L'étiquette a longtemps collé à l'ancien quart-arrière des Broncos de Denver, John Elway. Brillant en saison régulière, Elway a été accusé pendant la majorité de sa carrière d'étouffer sous la pression. Jusqu'à ce qu'il finisse, 15 ans après son premier match dans la NFL, à remporter deux Super Bowl consécutifs, en 1997 et 1998.

Quelle empreinte Elway aurait-il laissée dans l'histoire du football n'eut été de ces deux succès survenus sur le tard? Probablement une tache noire à son dossier malgré une brillante carrière.

Joe Thornton et les Sharks de San Jose vivent un défi semblable, pour la nième fois, ce printemps. Thornton a amassé 931 points en 915 matchs en saison régulière, mais seulement 59 en 84 matchs en séries éliminatoires. Et les Sharks, malgré leur domination outrageuse en saison régulière, n'ont jamais pu atteindre la finale.

Plusieurs se demandent si ça ne sera pas finalement l'année des Sharks. Ils montrent jusqu'ici des signes fort encourageants. Dimanche, lors du deuxième match contre les Red Wings de Detroit, Thornton a préparé le but égalisateur de Joe Pavelski en début de troisième période. Puis, avec un peu plus de sept minutes à faire, Thornton a marqué le but gagnant en poussant un retour de tir de Dany Heatley derrière Jimmy Howard, pour permettre aux Sharks de l'emporter et de prendre les devants 2-0 dans la série.

Thornton n'a eu qu'à pousser une rondelle libre dans un filet désert, et la plupart des joueurs de la LNH auraient réussi comme lui à compter sur un tel jeu. Mais ce but pourrait être important pour la confiance de Thornton et contribuera à lui enlever une partie de la pression qui l'accompagne depuis quelques années.

Ne nous leurrons pas, c'est «Little» Joe Pavelski, et non «Jumbo» Joe Thornton, qui tire l'attaque des Sharks depuis le début des séries.

Pavelski, un obscur choix de septième ronde en 2003, a marqué (deux buts) dans un cinquième match consécutif, dimanche, et il a déjà 14 points en huit matchs à sa fiche, soit seulement deux de moins que Sidney Crosby. L'éclosion de Pavelski, qui est de plus en plus la cible de charges féroces de la part des joueurs des Red Wings, procure un redoutable trio offensif aux Sharks, avec Devin Setoguchi et Ryan Clowe, et permet à l'entraîneur Todd McLellan de garder réunis Dany Heatley, Patrick Marleau et Thornton. Heatley, que plusieurs ont qualifié de piètre joueur sous pression en séries, a déjà neuf points en sept matchs.

Les Sharks n'ont encore rien gagné. Les Red Wings ont vu neiger et peuvent effacer un déficit de deux matchs en claquant des doigts.

Adversité

Mais j'aime ce que je vois des Sharks depuis le début des séries. Surtout dans la première ronde contre l'Avalanche du Colorado. Ils ont vaincu l'adversité. Un but gagnant dramatique de Chris Stewart dans les derniers instants du premier match alors que la rondelle a dévié sur le patin d'un défenseur des Sharks. Puis une défaite cruelle dans la troisième rencontre alors que le défenseur Dan Boyle a compté dans son propre but en prolongation.

Il fallait voir l'air de dépit du DG Doug Wilson dans sa loge, lui qui a multiplié les coups d'éclat ces dernières années pour trouver la formule gagnante. Cette gaffe de Boyle aura peut-être contribué à souder les liens entre les membres de l'équipe. Surtout que lors du match suivant, Boyle a répliqué en marquant dès les premiers instants de la rencontre, et San Jose a arraché une victoire en prolongation. La pression était forte et une défaite en prolongation aurait peut-être signifié une autre élimination prématurée pour les Sharks. Une fois cette épreuve franchie avec succès, San Jose a écarté l'Avalanche en les écrasant lors des deux dernières rencontres.

Boyle, un cadeau du Lightning de Tampa Bay, qui a reçu en retour Matt Carle, un premier choix et un espoir qui ne débloque pas, Ty Wishart, joue 27 minutes par match en moyenne depuis le début des séries, et il a obtenu neuf points en huit rencontres.

Les deux premiers matchs contre Detroit ont été âprement disputés. Mais les Sharks ont trouvé le moyen de les gagner, au lieu de trouver le moyen de perdre, comme ils ont déjà eu l'habitude de le faire.