La dernière fois que le Canadien a joué à Montréal, le Centre Bell a rugi.

C'était le sixième match face aux Capitals de Washington. Devant les prouesses de Jaroslav Halak, les partisans avaient atteint un degré de décibels que l'édifice n'avait peut-être pas encore connu un soir de hockey.

Le Tricolore retrouve son domicile, ce soir, et accueille Sidney Crosby, les Penguins de Pittsburgh et leurs quatre charismatiques Québécois.

Le «septième joueur» pourra-t-il galvaniser le CH autant que la semaine dernière ? Il en serait bien capable...

«Montréal est dans une ligue à part, affirme Ryan O'Byrne au sujet de la ferveur partisane. Un mardi soir a l'air d'un samedi soir.

«Je me souviendrai toujours de mon premier match au Centre Bell, face aux Hurricanes de la Caroline. Au moment où je me suis levé du vestiaire et que l'on a sauté sur la glace au son de la chanson de U2, mon sang bouillait ! Puis, il y a eu ce premier match de séries contre Boston. On avait atteint un autre niveau. Dans l'aréna, dans les rues, partout...»

Dans les rues, dites-vous ? Maxim Lapierre a encore frais à la mémoire la conclusion de cette même série face aux Bruins, il y a deux ans.

«Je suis sorti de l'édifice dans mon auto sur le boulevard René-Lévesque. Il y avait plein de monde dans la rue, et les gens se sont mis à secouer ma voiture en criant "Go! Habs Go!" Il est arrivé la même chose à Sergei Kostitsyn à quelques coins de rues de là, mais il avait trouvé ça moins drôle que moi...»

Hal Gill a eu la chance de jouer dans de bons marchés de hockey comme Boston, Toronto et Pittsburgh. Chacune de ces villes a sa personnalité.

«Montréal est probablement la foule la plus dynamique de la ligue, estime le gentil géant. Mais si tu fais une erreur, les gens te le font savoir ! À Toronto, c'est plein tous les soirs, mais c'est très tranquille. Et à Pittsburgh, ce n'était pas toujours plein, mais c'est une foule plus jeune, en général très animée.»

Pourtant, le deuxième match de la série Canadien-Penguins s'est joué au milieu d'une foule étonnamment silencieuse. Comme si le Mellon Arena avait été éteint par le style du Canadien... Ça n'avait rien à voir avec les amateurs vêtus de rouge pour appuyer les Capitals à Washington ! «C'est agréable de voir des trucs comme le Unleash the Fury de Washington, et de regarder les partisans virer fous durant les pauses publicitaires, estime Gill. Je peux comprendre les jeunes joueurs de trouver cela impressionnant. Ce n'est pas que c'est intimidant, mais si tu te laisses emporter par le moment, c'est difficile de demeurer dans le match.»

Marc-André Bergeron, lui, ne se laisse pas déconcentrer par les montages de pep talks cinématographiques qui visent à mobiliser les troupes. «On les a vus 10 000 fois, ces extraits de film-là !», lance Bergeron.

Folies de collège

À l'instar de Gill, Ryan O'Byrne se dit chanceux d'avoir joué dans des endroits où les fans sont vraiment passionnés. Le défenseur de 25 ans raconte avoir été marqué par les supporteurs de l'Université Cornell. «À l'un de mes premiers matchs à Cornell, nous jouions contre Harvard, l'équipe avec laquelle Cornell a la plus grande rivalité, raconte O'Byrne. Des fans avaient lancé un gros poisson sur la glace. Il y avait du sang de poisson sur la glace au début du match, et ça puait terriblement.

«À Cornell, la moitié des gradins est occupée par des gens de la ville, et l'autre moitié par des étudiants. Lorsque l'annonceur présente les joueurs de l'autre équipe, les fans font semblant de lire le journal. Quand l'annonceur a terminé, tout le monde chiffonne son journal et le lance sur la glace !»

Michael Cammalleri n'est pas en reste pour ce qui est des expériences de foules hyperactives. «Le hockey à l'Université du Michigan est une expérience spectaculaire, raconte Cammalleri. Lorsqu'il y a une punition à un adversaire, toute la foule murmure "ooooohhh" pendant que le joueur s'approche du banc des punitions. Puis le bruit augmente...

«Et quand le gars entre au banc des punitions, les 7000 personnes - même les vieilles dames et les enfants - lui crient les pires insultes en le montrant du doig !»

L'accueil aux Penguins

Cammalleri se rappelle avec le sourire de ses années au Michigan. Pourtant... «Je ne m'en ennuie pas du tout. Car on a tout cela à Montréal.»

Pour le meilleur et pour le pire, les Penguins savent qu'ils débarqueront ce soir dans un environnement survolté qui se promet de leur faire la vie dure.

«Plusieurs facteurs rendent le hockey des séries très spécial, dont l'atmosphère démentielle qui règne au domicile des équipes adverses, a indiqué Dan Bylsma au Réseau des Sports. C'est indescriptible. On a de la difficulté à s'entendre parler sur le banc.

«J'entends bien profiter de l'expérience de jouer à Montréal. C'est comme ça qu'il faut le voir. Ça va être fou.»