Un dénouement semble imminent dans le roman-feuilleton de la vente du Canadien.

Selon des informations obtenues vendredi de source bien informée, les tractations entre la famille Gillett et les acheteurs potentiels en sont à la phase «des ultimes marchandages». «C'est en ce moment que ça se passe. On en est dans les derniers échanges, comme dans toute négociation du genre. On est dans les derniers soubresauts de la fin, dans la dernière ligne droite», a assuré à La Presse une source proche du dossier.

Dans son numéro à paraître lundi, le SportsBusiness Journal (SBJ), une publication américaine spécialisée, rapporte de son côté qu'un accord de vente du Canadien et du Centre Bell, pour un montant de 506 à 537 millions $ US (574 à 610 millions $ CAN), pourrait être annoncé dès le week-end prochain.

L'intention de George Gillett serait de compléter la transaction avant le repêchage de la Ligue nationale, qui a lieu le vendredi 26 à Montréal. La séance de sélection sera précédée mercredi d'une réunion du conseil des gouverneurs de la Ligue.

Il n'a pas été possible de savoir lesquels des acheteurs potentiels sont toujours dans la course, mais une de mes sources et une autre de mon collègue William Leclerc, de notre bureau d'Ottawa, affirment que la famille Molson est toujours dans le coup. Outre les Molson, un consortium formé de Quebecor Media, des Productions Feeling de René Angélil et du Fonds de solidarité de la FTQ a annoncé publiquement qu'il avait déposé une offre, la semaine dernière. L'homme d'affaires montréalais Stephen Bronfman est également sur les rangs et des groupes américains se seraient aussi montrés intéressés.

Si la somme avancée par le SBJ est conforme à la réalité, elle établirait un nouveau record pour une transaction concernant une équipe de la LNH. George Gillett réussirait un spectaculaire retour sur l'investissement qu'il a fait en achetant le Canadien, son amphithéâtre et la division spectacles de Molson pour 275 millions $ CAN, en 2001. Jusqu'ici, les estimations les plus optimistes faisaient plutôt était d'une valeur globale d'un demi-milliard de dollars canadiens.

Il semble cependant évident que Gillett n'empochera pas tout cet argent, car le Canadien et le Centre Bell traînent une lourde dette qui devrait normalement être assumée par l'acheteur. Le mois dernier, La Presse Affaires rapportait que cette dette se chiffrait à 250 millions, dont une hypothèque de 200 millions liée au Centre Bell.

Quoi qu'il en soit, et même si une source citée par le SBJ n'écarte pas la possibilité que Gillett, 70 ans, ne vende qu'une part minoritaire de ses actifs montréalais, la fin du règne de l'homme d'affaires américain semble plus que probable. Avec plusieurs acheteurs potentiels dans le coup, le marché est idéal pour un vendeur - a fortiori pour un vendeur qui affirme, comme l'a fait M. Gillett, qu'il a l'intention de laisser ses finances en ordres à ses fils.

En effet, rien ne garantit que Gillett trouvera autant d'intéressés s'il décide de conserver le Canadien, le Groupe spectacles Gillett et le Centre Bell encore quelques années. De plus, grâce au remarquable travail de mise en marché fait par son groupe au cours des huit dernières années, la valeur de ses propriétés n'est probablement pas loin de son sommet: tous les matchs du Canadien sont déjà disputés à guichets fermés et les spectacles se succèdent à un rythme fou. Difficile de faire mieux.

Finalement, la froide réalité financière pourrait le forcer à se départir d'une équipe pour laquelle son affection et son enthousiasme n'ont jamais été mis en doute. Un prêt de 655 millions $ consenti par la Royal Bank of Scotland à Gillett et à son partenaire Tom Hicks pour l'acquisition du club de football de Liverpool est exigible à la fin juillet. L'horloge tourne.