En faisant de Carey Price l'auxiliaire de Jaroslav Halak, peu après le retour de la pause olympique, le Canadien a rendu un énorme service à son ancien choix de première ronde.

Price l'admet volontiers: ça n'a pas été facile de rester au bout du banc. Mais il vient malgré tout de vivre une expérience enrichissante.

L'époque du tout cuit dans le bec est terminée. Price sait désormais qu'il doit se battre pour obtenir ce qu'il veut.

«Quand j'étais en séries éliminatoires de la Coupe Calder à Hamilton, j'avais un but en tête, c'était de venir à Montréal. Je m'étais battu pour l'atteindre.

«Mais une fois que je l'ai atteint, j'ai eu le sentiment de plafonner. Et quand on plafonne, on devient vulnérable à être devancé.

«Je me souviens du match des Étoiles. J'étais confiant en mes moyens, tout allait bien... Mais alors que j'atteignais un plateau, les autres progressaient. J'ai compris que je ne pouvais m'asseoir sur ce que j'avais fait avant. Il faut continuer de pousser.»

Changement de rôle

Deux incidents impliquant Price et l'un de ses coéquipiers résument bien le changement de cap du jeune gardien.

À la fin janvier, Andrei Markov l'a apostrophé au terme d'une défaite, contre les Blues de St. Louis. Il y a eu une petite altercation entre les deux après que Markov eut mis en doute ses efforts et son intensité.

Puis, au début du mois de mai, en pleines séries éliminatoires, c'est Price qui a reproché à Sergei Kostitsyn de tourner les coins ronds lors d'un l'entraînement matinal.

«Après l'histoire avec Markie, j'ai fait un genre d'inventaire dans ma tête, a expliqué Price. Je pensais jusque-là que je travaillais fort. Mais j'ai réalisé que je devais prendre une décision.

«J'ai décidé que si les choses étaient pour ne pas fonctionner, ce ne serait jamais par manque d'effort. Et j'ai voulu que ce soit le plus clair possible auprès de mes coéquipiers.

«Même si je ne jouais pas, j'ai travaillé fort durant les deux derniers mois et j'ai soutenu mes coéquipiers.

«C'est l'une des meilleures décisions que j'aie jamais prises. Je peux retourner chez moi cet été avec la tête haute.»

Devenu un homme

Une telle démarche explique pourquoi, lors de sa conférence de presse de fin de saison, Jacques Martin a dit de Price qu'il avait gagné le respect de ses coéquipiers.

«Ce qui rend Carey si bon, c'est qu'il a une telle fougue, a expliqué Hal Gill. Seulement, il fallait qu'il apprenne à la canaliser.

«En séries, il a été tellement engagé au sein de l'équipe. Je me souviens qu'à Pittsburgh, il était furieux de ne pas pouvoir s'asseoir au banc avec le reste de l'équipe, il devait rester dans le couloir de l'autre côté.

«Ça en dit beaucoup. Il encourageait Jaro et il était très actif dans sa façon de le faire.»

«Dans les deux derniers mois, Carey est devenu un homme», affirmait même un autre joueur, lundi à Philadelphie.

Price n'avait jamais été placé dans un rôle de gardien substitut. Ça a été une leçon d'humilité. De sorte qu'aujourd'hui, ce qu'il dégage est à des années-lumière du Carey Price qui s'était présenté sur le podium, au bilan de l'an dernier, avec la mine renfrognée et la casquette lui voilant les yeux.

«J'ai passé mes saisons de 20, 21 et 22 ans à Montréal et je suis excité à l'idée de continuer, a dit Price. J'ai encore un tas de choses à apprendre.»