Le Canadien amorce ce matin une retraite de trois jours au cours de laquelle Jacques Martin souhaite que son groupe de joueurs se transformera en équipe unie.

S'il voit d'un très bon oeil ce séjour passé en «famille», Georges Laraque assure que lui et ses coéquipiers forment déjà une bien meilleure équipe que l'an dernier.

«On est déjà 100 milles en avant en matière d'esprit d'équipe. Malgré tous les changements, on forme déjà les Nations unies. Les gars se parlent, les gars ont du plaisir, on sent une énergie nouvelle. Ça n'a rien à voir avec le climat de l'an dernier, qui était lourd et négatif», a lancé avec conviction Georges Laraque lors d'un entretien avec La Presse dans le vestiaire du Canadien, samedi midi.

Appelé à décrire plus en détails le climat qui minait le Canadien l'an dernier, Laraque en a rajouté: «Il y a des gars qui ne se parlaient pas. Il y avait des cliques. Les Français ici, les Russes là, les Tchèques dans un coin, les Anglos dans l'autre. Les gars s'occupaient de leurs petites affaires sans jamais penser à l'équipe. C'est difficile de prendre ta place, et plus encore, de traverser des moments difficiles quand l'équipe ne se tient pas. Une équipe unie se regroupe devant les difficultés. Elle se bat. Et la plupart du temps, elle s'en sort. Qu'est-ce qui s'est passé lorsqu'on s'est mis à perdre en deuxième moitié de saison et qu'il y a eu toutes ces histoires et ces distractions? Les gars sont restés dans leur coin. Au lieu de se sortir du trouble, on s'est retrouvés plus creux et plus creux encore, et on s'est fait sortir en première ronde. C'était prévisible», a ajouté Laraque.

La faute des joueurs

L'homme fort, qui a survécu à la purge qui a emporté 11 de ses anciens coéquipiers, n'a donc pas été surpris par le déferlement de changements apportés par Bob Gainey au cours de l'été.

«C'est vrai qu'il est plus facile de congédier un entraîneur que d'échanger 20 gars. C'est pour ça que Carbo est parti au cours de la saison. Mais des fois, c'est de la faute des joueurs. C'était le cas l'an dernier et c'est pour ça qu'il y a eu le clean-up qu'on a connu.»

De ce grand ménage est née une équipe transformée.

«Andrei Markov parle avec tout le monde. Je ne l'avais jamais vu parler dans le vestiaire avant. Les gros gars qui sont arrivés - Gomez, Gionta, Cammalleri - sont ouverts et font partie de la gang au lieu de rester dans leur coin. Les jeunes sont moins intimidés et prennent donc plus facilement leur place», a décrit Laraque.

Doit-on conclure que les Kovalev, Tanguay, Komisarek, Higgins et les autres joueurs qui ont levé les feutres étaient des fauteurs de trouble?

«Pas du tout. Je ne mets pas le blâme sur personne. Je dis juste que la présence de gros noms, de grosses personnalités a fait que les gars se sont regroupés en cliques qui ne se parlaient pas entre elles. Tu ne peux pas passer une saison entière en parlant juste à un groupe de gars. Sinon, il arrive ce qui nous est arrivé.»

Koivu a fait ce qu'il a pu

Malgré cette condamnation sans appel de l'attitude qui a miné la saison du Canadien l'an dernier, Laraque assure qu'il ne s'agit pas non plus d'un désaveu à l'endroit de Saku Koivu et du genre de capitaine qu'il était.

«Saku était un excellent leader et ceux qui prétendent le contraire sont injustes et dans le champ. C'était un guerrier. Un vrai. Il le démontrait chaque fois qu'il allait sur la glace. Il donnait l'exemple. Il disait les bonnes choses dans le vestiaire aussi. Il a tenté de regrouper l'équipe. Mais collectivement, on ne suivait pas.»

À quelques jours de l'annonce du successeur de Saku Koivu à titre de capitaine, Georges Laraque se garde bien de s'immiscer dans le processus de sélection.

Il convient toutefois de relever, dans l'attitude et la façon de jouer de Brian Gionta, des similitudes avec Saku Koivu.

«Ce sont deux gars de petite taille qui sont des exemples de travail et qui ne reculent pas devant personne. Ce sont des gars dont l'énergie est contagieuse sur la patinoire. Des vrais leaders», a conclu Laraque.