Le Canadien devait-il vraiment faire le grand ménage de son alignement? Guy Carbonneau a des doutes.

En entrevue téléphonique avec La Presse, hier, l'ancien entraîneur du Canadien, qui se remet avec succès d'une opération aux hanches, s'est dit surpris des changements apportés à la formation tricolore depuis le début de l'été.

«J'aurais aimé qu'ils gardent certains joueurs, a commencé par dire Carbonneau. Est-ce que le Canadien a pris les bonnes décisions? C'est dur à dire pour le moment. Je pense que le but, c'était de changer l'atmosphère du club, et c'est ce qui a été fait.»

Pour Carbonneau, c'est surtout le départ du défenseur Mike Komisarek qui demeure source d'étonnement. Après six saisons dans l'organisation montréalaise, Komisarek a finalement signé une entente de cinq ans avec les Maple Leafs de Toronto lors de l'ouverture du marché des joueurs autonome, en juillet.

Selon Carbonneau, il s'agit là d'une très grosse perte pour le Canadien. «Mike Komisarek, pour moi, c'est un naturel. C'est le genre de joueur que tu recherches toujours au repêchage, c'est le genre de joueur qui se présente chaque soir. Je le voyais vraiment comme un leader dans ce club-là. Il aurait pu avoir le CH tatoué sur le coeur pendant longtemps... C'est étonnant qu'il ne soit plus là.

«En ce qui concerne Saku (Koivu), je pense qu'il était peut-être un peu tanné. À Montréal, il était dans une situation ou rien de moins qu'une Coupe Stanley allait faire l'affaire. Il ne pouvait pas sortir gagnant d'une telle situation. On le critiquait souvent injustement.»

Selon Carbo, le plus grand défi de l'entraîneur Jacques Martin sera d'implanter un esprit de corps chez le Canadien. Le plus vite possible, bien entendu.

«Quant tu arrives avec une équipe où il y a autant de nouveaux joueurs, il faut que le courant passe en partant... C'est ça qui est le plus difficile, et c'est le grand défi de Jacques Martin. Son camp d'entraînement va être important, parce qu'il va devoir s'assurer que tout le monde pousse dans la même direction.»

Pas de retour derrière le banc... pour l'instant

Carbonneau, qui avait déjà exprimé le souhait d'être de retour derrière un banc de la LNH cet automne, devra maintenant revoir ses plans. L'ancien capitaine du CH se remet tout juste d'une opération aux hanches, qui va le forcer au repos pour les trois prochains mois.

«L'opération, je n'avais plus le choix, explique-t-il. Ça faisait trois ans que je remettais ça. Avec le Canadien, en dernier, je n'étais même plus capable de patiner parce que ça faisait trop mal. J'avais du mal à dormir, j'avais du mal à marcher. Mais l'opération a été un succès, je vais marcher avec des béquilles ou une marchette pendant un mois. Dans six mois, je serai complètement rétabli. Je vais être comme un jeune de 20 ans!»

Évidemment, Carbonneau ne sera pas de retour comme entraîneur au moment de l'ouverture de la nouvelle saison, en octobre. Mais ensuite?

«On verra comment ça va aller. Il va peut-être y avoir des ouvertures en novembre, décembre ou janvier. Je n'ai pas reçu d'offre depuis que je ne suis plus avec le Canadien, et c'est sûr que c'est décevant, mais en même temps, je ne suis pas le seul. Des gars comme Michel Therrien ou Bob Hartley sont toujours sans travail eux aussi... On dirait que ces temps-ci, les équipes embauchent des entraîneurs qui proviennent de leur propre organisation.»

Même s'il se dit prêt à passer à autre chose, même s'il affirme qu'il pourrait passer plus de temps dans le monde du hockey junior, Guy Carbonneau l'admet malgré tout: il espère qu'un jour ou l'autre, il pourra retrouver une place derrière un banc de la LNH.

«Le poste d'entraîneur, c'est un poste que j'adore... C'est sûr que je vais aller voir des matchs de la LNH cet automne et que je vais me mettre à parler à du monde du milieu. On verra ce que ça va donner, mais je sais que je vais vouloir tenter ma chance une autre fois.»