La cuvée québécoise en prévision du repêchage amateur de juin 2010 ne s'annonce pas extraordinaire. La Centrale de recrutement de la LNH a remis son premier classement de la saison, la semaine dernière, et l'un de ses membres, Christian Bordeleau, serait surpris si un joueur du Québec était repêché en première ronde.

«Peut-être un gardien de but, mais encore. Il y a tellement de bons joueurs, surtout de l'Ontario, que le gardien pourrait devoir attendre un peu, a confié hier Bordeleau, joint au téléphone à Seattle. Dans la Ligue de hockey junior majeur du Québec, on parle surtout de Brandon Gormley et Kirill Kabanov à Moncton, et Petr Straka à Rimouski; viennent ensuite Michaël Bournival, à Shawinigan, et Louis-Marc Aubry, à Montréal.»

Une perle rare

Bournival, 17 ans, un attaquant de 5'11 et 184 livres qui a obtenu 25 points en 22 matchs cette saison, est sans doute celui qui suscite le plus d'intérêt chez les Québécois. Selon les dirigeants des Cataractes, il est une perle rare et les équipes de la LNH ont intérêt à ne pas le laisser filer.

«Tant comme joueur que comme entraîneur, je n'ai jamais vu un joueur comme lui, a lancé Éric Veilleux, son coach à Shawinigan. Il a tout pour réussir. L'attaque, la défense, il est capable de jouer de façon robuste; c'est un travailleur acharné, sur la glace comme à l'extérieur. À l'école, il a des notes dans les 80, 90. J'essaie en vain de lui trouver des défauts! Je n'ai pas joué dans la LNH, mais j'ai côtoyé des joueurs qui y sont parvenus comme Stéphane Yelle, René Corbet, Éric Bélanger, de bons joueurs de hockey. Et j'ai eu la chance de passer près d'un mois au Colorado. J'y ai vu Joe Sakic qui faisait des exercices de musculation avant et après ses matchs. À ce chapitre, Bournival me fait penser à lui. L'équipe qui va repêcher ce petit gars-là, je mettrais ma main au feu qu'elle ne sera pas déçue. C'est un coup sûr pour la Ligue nationale et je n'hésiterais pas à le repêcher en première ronde. Et tu peux le demander aux gens du milieu: je ne suis pas reconnu pour vanter mes gars s'ils ne le méritent pas!»

Ardeur au travail

Le DG des Cataractes, Martin Mondou, a souligné lui aussi l'ardeur au travail peu commune du jeune homme de Shawinigan-Sud.

«L'année où on a repêché Michaël, on lui a fait subir différents tests physiques, comme à tous nos joueurs. Il a été numéro un dans tous les tests, sauf un, l'équilibre sur un ballon. Quand il est arrivé au camp deux mois plus tard, il a terminé numéro un dans cet exercice-là également...

«De plus en plus, les recruteurs cherchent des joueurs qui travaillent, a poursuivi Mondou. L'assurance de jouer dans la Ligue nationale est plus grande si un gars a une bonne éthique de travail. C'est un critère qui jouera en faveur de Michaël. C'est sûr qu'il va attirer l'attention. Il l'a fait à 16 ans, il le fait encore aujourd'hui et il va continuer partout où il passera. Ce n'est plus un inconnu, c'est l'un des jeunes prodiges de la ligue.»

Il reste encore beaucoup de matchs. Certains joueurs voient leur cote monter à une vitesse étonnante, alors que d'autres chutent rapidement au classement.

Pour l'instant, le portrait est assez clair, selon Bordeleau. «Les deux meilleurs, Taylor Hall et Tyler Seguin, proviennent de l'Ontario, qui fournira plusieurs joueurs en première ronde. Au Québec, il faudra patienter. Mais attention: l'année suivante, cinq ou six joueurs du Québec pourraient bien être repêchés dès la première ronde.»

Chose certaine, il sera intéressant de suivre la progression de Michaël Bournival d'ici à la fin de l'année.