Amer, Guy Carbonneau? Non, pas vraiment. Déçu, alors? Oui. Déçu de constater que le Canadien, son Canadien, ne joue plus au hockey cette saison.

En entrevue téléphonique avec La Presse, lundi, l'ancien entraîneur du CH a confié qu'il n'a pas passé beaucoup de temps à regarder les matchs de la formation montréalaise à la télé en séries. Ce qui ne l'a pas empêché de ressentir un brin de tristesse quand le club est tombé en quatre parties face aux Bruins de Boston, la semaine dernière.

«Est-ce que j'ai regardé les matchs du Canadien en séries? Pas beaucoup, a répondu Carbonneau lundi. J'ai regardé deux ou trois minutes ici et là, un peu des autres matchs des séries aussi. Mais j'ai surtout essayé de faire autre chose. Aller au cinéma, par exemple. Je n'ai pas voulu forcer la note avec le hockey. Pour moi, c'est important de m'éloigner un peu, de faire le vide...»

Congédié par Bob Gainey début mars, Guy Carbonneau s'est fait plutôt discret au cours des dernières semaines. Mis à part sa présence remarquée au gala Artis dimanche soir - «J'ai trouvé que la réaction des gens était extraordinaire et réconfortante», a-t-il dit -, l'ancien entraîneur du CH n'a pas cherché à faire parler de lui... mais a fini par faire parler de lui malgré tout.

C'est que les partisans ne l'ont pas oublié. Ils n'ont surtout pas oublié ce congédiement-surprise survenu en fin de saison, au point de scander son nom au Centre Bell alors que le Canadien en était à son dernier soupir face aux Bruins.

Bien sûr, Guy Carbonneau est au courant. «Oui, j'ai entendu parler des partisans qui criaient mon nom au Centre Bell... C'est réconfortant, c'est plaisant de savoir ça. Mais j'ai été déçu quand le Canadien a été éliminé. C'est toujours décevant de voir ça. J'ai fait partie de cette famille-là pendant des années, je suis un Canadien dans l'âme... Une élimination rapide comme ça, ce n'est pas plaisant, ni pour la ville, ni pour les partisans.»

Et comment expliquer cette élimination rapide, au juste ? «Ça n'a pas fonctionné cette année, mais ce n'est pas à moi de dire ce qui s'est passé», s'est-il limité à répondre.

À la suite de son congédiement, Guy Carbonneau a dû encaisser quelques critiques de la part de ses anciens soldats. Parmi ceux qui lui ont adressé des reproches, il y a Alex Kovalev, qui a déclaré que les joueurs avaient trop souvent du mal à comprendre les décisions de leur entraîneur.

Malgré tout, le principal intéressé n'a aucun regret. «Est-ce que j'aurais fait quelque chose de différent? Pas quand j'étais là. J'ai commis des erreurs au début. Mais je ne pense en avoir commis une quand j'ai dit publiquement que j'étais à court de réponses. Ça, c'était plus de la frustration, parce que je devais répondre aux mêmes questions des journalistes trois fois par jour. Ce que je voulais dire, c'est qu'à ce moment-là, je n'avais plus rien de neuf à dire.»

Quant aux rumeurs sur l'identité véritable du responsable de son congédiement, Carbo jure qu'il ne pense pas à ça. «Je ne veux pas embarquer là-dedans. Je ne sais pas ce qui est arrivé, je vais peut-être chercher à le savoir un jour, mais pas maintenant. Pour le moment, je veux seulement faire le vide.»

Mais ce n'est pas si facile de faire le vide. Pas quand on s'appelle Guy Carbonneau. Pas quand l'histoire de cette fin abrupte continue d'alimenter les discussions dans cette ville folle de hockey. Pas quand les moindres déclarations sont analysées pendant des jours.

Pas quand on sait que la vérité va finir par sortir un jour... Au bout du fil, Guy Carbonneau pouffe de rire. «J'ai dit ça juste de même. Je ne m'attendais pas à ce que ça provoque une aussi grosse réaction... Je ne pensais pas à quelque chose de précis quand j'ai dit ça. C'est juste que tout finit toujours par se savoir. Disons que ça a fait boule de neige...»

S'il n'en tient qu'à lui, Carbo ne restera pas à la maison bien longtemps. Son but : se dénicher un job d'entraîneur dans la LNH en vue de la prochaine saison. Déjà, certaines rumeurs l'envoient derrière le banc du Wild du Minnesota.

Pour l'instant, la destination finale importe peu. Tout ce qu'il veut, c'est une autre chance.

«Ce n'est pas moi qui vais choisir où je vais aller, a-t-il conclu. On verra. Mais je pense que j'aimerais être de retour derrière un banc la saison prochaine, j'aimerais me remettre à faire le travail que je faisais avec le Canadien. J'ai aimé mon expérience comme entraîneur, et je veux continuer.»