La prochaine fois qu'on va lui demander de jouer malgré une blessure, Francis Bouillon va probablement y penser à deux fois.

Toujours sans contrat à un mois de l'ouverture des camps d'entraînement de la LNH, Bouillon attend patiemment de se trouver un nouveau maillot depuis le 1er juillet. La bonne nouvelle pour lui, c'est que l'attente est presque terminée; selon les informations obtenues par La Presse, le vétéran défenseur devrait signer un contrat d'une saison avec une équipe de l'Association de l'Est cette semaine.

Malgré cela, les dernières semaines auront été un peu longues pour Bouillon, qui aurait sans doute pu trouver preneur plus rapidement s'il n'avait pas précipité son retour au jeu avec le Canadien au mois d'avril, lors de la série face aux Bruins.

«Je suis revenu au jeu dans les séries contre Boston alors que je n'étais pas à 100%, et ce fut une erreur monumentale, a-t-il déclaré lors d'un entretien téléphonique, hier. Je n'ai vraiment pas pensé à mon affaire en acceptant de revenir au jeu comme ça. Je savais que j'allais être joueur autonome le 1er juillet, j'étais sans contrat, et j'ai accepté de jouer blessé quand même. Disons que j'y suis allé plus avec mon coeur qu'avec ma tête.»

La mauvaise décision en question remonte au deuxième match de la série contre Boston, le 18 avril. Bouillon, qui était à l'écart du jeu depuis deux mois en raison de blessures à l'abdomen et à l'aine, a reçu un appel de Bob Gainey le jour du match. Le DG du Canadien lui a demandé de prendre part à l'échauffement d'avant-match, juste pour voir... Bouillon a accepté, et accepté aussi de participer au match ce soir-là.

Mais l'expérience a été de courte durée. Après seulement quatre présences sur la patinoire, Bouillon a réalisé qu'il venait d'aggraver sa blessure. C'était la fin de sa saison.

«Une grosse déception»

Quelques semaines plus tard, Bob Gainey lui a appris qu'il ne lui offrirait pas de nouveau contrat pour 2009-10.

«Je peux dire que ç'a été une grosse déception quand Bob Gainey m'a dit ça, a ajouté Bouillon. Si c'était à refaire, je penserais de manière différente. J'aurais dû en parler avec mon agent avant d'aller jouer un match blessé comme ça... Je m'attendais quand même à ce que le Canadien me fasse une offre après le 1er juillet. Mais non. Je n'ai pas eu de nouvelles du Canadien, et ça aussi, ç'a été une grosse déception.»

Bouillon s'est donc retrouvé sur le marché des joueurs autonomes avec l'étiquette du joueur blessé qui n'a pas été capable de conclure la dernière saison. Évidemment, les employeurs potentiels n'ont pas été nombreux à cogner à sa porte cet été. Les deux équipes de la Floride - le Lightning et les Panthers - ont démontré un brin d'intérêt en juillet, mais sans plus.

Bob Gainey, lui, ne s'est plus jamais manifesté.

«Quand j'entends dire qu'il y a des Québécois qui ne veulent pas venir jouer pour le Canadien, je peux vous dire que moi, c'était exactement le contraire, a-t-il poursuivi. J'étais fier de porter ce chandail-là, et j'aurais aimé faire comme les anciens joueurs, ceux qui ont passé leur carrière au complet avec le Canadien. Je me voyais comme ces anciens-là, jouer ici pendant toute ma carrière et peut-être obtenir un emploi comme ambassadeur du club par la suite. Alors, c'est sûr que je suis très déçu. Mais c'est comme ça que ça fonctionne dans le hockey d'aujourd'hui.»

Tout compte fait, le retour au jeu trop hâtif de Bouillon en séries va lui coûter assez cher. Le joueur de 33 ans, qui a touché 1,8 million la saison dernière, devra se contenter d'un salaire d'un peu plus d'un million la saison prochaine, selon ce qu'il a été permis d'apprendre hier.

Bouillon, qui se dit remis de ses blessures, souhaite maintenant pouvoir reprendre le collier le plus vite possible. «Je savais que le marché des joueurs autonomes allait être plus tranquille cet été, a-t-il conclu. Je m'y attendais. Mais je dois aussi dire que je commence un peu à m'impatienter...»