À n'en point douter, la question des joueurs québécois au sein du Canadien est un sujet plutôt délicat... surtout quand on aborde ladite question avec un membre de la direction du Canadien!

Cette épineuse question a refait surface lors du tournoi de golf annuel de l'équipe, hier, à Laval-sur-le-Lac. Au grand désespoir de Pierre Boivin. Le président du Canadien en a assez d'entendre dire que l'équipe n'est pas assez québécoise au goût de certains.

«C'est un sujet à coeur et c'est normal, a commencé par dire M. Boivin. Vous savez, il faut réaliser qu'il y a des cycles dans le sport. Ce n'est pas un souhait qu'il y ait trois joueurs québécois avec nous cette année, comme ce n'était pas un souhait qu'il y en ait huit l'année dernière.

«Mais ce n'est pas comme aller à l'épicerie; on ne descend pas dans une allée pour décider qu'on achète tel ou tel produit qui se retrouve dans le panier quand on arrive à la maison. Ce n'est pas comme ça que ça fonctionne.»

En fait, Pierre Boivin en a surtout contre ceux qui laissent entendre que le Canadien ne se soucie pas du fait français dans son vestiaire. C'est précisément en abordant cette question que le président a haussé le ton.

«J'ai en marre qu'on se fasse accuser de faussetés comme ça, a-t-il tonné. Écoutez, il y a 43 joueurs québécois qui ont disputé au moins une moitié de saison dans la LNH la saison dernière, et huit de ces joueurs-là étaient avec nous, donc autour de 20%. Et on dit que ce n'est pas assez? Tous nos efforts pour aller chercher des joueurs québécois n'ont pas toujours porté fruit... mais ça ne veut pas dire qu'on n'a pas essayé.»

Et ces gens qui affirment que le Canadien ne repêche jamais assez de joueurs de chez nous?

«C'est aussi un mensonge de dire qu'on ne repêche pas de joueurs québécois, a-t-il ajouté. On a quand même repêché Louis Leblanc. De dire qu'on n'a pas cette sensibilité-là, c'est un mensonge. Faites vos devoirs, vous allez voir que personne d'autre n'a repêché autant de joueurs québécois que nous.»

Leblanc était le premier Québécois repêché par le Canadien en première ronde sous la présidence de Pierre Boivin, qui s'est joint à l'équipe en 1999.

À la défense de Gainey

Le président du club en a aussi profité pour voler à la défense du DG Bob Gainey, que l'on accuse aussi parfois de préférer les patineurs d'ailleurs.

«Depuis que Bob est en place, on a fait des efforts. On dit qu'on n'a pas de dépisteur au Québec, alors qu'on en a deux. Et puis, qui d'autre que nous a un DG qui parle français? Qui a des propriétaires qui parlent français? Qui s'occupe de développer des entraîneurs francophones si ce n'est pas le Canadien de Montréal?»

Pierre Boivin a conclu cette envolée spectaculaire par un message assez limpide: «Arrêtez de dire qu'on n'est pas sensibles au phénomène francophone...»

De son côté, Geoffrey Molson, le nouveau commandité du Canadien, a clairement fait savoir que l'objectif du Canadien était assez simple: envoyer les meilleurs joueurs possibles sur la glace. Point.

«Je suis convaincu que Bob Gainey fait tout ce qu'il peut pour avoir la meilleure équipe sur la glace, a indiqué M. Molson. Le hockey est un sport de plus en plus international... J'appuie Bob dans son mandat, qui est de bâtir la meilleure équipe possible.»