Souriant après la rencontre de jeudi, même un peu badin - «si mes poteaux pouvaient manger, je leur paierais le souper» - Carey Price avait l'air décontracté malgré la défaite de 3-2 que le Canadien venait de subir à San Jose.

Mais les apparences étaient trompeuses. «J'ai eu besoin de temps pour décolérer», a raconté Price, hier, au terme de l'entraînement du Canadien en banlieue de Los Angeles.

«Mais j'ai reçu un message texte de Cammy (Michael Cammalleri) après le match et il me disait que de garder la tête froide était essentiel. Il a raison. On doit rester calme et essayer de regarder le portrait d'ensemble.»

Le portrait d'ensemble du Canadien, toutefois, a de quoi rendre joueurs et entraîneurs nerveux. La défaite aux mains des Sharks les a relégués au dixième rang de l'Association de l'Est. Au total des points, passe encore; le Canadien est au milieu du peloton.

Mais ce sont les matchs de plus qu'il a joués par rapport à ses adversaires qui exercent une pression de plus en plus forte.

Les Bruins de Boston et les Thrashers d'Atlanta, qui détiennent les septième et huitième places dans l'Est, ont trois matchs en main sur le Canadien alors que les Rangers de New York, qui occupent le neuvième échelon, en ont un. «Chaque point prend tellement plus d'importance à ce temps-ci de l'année, a rappelé Price. Il ne doit pas y avoir de relâchement si on veut atteindre les séries éliminatoires.»

Les matchs de ce soir contre les Kings et de demain contre les Ducks, à Anaheim, seront déterminants. Deux revers mettraient le Tricolore dans les câbles - d'autant plus que, durant le week-end, plusieurs équipes luttant avec lui pour une place en séries s'affronteront les unes les autres.

«Les Kings ressemblent un peu aux Sharks en ce sens qu'ils possèdent quatre bons trios, a affirmé Jacques Martin en prévision du match de ce soir. Ils sont agressifs, ils montrent de l'intensité et sont premiers sur la rondelle.»

Or, si les Kings jouent comme l'ont fait les Sharks jeudi, Jacques Martin doit s'attendre à ce que ses hommes se fassent intimider.

Et ils n'ont pas encore fait la démonstration qu'ils ont les éléments pour répliquer.

Un congé bénéfique

Week-end crucial, donc, au cours duquel on verra assurément Carey Price devant le filet. Celui-ci a confié après la défaite de jeudi ne jamais s'être senti aussi bien depuis ce match à Nashville, au mois de novembre, au cours duquel il avait repoussé 53 lancers des Predators dans une défaite de 2-0.

C'est un peu fâchant, tout de même, que les meilleures performances d'un gardien ne soient pas récompensées au bout de 60 minutes!

«Il a fait des arrêts par le bout des orteils, et c'est dommage qu'on n'ait pas été en mesure de lui assurer la victoire, a d'ailleurs reconnu Mathieu Darche. Je ne suis pas ici depuis longtemps, mais c'est le meilleur match que j'ai vu de Carey depuis mon arrivée, a poursuivi le vétéran québécois.

«Dès qu'il est revenu de la pause olympique et qu'il a recommencé à s'entraîner, j'ai noté un changement.

«Ça m'arrive de sauter sur la glace plus tôt et d'effectuer des lancers sur les gardiens avant le début de la pratique. Et j'ai remarqué que son attitude était plus positive.»

Price met cela sur le compte du repos qui est venu avec la pause olympique.

«J'en ai profité pour décrocher du hockey durant quelques jours, a mentionné le gardien de 22 ans.

«On investit tellement de temps dans le hockey. Parfois, ça peut devenir fatigant mentalement...»

L'état-major du Canadien se plaît à répéter qu'il compte sur deux bons jeunes gardiens. Soit.

C'est aux 20 autres joueurs, maintenant, de faire leur part.