Pierre Boivin ne sera plus le président du Canadien à compter du 30 juin 2011.

Il cédera sa place au nouveau propriétaire de l'équipe, Geoff Molson, qui tenait à assumer cette fonction. Boivin restera en poste pour la prochaine saison afin d'assurer la transition. Il demeurera ensuite membre du conseil d'administration de l'organisation montréalaise.

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Embauché le 2 septembre 1999 par Molson inc. pour succéder à Ronald Corey, Pierre Boivin laisse un héritage intéressant. Son règne n'a pas été marqué par la stabilité puisque l'équipe a connu quatre directeurs généraux en 11 ans sous son autorité: Réjean Houle, André Savard, Bob Gainey et Pierre Gauthier. Sans compter six entraîneurs: Alain Vigneault, Michel Therrien, Claude Julien, Bob Gainey, Guy Carbonneau et Jacques Martin.

Les résultats du club ont été tantôt très bons, tantôt corrects. Le Canadien venait de connaître une saison difficile en 1998-99 avant son arrivée avec une fiche de 32-39-11, au dernier rang de sa division. Lors des neuf saisons suivantes, le Canadien a connu sept saisons gagnantes, et cinq participations aux séries éliminatoires lors des sept dernières années, dont un championnat de l'Association de l'Est en saison régulière et une participation au carré d'as le printemps dernier.

Parmi ses bons coups, on note la création de la Fondation du Canadien pour l'enfance. Depuis août 2000, cette Fondation a remis 10 millions de dollars à plus de 400 organismes venant en aide aux enfants défavorisés du Québec.

Pierre Boivin a aussi contribué à populariser le Canadien. Quand il a succédé à Ronald Corey en septembre 1999, le Tricolore était en perte de vitesse depuis plusieurs années. L'équipe avait échangé plusieurs joueurs populaires - Patrick Roy, Pierre Turgeon et compagnie - la relève était faible et les cotes d'écoute rachitiques.

L'équipe a procédé à une relance transitoire sous l'impulsion du nouveau DG André Savard, et un poste de VP marketing a été créé. Pierre Boivin n'a pas craint de s'entourer de gens forts et il a eu l'audace de nommer un génie du marketing, Ray Lalonde.

Les idées de Lalonde et une conjoncture favorable (les nouveaux règlements mis de l'avant par la LNH) ont permis de rendre le CH à la mode. On s'est bâti une clientèle plus jeune et très nombreuse. La marque de commerce de l'équipe a pris de la valeur.

Et le club aussi, par le fait même. George Gillett a acheté le Canadien et le Centre Molson pour 275 millions en 2001. Huit ans plus tard, la famille Molson a payé 575 millions pour le Canadien et le Centre Bell, une augmentation de 300 millions.

Geoff Molson, qui assiste actuellement à la Coupe du monde de soccer en Afrique du Sud, a souligné hier dans un communiqué l'apport de Pierre Boivin au fil des années.

M. Molson a tenu à souligner l'importance de la contribution de Pierre Boivin au succès de l'entreprise.

«Depuis son embauche par Molson inc., il y a 11 ans, Pierre a profondément transformé cette entreprise en la modernisant, en développant la ferveur et l'attachement de nos partisans, notamment lors des célébrations du centenaire de l'équipe, et en créant de la valeur dans toutes nos activités de sport et de spectacles.

«Il nous a assuré une loyauté et un appui indéfectibles depuis que nous sommes devenus propriétaires, et le conseil d'administration et moi-même apprécions grandement de pouvoir compter sur ses compétences, son expérience et sa collaboration au cours de cette année de transition pour assurer le succès du plan de relève.»

Joueurs francophones

Certains reprocheront à Pierre Boivin de ne pas avoir pu augmenter le nombre de joueurs francophones au sein du club, bien qu'il ait tenté d'acquérir avec beaucoup d'ardeur le capitaine du Lightning de Tampa Bay, Vincent Lecavalier, l'attaquant Daniel Brière, et qu'on ait obtenu au fil des ans les Alex Tanguay, Georges Laraque et Marc-André Bergeron.

Mais à l'heure actuelle, Maxim Lapierre, Benoît Pouliot et Mathieu Darche sont les seuls francophones au sein de l'équipe. Pierre Boivin s'est toujours défendu en affirmant qu'il était extrêmement difficile de combler les attentes des gens à cet égard dans un milieu extrêmement compétitif.

On verra si Geoff Molson sera plus sensible à cette question.