À une certaine époque, l'entraîneur des Bulldogs de Hamilton a craint pour sa vie. Boucher portait les couleurs des Rafales de Québec, de la défunte Ligue internationale de hockey, quand il a été foudroyé par un virus qui a affecté le système nerveux du côté droit de son corps.

«Dans le temps de le dire, je suis passé de la meilleure forme de ma vie à avoir de la difficulté à monter des escaliers. Je pouvais difficilement voir de l'oeil droit et je n'avais aucune force du côté droit, relate-t-il. Je ne pouvais pas lire pendant plus de 10 minutes parce que je vomissais.»

Boucher a eu besoin de presque cinq ans afin de récupérer, et si la maladie a mis fin à une carrière prometteuse de hockeyeur, elle a contribué à lancer une prometteuse carrière d'entraîneur.

«C'a modifié ma philosophie de vie. Le hockey était tout pour moi, mais soudainement je ne faisais plus que penser au hockey. Je me demandais uniquement si j'allais survivre», mentionne-t-il.

«J'ai décidé de faire tout ce que je voulais parce que vous réalisez que la vie peut être très courte. Et ce que j'affectionne le plus, c'est enseigner.»

Après avoir recouvré la santé, Boucher a joint le personnel d'entraîneurs des Redmen de McGill. Mathieu Darche, qui est actuellement le capitaine des Bulldogs sur une base intérimaire, évoluait chez les Redmen.

«J'en étais à ma deuxième année (en 1997) et je suis passé de zéro but à 21 en 26 matchs, évoque Darche. Guy a été une des principales raisons. Il restait après les séances d'entraînement afin que je travaille sur mon lancer.»

Boucher s'est retrouvé dans la LHJMQ pendant trois saisons, à titre d'adjoint chez les Huskies de Rouyn-Noranda, avant de d'effectuer un autre séjour de trois saisons chez l'Océanic de Rimouski, où il a côtoyé Sidney Crosby.

Il a pris les rênes des Voltigeurs de Drummondville en 2006, les aidant à remporter le championnat de la ligue, la saison régulière. Il a été coiffé de l'honneur de personnalité par excellence de l'année.

Boucher a agi comme adjoint au sein de l'équipe canadienne des moins de 18 ans pendant trois ans, en plus de seconder Pat Quinn à la barre d'Équipe Canada au championnat du monde junior en 2009.

À l'âge de 37 ans, il en est à sa première saison comme entraîneur dans les rangs professionnels, à la tête de l'équipe-école du Canadien. L'adaptation se passe plutôt bien pour lui, les Bulldogs montrant une fiche de 7-0-1-3. Les Bulldogs sont la seule équipe de la Ligue américaine qui n'a pas perdu en temps réglementaire, avant leur affrontement de vendredi au Centre Bell.

Boucher est un des entraîneurs les plus érudits du hockey professionnel. Il possède des baccalauréats en histoire et en génie des biosystèmes de McGill. Il détient également une maîtrise en psychologie du sport de l'Université de Montréal.

Avec tout ce bagage de connaissances, ce n'est pas surprenant que les équipes de Boucher préconisent un style de jeu inorthodoxe.

«Les stratégies qu'il met de l'avant sont incomparables. Je n'ai jamais rien vu de semblable, dit Darche, qui a porté les couleurs de quatre équipes de la LNH et de six autres dans les rangs mineurs. C'est un style très novateur, et ça marche. C'est un style à cinq joueurs partout sur la glace. Ce n'est pas un ou deux gars ici et là.»

Boucher a changé depuis qu'il a fait ses débuts à McGill. Martin Raymond, un des adjoints de Boucher à Hamilton, est bien placé pour le savoir. Il était l'entraîneur des Redmen à son arrivée.

«Il s'est assagi quelque peu, mentionne Raymond. Je me rappelle que quand il a été entraîneur pour la première fois, il m'appelait et on avait de bonnes discussions. Je devais le calmer parce qu'il est très intense.»

Des observateurs voient déjà Boucher diriger le Canadien dans quelques années. Le principal intéressé ne regarde pas aussi loin.

«Je demeure dans le présent, en me disant que les choses finiront bien par arriver si elles ont à se produire. Plusieurs personnes ont des aspirations pour moi, mais ce n'est pas mon cas.»