Son nom? Brendan Gallagher, des Giants de Vancouver. Modeste choix de cinquième ronde du Canadien cet été. A-t-il un avenir dans le hockey professionnel? Difficile à dire. Habituellement les attaquants de 5'7 et 168 livres sont destinés à la Ligue américaine ou à la Ligue de la côte Est.

Mais ce Gallagher pique la curiosité. Obtenir 81 points, dont 41 buts, en 72 matchs dans la très compétitive Ligue junior de l'Ouest à seulement 17 ans est digne de mention. Sans compter 111 minutes de punition, dont plusieurs à la suite de combat contre des adversaires un peu impolis à son endroit, et une invitation de l'équipe canadienne junior.

Gallagher a obtenu 16 buts et 12 points de plus que le quatrième choix au total cette année, Ryan Johansen, repêché par les Blue Jackets de Columbus. Mais Johansen mesure 6'2 et possède beaucoup plus de vitesse. Les clubs préfèrent ne pas gaspiller des choix de qualité avec des joueurs comme Gallagher.

«Je suis même surpris qu'on l'ait repêché à cause de son gabarit», a dit son entraîneur à Vancouver, Don Hay, qui a dirigé les Coyotes de Phoenix et l'équipe canadienne junior en 1995.

Certains, comme Corey Locke, repêché par le Canadien en 2003, ou Steve Kariya, ne percent jamais. D'autres, comme Martin St-Louis ou Theoren Fleury, font mal paraître les recruteurs.

«Je suis heureux que le Canadien lui ait donné une chance, a affirmé Hay. On l'a dénigré partout où il est passé parce qu'il était petit. Mais il a toujours fait mentir tout le monde. Il a terminé parmi les meilleurs compteurs de son équipe à chaque niveau.»

Gallagher ne s'est même pas présenté au repêchage à Los Angeles. «J'ai suivi le repêchage à la maison avec ma famille sur NHL Network», a-t-il expliqué après le match simulé des espoirs du Canadien, hier au Complexe sportif Bell de Brossard, où il a encore montré de belles choses malgré son jeune âge.

«Mais le réseau de télévision a arrêté la retransmission après la quatrième ronde alors j'ai appris que j'avais été repêché par le Canadien en recevant l'appel de mon agent. C'était un moment très excitant quand même!»

Certains reconnaissent déjà son talent. Cet été, la direction de l'équipe canadienne junior l'a invité à son camp de perfectionnement en prévision du Championnat mondial, un fait plutôt rare pour un choix de cinquième ronde (Gallagher est le joueur repêché le plus tardivement parmi les attaquants et les défenseurs présents à ce camp).

«La nouvelle m'a renversé parce que je ne m'y attendais pas du tout, mentionne le jeune homme, dont la candeur et l'affabilité sont rafraîchissantes. Mais une fois arrivé au camp, ça s'est bien passé. J'ai pu me mesurer avec des joueurs de mon âge et j'ai bien fait.»

Quand on demande à Don Hay à quel joueur de la LNH on peut comparer Gallagher, l'entraîneur y va d'une réponse étonnante. «Martin St-Louis», a-t-il rétorqué.

Le compliment n'est-il pas exagéré, compte tenu du fait que la vitesse constitue l'un des principaux atouts de St-Louis, mais la principale lacune de Gallagher? «Ils ont le même gabarit et ils marquent la majorité de leurs buts lorsqu'ils se trouvent à proximité du filet adverse. Ça prend beaucoup de courage pour se rendre dans cette zone et Brendan en possède énormément. C'est ce qui me fait dire qu'il va percer. Son talent ne fait pas de doute, mais il a aussi une volonté à toute épreuve. Son coup de patin s'améliore à chaque année. C'est un grand travaillant, à l'extérieur comme sur la patinoire. Il a les atouts pour jouer dans la Ligue nationale.»

Gallagher est conscient qu'il doit améliorer sa vitesse. «L'entraînement estival est crucial pour moi parce que tous les joueurs sont rapides et costauds ici. Si j'améliore ma vitesse à chaque année, j'ai une chance d'atteindre la LNH.»