Le DG et entraîneur du Junior de Montréal, Pascal Vincent, sait trop bien que sa nouvelle vedette, Louis Leblanc, sera évaluée par plusieurs selon le nombre des points qu'il obtiendra dans la Ligue de hockey junior majeur du Québec cet hiver. Mais sa grille d'analyse est bien différente.

«Le public et sans doute certains médias s'attarderont aux statistiques dans son cas, sauf qu'à nos yeux, les points seront secondaires, confiait Vincent hier matin à l'Auditorium de Verdun pendant que ses jeunes s'escrimaient sur la glace. Mais la perception des gens ne m'inquiète pas parce que Louis va en obtenir, des points. Notre objectif, cependant, demeure de l'amener à jouer un style qui lui permettra de connaître du succès dans la Ligue nationale. On veut qu'il devienne un bon joueur dans les trois zones et ça pourrait lui coûter des points. Si on le place uniquement dans des situations où il est confortable, il ne grandira pas. Amasser des points, c'est un seul aspect du match. Et ça peut être facile d'en obtenir. On peut traîner à la ligne bleue adverse, se spécialiser en supériorité numérique mais si on termine le match à -3, je ne suis pas convaincu que l'équipe de la LNH qui l'a repêché sera heureuse, et nous non plus d'ailleurs...»

C'est sans doute pourquoi certains grands compteurs dans les rangs juniors n'arriveront jamais à percer, contrairement à certains athlètes qui amasseront moins de points qu'eux.

«Peu de gens portent attention aux tirs bloqués, aux passes complétées, au niveau d'intensité ou encore au niveau d'exécution, poursuit l'entraîneur. Il n'y a pas de statistiques sur le nombre de revirements provoqués par un échec avant soutenu. La plupart ouvrent le journal le lendemain seulement, ou regardent les statistiques sur l'internet. Les entraîneurs d'aujourd'hui dans la Ligue nationale veulent des joueurs fiables défensivement, à moins que le joueur n'amasse 100 points par année. On ne veut pas faire de Louis un joueur défensif, mais on veut ajouter des cordes à son arc.»

Le pari a payé

La direction du Junior de Montréal a pris un risque cet été en cédant Guillaume Asselin et un choix de première ronde au repêchage aux Saguenéens de Chicoutimi pour obtenir Leblanc puisqu'elle n'avait pas l'assurance que celui-ci quitterait le Crimson Tide d'Harvard. Mais le pari a payé.

«Je n'ai jamais dirigé un joueur comme lui, lance Vincent. Il est unique. On le compare souvent à Mike Richards, des Flyers de Philadelphie. Ils se ressemblent à beaucoup d'égards, surtout la fougue. Louis Leblanc, c'est une boule de feu, tout le temps. Ce qui m'a étonné le plus chez lui à son arrivée avec nous, c'est la vitesse à laquelle il pouvait décocher ses lancers. Je comprends pourquoi il a obtenu autant de points par le passé. Et sa qualité première, c'est l'échec avant. Il est l'un des meilleurs, sinon le meilleur que j'ai vu en poursuite de rondelle. Et son comportement est exemplaire, autant sur la glace qu'à l'extérieur. Le jeune homme a un plan, il sait où il va.»

Pascal Vincent, qui est entre autres assisté de Joël Bouchard, a déjà identifié certains aspects sur lesquels il voudra travailler avec le premier choix du Canadien en 2009.

«C'est un vrai cheval de course, il veut tout le temps aller très vite. C'est une qualité, mais il y a des moments sur la glace où il doit ralentir. Il faudra lui apprendre à se retenir dans certaines situations, non seulement lire le jeu, mais bien s'adapter à ce qui se passe devant lui. Le fait de jouer des matchs l'aidera. On peut pratiquer à tous les jours, mais l'examen c'est le match. Comme par exemple quand on mène 2-1 et qu'on doit gagner une mise en jeu dans notre zone dans la dernière minute. On peut le pratiquer mille fois, mais on doit être mis dans une situation d'exécuter. Son coffre d'outils est rempli, mais on veut le remplir encore davantage. On va l'utiliser au centre, à l'aide, en infériorité numérique, en supériorité numérique. Il va être placé dans des situations particulières pour qu'il grandisse comme joueur de hockey et comme individu.»

Impact sur la vente de billets

L'arrivée de Louis Leblanc a eu un impact immédiat sur la vente de billets. «Notre président Martin Routhier me disait que cinq de nos dix premiers matchs allaient être disputés à guichets fermés. L'an dernier, je pense que nous en avons eu trois ou quatre au total. Il recevra beaucoup d'attention du public mais c'est à nous de le guider dans cet environnement-là et à l'interne, il ne sera pas traité différemment des autres joueurs, il fera partie d'une équipe.»