Le malheur des uns fait le bonheur des autres.

Georges Laraque n'est plus avec le Canadien, Mathieu Darche est en train de faire sa place grâce à sa fougue et à son intelligence et le Canadien vient de remporter deux importantes victoires ce week-end.

Derrière le banc des joueurs, Jacques Martin peut désormais compter sur quatre trios qu'il peut envoyer en tout temps, ou presque, dans la mêlée.

L'entraîneur-chef des Devils du New Jersey, Jacques Lemaire, a bien résumé les événements des derniers jours dans l'entourage du Canadien, jeudi, lors d'une entrevue avec le collègue Marc-Antoine Godin.

«Les batailleurs, c'est terminé. Ça s'est fait en l'espace d'un an. Maintenant, les gars jouent dans toutes les situations. On n'a plus besoin de ceux qui prennent soin de leurs coéquipiers. Les joueurs prennent soin d'eux-mêmes. Je ne connais pas le cas de Laraque. Mais je sais que les équipes veulent des joueurs qui peuvent jouer. Autrement, on a de la difficulté à les mettre sur la patinoire. À la place, tu pourrais avoir un jeune qui joue 10 minutes et qui peut apprendre.»

Ce même Lemaire qui comptait pourtant sur trois durs à cuire chez le Wild du Minnesota il y a deux ans (Chris Simon, Derek Boogaard et Todd Fedoruk) mais qui n'en veut plus cette année au New Jersey. Les Devils ont embauché Andrew Peters cet été, mais Lemaire l'a utilisé lors de 4 des 23 derniers matchs du club seulement.

La dernière portion de son commentaire est intéressante et me rappelle une décision prise à l'époque par les Stars de Dallas et que j'avais relevée dans une chronique. Fraîchement embauché à titre de DG, Les Jackson avait soumis le dur à cuire Todd Fedoruk au ballottage parce qu'il voulait céder la place qu'il occupait au sein du quatrième trio à un jeune de l'organisation qui n'arrivait pas à se faufiler dans la formation régulière: Loui Eriksson.

Cette année-là, Eriksson avait obtenu 31 points en 69 matchs, ce qui n'est pas vilain pour une recrue. L'année suivante, l'hiver dernier, il a marqué 36 buts. Cette année, Eriksson occupe le 18e rang des compteurs de la LNH avec 48 points en 50 matchs sur un pied d'égalité avec Zach Parise, Corey Perry et Ryan Getzlaf, un point devant Rick Nash et Anze Kopitar.

Lemaire a vite constaté cette saison qu'il ne pouvait plus se permettre d'insérer dans sa formation un joueur comme Peters, qui n'a pas la vitesse pour suivre le rythme de la LNH et qui n'a plus beaucoup d'adversaires de son gabarit avec qui se battre.

D'ailleurs, les deux autres clubs dominants dans l'Association de l'Est avec les Devils, les Capitals de Washington et les Sabres de Buffalo, ne comptent pas de redresseur de torts. Les Hurricanes ont gagné il y a quelques années sans pacificateur, tout comme les Red Wings. Les Penguins ont gagné la Coupe Stanley sans dure à cuire l'an dernier. Le seul qu'ils avaient, Eric Godard, n'a pas disputé un seul match en séries éliminatoires.

Il en reste encore plusieurs dans l'Ouest. On utilise le prétexte qu'il faut compter sur un colosse pour protéger les meilleurs joueurs d'un club afin d'offrir aux fans quelques bonnes bagarres. Parce que dans les faits, les policiers se battent entre eux et respectent presque tous le code d'honneur de Georges Laraque qui consiste à ne pas se battre avec plus petit que soi, peu importe la situation.

Georges Laraque a connu son heure de gloire à Edmonton à l'époque où les joueurs plus lents pouvaient accrocher l'adversaire pour les rattraper et où les bagarreurs pouvaient régler des comptes dans les derniers instants d'un match sans subir de sanctions sévères.

Laraque et le CH

Laraque, en joueur intelligent, n'a pas voulu mettre son club dans l'embarras en écopant de punitions inutiles dans l'exercice de ses fonctions et il a toujours refusé de corriger un adversaire qui ne souhaitait pas l'affronter. Des principes qui l'honorent. Mais ainsi, il montrait son inutilité puisqu'il n'a jamais pu empêcher l'adversaire de blesser les meilleurs joueurs du Canadien. Qu'on se rappelle seulement le coup de Kurt Sauer à l'endroit d'Andrei Kostitsyn l'an dernier.

Laraque n'a jamais pu compenser autrement à cause de son coup de patin inférieur à la moyenne. Son manque de vitesse l'empêchait d'intimider l'adversaire avec de percutantes mises en échec puisqu'il arrivait rarement à atteindre l'ennemi à temps. En zone défensive, il plaçait son équipe dans une situation vulnérable, car il avait énormément de difficulté à mettre de la pression sur l'adversaire. Le Canadien passait souvent de longs moments dans son territoire lorsque le quatrième trio était sur la glace.

Bob Gainey a ramé à contre-courant en embauchant Laraque. Il a fait l'acquisition de cet homme fort à une époque où ceux-ci sont de moins en moins utiles. Il l'a imposé à Guy Carbonneau, qui n'en voulait pas, puis à Jacques Martin. Il lui a aussi accordé un contrat à long terme, une décision plutôt inhabituelle dans le cas de durs à cuire âgés de plus de 30 ans. On peut aussi se demander à quel point on a étudié le dossier médical de Laraque au moment de son embauche puisque celui-ci avait déjà le dos en compote avant même d'endosser pour la première fois l'uniforme du Canadien.

Un échec sur toute la ligne.