Le Canadien de Montréal fait une «grosse erreur» en remplaçant son président Pierre Boivin au terme de la prochaine saison, selon son homologue des Maple Leafs de Toronto, Richard Peddie. Le nom de Pierre Boivin circule déjà afin de diriger une autre organisation de sport professionnel en Amérique du Nord.

«Je suis déçu que Pierre parte. La famille Molson fait une grosse erreur. Pierre est l'un des meilleurs présidents d'équipe de la LNH. Je crois qu'ils (les Molson) sous-estiment l'importance de sa contribution et comment il manquera au Canadien», a dit en entrevue à La Presse Richard Peddie, président et chef de la direction de Maple Leafs Sports and Entertainment (MLSE), entreprise qui détient les Maple Leafs (LNH), les Raptors (NBA) et le Toronto FC (soccer).

«Quand Pierre est arrivé avec le Canadien il y a 10 ans, l'équipe ne jouait pas bien et l'aréna n'affichait pas salle comble, continue Richard Peddie. Maintenant, le Canadien arrive numéro deux dans la Ligue au chapitre des revenus aux guichets (derrière les Maple Leafs). Vous ne vous départissez pas d'un homme d'expérience comme Pierre.»

Président du Canadien depuis 1999, Pierre Boivin cédera sa place à Geoff Molson au terme de la prochaine saison, en juin 2011. Geoff Molson est à la tête d'un groupe d'actionnaires qui a acheté le Canadien pour 575 millions de dollars l'an dernier. Pierre Boivin continuera à siéger au conseil d'administration du Groupe CH après son départ comme président de l'équipe.

Selon Richard Peddie, Pierre Boivin n'aura aucune difficulté à se trouver un autre emploi de premier plan dans l'industrie du sport professionnel en Amérique du Nord après la fin de son mandat chez le Tricolore. Son nom a d'ailleurs déjà commencé à circuler. «Pierre n'est pas au courant, mais une entreprise nord-américaine de sports et de divertissement que je ne nommerai pas m'a récemment demandé de lui suggérer cinq noms pour se trouver un PDG, dit Richard Peddie. Sur ma liste, Pierre est le candidat numéro un.»

À Toronto, Richard Peddie compte aussi sur un propriétaire passionné de sport à l'image de Geoff Molson : le magnat de l'immobilier Larry Tanenbaum, deuxième actionnaire en importance de MLSE avec 20,5%. La caisse de retraite Teachers' et la Banque TD détiennent respectivement 66% et 13,5% de MLSE, entreprise évaluée à 1,8 milliard US par le Toronto Star en 2008.

«Larry Tanenbaum connaît extrêmement bien l'industrie du sport, mais il ne voudrait jamais être le PDG de l'organisation. Il comprend bien ça», dit Richard Peddie, qui veille sur la destinée des Maple Leafs depuis 1998 et sur celle des Raptors depuis 1996. Même s'il est déçu du changement à la haute direction du Tricolore, le grand patron de MLSE souhaite bonne chance à Geoff Molson dans ses nouvelles fonctions.

«Je ne connais pas beaucoup Geoff, mais c'est un jeune homme brillant, dit Richard Peddie. Il y a quelques semaines, j'ai eu l'honneur de servir avec lui la première bière de notre nouveau bar sportif de Maple Leaf Square (un complexe immobilier près du Air Canada Center). Je lui souhaite la meilleure des chances.»

Excellentes relations

Malgré la rivalité Montréal-Toronto sur la patinoire, Richard Peddie a toujours entretenu d'excellentes relations avec Pierre Boivin. «Pierre et moi nous parlons souvent, dit-il. Nous sommes à l'aise d'échanger de l'information entre nous, notamment sur Leafs TV et sur Maple Leaf Square. Pierre m'a dit combien de profits le Canadien a faits cette année en séries (les Maple Leafs n'ont pas participé aux séries depuis cinq ans). Les gens à Toronto qui disent que nous ne voulons pas gagner parce que nous faisons déjà des profits oublient que gagner des championnats est excellent pour les affaires. J'ai souligné à Pierre que j'étais envieux («envious») de ses profits en séries en inscrivant un symbole de $ au lieu du "s"...»

Même s'il porte Pierre Boivin en haute estime, Richard Peddie ne s'est pas rangé derrière le Tricolore lors des dernières séries éliminatoires. «Quand les Leafs sont éliminés, j'arrête de regarder les matchs et d'encourager une équipe», dit-il.