Louis Leblanc n'a pas raté sa rentrée à Harvard. En cinq matchs, le premier choix du Canadien au plus récent repêchage (18e au total) a déjà sept points et il est le premier compteur de son équipe.

L'entraîneur-chef Ted Donato, un ancien de Harvard qui a longtemps joué pour les Bruins de Boston, l'utilise à profusion malgré son statut de recrue. Et il ne tarit pas d'éloges à son sujet.

«Les statistiques de Louis reflètent bien son jeu, a souligné Donato au cours d'un entretien téléphonique. Il génère beaucoup de tirs et de chances de compter. Il passe beaucoup de temps sur la glace. Nous avons deux trios offensifs, mais le sien est de loin le plus dominant. Louis combine talent et excellente éthique de travail. J'adore sa compétitivité. Il joue comme s'il était en mission, autant lors des entraînements que dans les matchs. Sa façon de jouer à un très, très haut niveau avec autant d'intensité est très étonnante compte tenu de son âge. Il a des mains très rapides, son coup de patin ne cesse de s'améliorer.»

Donato a joué en compagnie d'excellents coéquipiers durant sa carrière de 13 saisons (mentionnons Raymond Bourque, Adam Oates, Cam Neely, Joe Thornton, Paul Kariya, Teemu Selanne, Brett Hull, Mike Modano, Joe Nieuwendyk, Brenden Morrow et Mark Messier). Il prédit un bel avenir à Leblanc. «Il possède de bons instincts offensifs. Quand il se développera davantage physiquement et qu'il gagnera en expérience, il pourra devenir l'un des bons compteurs dans la Ligue nationale», croit-il.

Plusieurs observateurs de la scène du hockey ont mis en doute la décision de Leblanc de se joindre à l'équipe de Harvard où, selon eux, il ne se développerait pas aussi bien que dans un circuit junior canadien ou que dans une division plus forte de la NCAA.

«Il y a différents modèles de développement, répond Ted Donato. Louis veut devenir un meilleur joueur de hockey, mais il veut aussi développer son intelligence dans l'une des meilleures institutions scolaires au monde. Il possède un talent unique parce qu'il n'a pas seulement des habiletés athlétiques; il est aussi un étudiant modèle. Il utilisera sa formation scolaire pour devenir plus complet socialement, plus mature. Au plan physique, il pourra mieux se développer parce que nous disputons moins de matchs.

«D'ailleurs, poursuit Donato, j'ai joué à Harvard. Don Sweeney, mon ancien coéquipier des Bruins, aussi. Deux autres anciens de Harvard, Dominic Moore et Craig Adams, jouent actuellement dans la LNH. Ken Dryden et Joe Nieuwendyk ont joué eux aussi dans la Ivy League, avec le même calendrier et les mêmes contraintes scolaires, et ils ont connu une brillante carrière. La plupart des gens qui ont des opinions arrêtées là-dessus n'ont pas eu la chance de fréquenter Harvard. Louis se donne des options supplémentaires. Peut-être se servira-t-il de ces options seulement après une longue et belle carrière dans la LNH, mais il les aura.»

Donato, qui dirige l'équipe de Harvard depuis 2004, aurait pu ajouter à la liste des anciens de la Ivy League qui ont joué dans la LNH Erik Cole, Craig Conroy, Andy McDonald, Chris Higgins, Todd White, Todd Marchant, Willie Mitchell, Lee Stempniak, Jeff Halpern, Doug Murray, Matt Moulson, Yann Danis, Brian Pothier et le défenseur du Canadien Ryan O'Byrne.

L'entraîneur a été étonné d'entendre le recruteur de l'équipe canadienne junior, Al Murray, déclarer que Louis Leblanc sera désavantagé, lors de la sélection en prévision du Championnat mondial, en raison du peu de matchs qu'il aura disputés cet automne. «Ça serait dommage. Non seulement Louis peut aider l'équipe canadienne junior, mais il serait parmi les meilleurs attaquants de l'équipe. Il pourrait avoir un gros impact au sein de ce club», a-t-il conclu.