Le revers que le Canadien a subi face aux Sabres de Buffalo, dimanche après-midi, a une fois de plus mis en valeur un fait de plus en plus indéniable: les joueurs du Tricolore offrent beaucoup moins de soutien offensif à Carey Price qu'ils n'en donnent à Jaroslav Halak.

«C'est une coïncidence», a suggéré Jacques Martin à défaut d'une meilleure explication.

Pourtant, il ne s'agit pas là d'une tendance observée sur une courte période. Cela dure depuis le tout début de la saison.

Le Canadien marque en moyenne 3,24 buts lorsque Halak est devant le filet alors que Price a bénéficié d'un soutien de 2,19 buts lors des 27 matchs qu'il a entrepris.

«Il me semblait aussi qu'il y avait une différence», a commenté Price lorsqu'on l'a mis au courant de ces statistiques.

«C'est un gros écart, c'est fou! a ajouté le défenseur Josh Gorges.

«Peut-être que l'on a tendance à plus se fier à lui quand il est devant le filet, je ne sais pas...»

À vrai dire, personne ne sait.

La statistique a beau être implacable, aucune explication franche n'a été proposée par quiconque dans le vestiaire du Canadien.

«J'aime mieux penser que c'est simplement la façon dont les choses se sont déroulées jusqu'ici et que ça pourrait très bien être le contraire d'ici la fin de la saison», a mentionné Michael Cammalleri, qui a souvent répété après des défaites que le Canadien n'avait pas suffisamment aidé Price.

«La tenue de nos gardiens a peut-être été notre plus grande force en première moitié de saison», a pris soin d'ajouter Cammalleri.

La qualité de la compétition

Évidemment, il y a la qualité de l'adversaire qui entre en ligne de compte.

Price a plus souvent été confronté à de bonnes équipes que Halak. Il a disputé 59% de ses matchs face à des équipes qui faisaient partie des 15 meilleures de la ligue avant les matchs de lundi.

Halak, lui, n'a effectué que sept de ses 17 départs face à des formations du top 15. Et n'a récolté contre elles qu'une seule de ses 11 victoires.

Et alors qu'on constate un peu plus chaque jour la puissance de l'Association Ouest par rapport à celle de l'Est, il est bon d'ajouter que Price a amorcé neuf des 11 matchs qu'a disputé le Canadien contre les formations de l'Ouest.

Mais Jacques Martin n'est pas prêt pour autant à dire qu'il est plus prompt à envoyer Price face à de meilleures formations ou face à un gardien de premier plan.

«Price avait affronté Ryan Miller et les Sabres au deuxième match de la saison, mais j'ai ensuite envoyé Halak lors des deux matchs suivants face aux Sabres avant de revenir avec Price dimanche», a rappelé l'entraîneur à titre d'exemple.

Pas de reproches

D'ailleurs, la défaite aux mains des Sabres est un exemple probant de cette malchance qui poursuit Price en termes de soutien offensif.

«Ce n'est pas comme si l'on n'obtenait pas d'occasions de marquer, a plaidé Glen Metropolit. On a cessé de se faire surclasser au chapitre des lancers.»

«Si l'on continue de jouer comme on l'a fait dimanche, on va se mettre à accumuler les victoires», croit d'ailleurs Price.

Le gardien de 22 ans insiste pour dire que la marge de manoeuvre que lui donnent ses coéquipiers n'est pas de son ressort.

Et il ne se mettra pas à leur faire de reproches de sitôt.

«Je ne vais pas trop leur remettre ça sur le nez car je veux quand même qu'ils demeurent mes amis», a lancé Price sur un ton badin.

«Je dois seulement faire mon possible pour maintenir une moyenne de buts alloués inférieure à celle que nos buts marqués, quitte à gagner des matchs 1-0 ou 2-1.

«Je ne peux pas me mettre à marquer à des buts... à moins que l'entraîneur me trouve une place sur l'avantage numérique!»

On ne suggère pas ici que les joueurs «préfèrent» un gardien ou un autre. Dans le feu de l'action, il ne saurait y avoir de favoritisme.

Mais avant de sauter aux conclusions devant le fait que Carey Price n'a que 10 victoires en 27 décisions, il faudra y penser deux fois...