Décidément, le camp d'entraînement du Canadien commence à ressembler aux auditions de Loft Story. N'est-ce pas un peu ce que Jacques Martin nous a laissé entendre hier? En gros, l'entraîneur a dit ceci : nous allons faire ce camp d'entraînement, et à la fin, on va nommer notre capitaine.

Voilà, la compétition est ouverte.

Les leaders ont maintenant quelques semaines pour présenter leur candidature, se lever et y aller de discours enflammés dans le vestiaire. Ensuite, Bob Gainey et Jacques Martin prendront leur décision. Peut-être que le public pourrait y aller de ses suggestions par téléphone, moyennant des frais de 50 cents par appel? C'est une idée juste comme ça.

C'est à peu près tout ce qu'on a pu savoir sur l'épineux dossier du prochain capitaine, hier midi à Brossard. Andrei Markov, celui qui aurait été abordé par la direction pour assumer ce rôle d'importance, a juré que personne, mais personne, ne lui avait encore proposé de porter le fameux C sur son maillot.

En fait, le défenseur russe semblait même un peu confus quand on l'a interrogé sur le sujet.

«Moi, capitaine? C'est la première fois que j'entends ça, a-t-il marmonné. Peut-être que vous (les médias) cherchez à en rajouter... Peu importe, ce n'est pas ma décision, c'est celle du coach.

- Oui, mais Andrei, capitaine du Canadien de Montréal, ça te tente?

- Je n'ai pas de réponse à ça pour le moment. Je ne sais pas. C'est une responsabilité importante, ce n'est pas facile d'être le capitaine du Canadien. J'essaie seulement de faire mon travail. Je suis plus du genre à être tranquille dans le vestiaire. Hors de la patinoire, j'essaie juste de me concentrer sur mon travail...

Vous aurez compris que Markov n'a pas sauté de joie en entendant cette rumeur. Remarquez, cela n'aurait pas été son style de toute façon. Est-ce que le sibyllin défenseur nous cache des choses? Je ne sais pas, mais je sais que c'est sa photo format géant qui orne l'angle sud du Centre Bell, rue Saint-Antoine. Ce n'est sans doute pas un hasard...

En attendant que l'heureux élu soit couronné de façon officielle, cette histoire de club sans capitaine nous en dit long sur l'absence d'un leader de premier plan chez le Canadien.

Que la direction se sente obligée d'attendre avant de trancher la question, que la direction hésite depuis le départ de Koivu, voilà qui vient nous rappeler combien il manque de véritables rassembleurs dans ce vestiaire.

C'était d'ailleurs un problème important la saison dernière. Dans le camp tricolore, personne n'avait été en mesure de se lever, de remettre les indésirables à leur place. Avec les résultats que l'on connaît.

Mike Cammalleri semble de cette race de leaders exemplaires, dont l'intensité force les autres à en donner un peu plus. Mais Cammalleri vient à peine d'arriver. Même chose pour Scott Gomez.

Ceci dit, peut-être que notre concept du capitaine parfait est dépassé. Quand on pense au capitaine parfait, on s'imagine un type charismatique, respecté, qui renverse des tables de Gatorade dans le vestiaire et qui cite Churchill à tour de bras.

Mais la réalité est parfois tout autre.

«Il y a différents types de capitaines, m'a fait remarquer Maxim Lapierre après l'entraînement d'hier. Il y a des capitaines qui sont plus silencieux. Il y a des capitaines qui n'ont pas besoin de parler, parce que c'est leur jeu qui parle pour eux...»

C'était comme ça avec Saku Koivu. À ce qu'il paraît, c'était aussi comme ça avec Bob Gainey. Un capitaine peut être un gars tranquille. Ça arrive. Un gars qui mène par l'exemple, qui force les autres à se dépasser par son travail acharné sur la patinoire.

Si les patrons du Canadien veulent d'un capitaine comme ça, alors là, Andrei Markov est leur homme. C'est clair.

Mais si les patrons du Canadien veulent d'un leader fort en gueule qui peut brasser la cage à ceux qui se traînent les lames, alors là, ils devraient peut-être penser à regarder ailleurs.