête.»

Il faut dire que les joueurs ont eux-mêmes alimenté la controverse.

Des photos de party aux fréquentations des frères K., en passant par le repos forcé d'Alex Kovalev, les frasques du Tricolore ont fourni beaucoup de matière à discussion.

«On a vécu trois saisons de Lance et compte en une seule année, a imagé Latendresse. Il n'y a pas eu une semaine où l'équipe n'a pas donné de quoi parler aux médias.

«Plusieurs joueurs sont fatigués mentalement. D'une journée à l'autre, on se rendait à l'aréna avec le cerveau qui roulait toujours et qui se demandait ce qui allait bien se passer.

«Après tout ce qui s'est passé cette année, les jeunes de l'équipe vont comprendre ce que c'est que de jouer ici.»

Le mot se passe

On a tendance à croire que les histoires de moeurs ont monopolisé les discussions cette année.

Mais Alex Tanguay vous dira autre chose. Tout dernièrement, il a vu un ex-entraîneur mettre en doute la légitimité de sa blessure à l'épaule en raison de ses préoccupations contractuelles.

Tanguay était furieux d'entendre de telles allégations.

«Je savais à quoi m'en tenir avec les médias de Montréal, a-t-il indiqué. Tant qu'on ne verse pas dans la spéculation et qu'on s'en tient aux faits, je n'ai pas de problème...»

Même les confrères de Toronto ont constaté au cours des derniers jours que couvrir les Maple Leafs n'avait rien d'un roman savon à côté des activités du CH.

Selon Mathieu Dandenault, le mot se passe dans la LNH.

«Je parle à d'autres joueurs de la ligue qui disent à propos de Montréal: 'Ah! je ne sais pas, vu de l'extérieur ça a l'air épeurant... Est-ce que tout ce trouble-là en vaut la peine?'

«Moi je pense que oui. Mais je sais que ça peut en effrayer quelques-uns.»

Ceux qui, comme Dandenault, portent l'uniforme depuis quelques années disent passer constamment du meilleur au pire.

«Il y a des soirs où tu aimerais mieux être à Columbus et d'autres où tu es heureux d'être à Montréal», a admis Latendresse.

Le mot final à Bob Gainey, qui juge disproportionnée toute cette question autour de l'attention portée au Canadien.

«L'an passé, Montréal était la meilleure place où jouer et cette année, ça a changé, a expliqué Gainey. Mais la vérité se situe quelque part entre les deux.

«Les gens ici adorent le sport et c'est très positif. Mais cette passion peut aussi être destructrice.»