Quel avenir le Canadien réserve-t-il à son choix de première ronde en 2006, le défenseur David Fischer?

Le bras droit de Pierre Gauthier et DG des Bulldogs de Hamilton, Julien Brisebois, n'écartait pas la semaine dernière la possibilité de voir Fischer se joindre aux Bulldogs puisque sa saison avec les Gophers de l'Université du Minnesota a pris fin il y a sept jours.

Or, Pierre Gauthier vient de confier à La Presse, par l'entremise du VP Communications de l'équipe Donald Beauchamp, que l'organisation avait jusqu'au 15 août pour faire signer un contrat professionnel à Fischer, et que rien ne pressait pour l'instant. Attendra-t-on de voir ce qu'il peut faire au camp de développement de l'équipe en juillet?

On pourrait comprendre le Canadien de vouloir prendre son temps. Fischer et les Gophers ont connu une autre saison ordinaire. Offensivement, le défenseur de 22 ans a été médiocre, comme le reste de son équipe. Il a amassé seulement six points en 39 matchs, sept points de moins que la saison précédente, alors qu'il avait pourtant disputé huit rencontres de moins.

Et si l'on se fie à l'analyse de deux recruteurs d'équipes de la LNH interrogés dans les derniers jours, il y a peu d'espoir de voir Fischer accéder à la LNH.

«Ce n'est pas fort», lance le premier qui, comme tous les dépisteurs appelés à analyser le rendement des espoirs des autres clubs, demande à ne pas être identifié parce que leur organisation leur interdit de faire des commentaires publiquement sur les joueurs qui ne leur appartiennent pas.

«D'après les rapports de tous nos dépisteurs, je ne crois pas qu'il pourra accéder à la LNH, poursuit-il. C'est un joueur de Ligue américaine. Il lui manque trop de choses: sens du hockey, combativité, sans compter qu'il n'a pas un grand impact au collégial. Son talent est moyen, il n'a pas de qualité dominante. Il n'y a pas eu de progression au fil des ans, ou presque pas. Et c'est très rare qu'un joueur puisse débloquer après avoir stagné dans la NCAA. Il y a des exceptions. Comme Ryan Stoa, de l'Avalanche, qui jouait justement au Minnesota.»

Le second dépisteur abonde dans le même sens. «Selon ce que j'ai vu de lui et tous les rapports de nos dépisteurs à l'interne - car je m'informe régulièrement de sa progression - depuis des années, il n'y a pas beaucoup d'espoir dans son cas. David Fischer, c'est comme un flat tire. Il manque un peu de tout. Ça arrive à toutes les équipes de se tromper. Mais on se reprend ailleurs. Le Canadien est sûrement heureux d'avoir pu repêcher P.K. Subban qui, lui, fait l'unanimité parmi tous les recruteurs de la LNH.»

Enseignement déficient

À la défense de Fischer, le premier dépisteur affirme que la qualité de l'enseignement laisse à désirer chez les Gophers. L'avenir de l'entraîneur Don Lucia est d'ailleurs remis en question dans la région. On l'accuse de ne pas avoir su exploiter le potentiel de certains de ses meilleurs joueurs, comme Fischer, Patrick White (premier choix des Canucks, 25e au total en 2007) ou encore Jordan Schroeder, autre choix de première ronde des Canucks (en 2009), dont le rendement est passé de 45 à 28 points depuis l'an dernier.

«Il y a toujours une chance que Fischer progresse davantage à Hamilton avec Guy Boucher, qui est un bon entraîneur, affirme le premier recruteur. Le coaching à l'Université du Minnesota est pourri. L'entraîneur-chef là-bas est atroce.»

Les Gophers ont tout de même produit de bons joueurs pour la LNH au fil des années. Les défenseurs Keith Ballard, Paul Martin et Alex Goligoski y sont restés plusieurs années, et ils ont progressé. Erik Johnson n'y était pas encore lorsque les Blues l'ont repêché au premier rang en 2006, et il y est demeuré seulement un an après le repêchage. Idem pour Phil Kessel. Kyle Okposo a abandonné le club au début de sa seconde saison, tout comme Jim O'Brien, premier choix des Sénateurs en 2007. Thomas Vanek y est demeuré deux ans avant de faire ses débuts professionnels au sein de l'organisation des Sabres de Buffalo. Blake Wheeler y a passé quatre ans et sa progression a été lente, avant de faire sa place avec les Bruins de Boston.

«Ce n'est pas seulement au Minnesota, affirme le second recruteur. J'ai assisté récemment à un match entre Notre Dame et Michigan State, c'était épouvantable. Il n'y avait pas de talent. Pas de marqueurs, pas de gardiens. Je ne dis pas qu'il n'en sort jamais, mais il n'y avait personne d'impressionnant. Il y a tout de même de bons programmes dans la NCAA: Michigan, Boston University, Boston College, Wisconsin, North Dakota. Mais le meilleur endroit pour un jeune qui veut accéder à la LNH, ce sont les ligues juniors. C'est professionnel. À moins que le jeune joueur ne soit pas prêt physiquement, comme c'est le cas avec Louis Leblanc. Il a décidé d'étudier et de se renforcer. Au bout du compte, ça ne l'empêchera pas de faire son chemin. Ça va peut-être lui prendre un an de plus. Mais physiquement, il n'est tellement pas prêt.»