La scène est devenue familière: posté à une vingtaine de pieds du filet, Mike Cammalleri bat le gardien adverse d'un tir sur réception foudroyant. Et puis... rien.

Si Alexander Ovechkin manque défoncer les baies vitrées chaque fois qu'il marque un but, Cammalleri, lui, est un modèle de discrétion: un demi-sourire, un petit geste de reconnaissance envers le coéquipier qui lui a refilé la rondelle et, hop, on passe à un autre appel. Pourquoi tant de retenue?

Ceux qui le connaissent disent qu'il a toujours été comme ça. «Je suis un père plutôt conservateur, dit Leo Cammalleri. Quand il était jeune, il marquait des tonnes de but, mais j'ai toujours prêché l'humilité. Je lui ai toujours dit que ce n'était pas bon de trop s'exciter, que ça avait l'air individualiste.»

Ses entraîneurs tenaient le même discours. «La dernière année où on l'a coaché chez les pee-wees, on avait joué 108 parties et on avait marqué 650 buts, dit Guy Dion, co-entraîneur de Cammalleri pendant quatre ans chez les Red Wings de Toronto. Ça n'aurait pas eu de bon sens si nos joueurs avaient sauté dans les airs à chaque fois. On leur a montré à être humbles. Ne saute pas tout partout, c'est peut-être ton dernier but du mois!»

Il y a aussi un aspect psychologique, dit Cammalleri. «Les célébrations sont pour les choses qui arrivent occasionnellement, comme un anniversaire ou les vacances. Moi, j'aimerais marquer plus régulièrement, alors c'est plus du soulagement que de la célébration quand je compte. Je me dis, 'Allons en marquer un autre! La partie n'est pas encore finie. Ce n'est pas parce que tu as marqué un but que ton travail est terminé. Si tu en as compté un, pourquoi pas cinq?'»

Son flegme a tout de même des limites. «Je te garantis que si je compte le but gagnant dans le septième match de la finale de la Coupe Stanley, je vais célébrer!»