Malgré ses succès cette saison, le club-école du Canadien dirigé par Guy Boucher - le meilleur club de la Ligue américaine après les Bears de Hershey - vit dans un anonymat relatif à Hamilton.

Un peu moins de 2000 spectateurs ont assisté au match entre les Bulldogs et les Wolves de Chicago, il y a huit jours au Colisée Copps. Une seule fois avait-on vu aussi peu de monde à un match des Bulldogs en 14 ans d'histoire. La moyenne d'assistance aux matchs de l'équipe connaît d'ailleurs une baisse de presque 1000 spectateurs cette année, pour se situer à 3626 par rencontre.

De quoi donner des munitions à ceux qui rêvent de voir la filiale du Canadien déménager au Québec, à Laval, par exemple. Un scénario que n'écarte d'ailleurs pas le propriétaire des Bulldogs, Michael Andlauer, qui est aussi désormais l'un des copropriétaires du CH avec la famille Molson.

«C'est un projet auquel nous avons songé, a dit au bout du fil ce Montréalais d'origine dans une conversation en français du début à la fin. Nous connaissons tous la passion des amateurs de hockey du Québec pour leur équipe et ses espoirs. Nous étions ravis de voir 15 000 spectateurs au match des Bulldogs au Centre Bell en novembre. Il y aurait un engouement certain. Il y a probablement plus de fans des Bulldogs au Québec qu'à Montréal!»

Michael Andlauer voit plusieurs avantages à déménager le club-école du CH dans la grande région métropolitaine. «Il y a une question de proximité évidente dans les cas de rappels de joueurs, mais ça pourrait également avoir un effet bénéfique sur les espoirs de l'organisation, a-t-il dit. Il y a bien sûr les distractions de la ville, une question sur laquelle il faudrait se pencher, mais de l'autre côté, le fait d'évoluer dans un environnement très médiatisé, le fait d'être suivis de proche par les fans ferait en sorte que le choc serait moins grand pour nos jeunes joueurs en se joignant au Canadien.»

À court terme cependant, l'idée ne semble pas envisageable selon Michael Andlauer. «Aux dernières nouvelles, il n'y avait pas d'amphithéâtre (capable d'accueillir une équipe de la Ligue américaine) à Laval, a-t-il répondu. Et il faut prévoir entre deux et trois ans pour construire un aréna. Mais si un nouvel amphithéâtre se bâtit, nous y prêterons une oreille attentive. Un déménagement doit toujours être approuvé par les gouverneurs de la Ligue américaine, mais Laval est situé près d'un gros aéroport, donc il n'y aurait pas de problème de proximité avec les autres marchés de la Ligue américaine. C'est un obstacle de moins.»

Les Bulldogs ont pourtant failli se retrouver à Saint-Jean, à Terre-Neuve, cette saison. «Avec l'histoire du possible déménagement des Coyotes de Phoenix à Hamilton, nous avons dû envisager différents scénarios et St. John's était la ville la plus prête à nous recevoir. Nous avons même rencontré le premier ministre, le maire, les conseillers. Mais nous nous serions éloignés de Montréal encore davantage et les Coyotes sont demeurés à Phoenix.»

Pour l'instant, la seule option viable demeure Hamilton, à défaut de mieux. «Nous sommes à renégocier un bail de trois ans au Colisée Copps, a dit Michael Andlauer. Au plan des opérations hockey, c'est vraiment important que nous ne soyons pas trop loin de Montréal. La semaine dernière, Ryan White a reçu un appel de Bob Gainey vers 11h pour disputer un match en soirée au Centre Bell. Ça aurait été un peu plus compliqué à Saint-Jean.»

Comment emplir le Colisée Copps ces prochaines années? «Les fans des Bulldogs ne sont pas à blâmer, a répondu Andlauer, qui réside à Burlington. Il y a eu beaucoup de distractions avec l'histoire des Coyotes. Et il faut savoir qu'après la conquête de la Coupe Calder il y a trois ans, j'ai cédé toute l'exploitation de la vente des billets et du marketing à la firme HECFI, une organisation qui appartient à la ville de Hamilton et qui détient le Colisée Copps. Je voulais me concentrer sur les activités au sein de la communauté et à l'équipe. Mais les gens du HECFI ont décidé, en août, de se débarrasser de leurs vendeurs d'abonnements de saison. Je leur avais aussi donné le mandat de concentrer les matchs à domicile le week-end parce que nous avons un public familial, mais ce ne fut pas le cas. Et leur marketing n'est pas fameux. Heureusement que nous avons le quotidien Hamilton Spectator. Je suis prêt à tout reprendre en main. Je n'y comprendrais rien s'ils voulaient continuer.»