Tumultueuse depuis le tout premier jour, la carrière de Sergei Kostitsyn avec le Canadien de Montréal est maintenant compromise.

Choix de septième ronde du Tricolore en 2005, le Biélorusse au talent indéniable est sous le coup d'une suspension imposée mercredi matin par le directeur général Bob Gainey.

«Sergei nous a fait part de son intention de refuser de rejoindre le club-école à Hamilton et de réclamer une transaction. Nous n'avons eu d'autres choix que de le suspendre sans salaire jusqu'à nouvel ordre», a confirmé Bob Gainey.

En désertant le Canadien, Kostitsyn se prive du salaire de 62 500 $ qu'il devait empocher après son renvoi dans les mineures dimanche.

S'il avait convaincu l'état-major du Tricolore de le garder à Montréal, le plus jeune des frères K aurait encaissé 585 000 $ - plus une prime potentielle de 265 000 $ - dans le cadre de la dernière année de son contrat de recrue (trois ans).

Tel que convenu avec la direction du Canadien, Sergei Kostitsyn avait jusqu'à mardi soir pour rejoindre le club-école.

Malgré les conseils de son agent Don Meehan qui, comme il l'avait mentionné à La Presse lundi, l'invitait à honorer son contrat, Kostitsyn brillait par son absence sur la patinoire du Copps Coliseum où les Bulldogs reprenaient l'entraînement mercredi.

La réaction du jeune attaquant a déçu Bob Gainey.

«J'aurais aimé qu'il se présente à Hamilton afin qu'il puisse retrouver la forme qu'il affichait à la même époque l'an dernier. Et une fois cette forme retrouvée, il aurait pu revenir avec l'équipe», a avancé le directeur général du Tricolore qui ne sait pas ce que l'avenir réserve.

«Nous espérons toujours que Sergei changera d'avis et qu'il se présentera à Hamilton. D'ici là, nous allons étudier la situation et verrons si nous pouvons accommoder Sergei qui demeure un membre de l'organisation et un jeune homme qui peut devenir un très bon joueur.»

En Russie?

Gainey craint-il que son déserteur décide de mettre le cap sur la Russie?

«Je ne sais pas. Mais comme nous avons perdu un joueur de cette façon l'an dernier - Pavel Valentenko a quitté Hamilton pour joindre les rangs d'une équipe de la KHL - c'est évident que cette possibilité existe.»

Dans le camp des joueurs et de l'entraîneur-chef Jacques Martin, la décision de Sergei Kostitsyn de déserter l'organisation n'a pas soulevé de vague.

Outre son frère ainé Andrei qui a commenté le renvoi de son frère cadet et les conséquences de cette décision pour la première fois, les autres joueurs sont restés cois sur le sujet. Ou à peu près.

«J'ai dit ce que j'avais à dire dans le dossier de Sergei lundi. Je trouve malheureux qu'il refuse de se plier à notre décision, mais la suite des choses repose entre les mains de Bob et je suis convaincu qu'il prendra la meilleure décision pour le bien de l'équipe», a indiqué Jacques Martin.

Tomas Plekanec a clairement résumé, lundi, la position de ses coéquipiers à l'égard du jeune Kostitsyn. Il avait reconnu le talent évident du jeune homme tout en ajoutant que son manque d'éthique de travail portait ombrage à ses qualités de hockeyeur.

Âgé de 22 ans, Sergei Kostitsyn n'avait pas à être soumis au ballotage avant d'être cédé aux Bulldogs parce qu'il n'a disputé que deux saisons dans la LNH et ne compte que 108 rencontres à son actif.

Comme le stipule le contrat de travail liant la LNH à ses joueurs, un jeune ayant signé son contrat à l'âge de 20 ans et qui en est à sa troisième année dans la LNH doit totaliser 160 matchs pour profiter d'une période de ballottage avant d'être cédé aux mineures.

En 108 rencontres avec le Canadien, Sergei Kostitsyn affiche une récolte de 17 buts et 50 points.

Il a ajouté trois buts et huit points en 13 matchs de séries éliminatoires.