Miné par un cancer des poumons qu'il combat avec la force et la fougue qui l'ont toujours caractérisé, Pat Burns n'est pas mort.

L'ancien entraîneur-chef du Canadien, des Maple Leafs de Toronto, des Bruins de Boston et des Devils du New Jersey avec qui il a soulevé la Coupe Stanley en 2003 s'est assuré de le rappeler, réagissant avec véhémence à l'annonce prématurée de son décès, vendredi matin.

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L'annonce a pris naissance sur l'internet, avant de se propager par le biais de plusieurs sites d'information et réseaux sociaux au cours de la matinée.

«Ils veulent me tuer avant que je sois mort», a vociféré Pat Burns lorsqu'il a joint l'animateur Michel Langevin, avec qui il a travaillé à CKAC du printemps 2007 jusqu'à ce que son état de santé l'oblige à abandonner ses chroniques quotidiennes à l'émission Sports du lit, l'hiver dernier.

Après son fils Jason, le premier à nier la mort de son père dans le cadre d'une entrevue accordée à la CBC, Pat Burns a senti le besoin de s'impliquer également. Il l'a fait en contactant Michel Langevin et aussi le chroniqueur Bob McKenzie, de TSN, amis de longue date de l'ex-entraîneur-chef aujourd'hui âgé de 58 ans.

Le réseau TSN a contribué à la propagation de cette rumeur en confirmant d'abord le décès de Burns, puis en publiant un texte relatant les grands moments de sa carrière. Cet article a par la suite été retiré du site pendant que les rectificatifs se mettaient à tomber sur Twitter, principal canal de diffusion de la fausse nouvelle vendredi.

La grosse voix du bon vieux Pat

«J'attendais l'appel de Jason lorsque j'ai vu apparaître le nom de Pat sur mon téléphone, assurait Michel Langevin lorsque joint par La Presse. J'ai donc été très surpris d'entendre sa voix au bout du fil. Et ce n'était pas la petite voix fragile d'un gars malade. Non! C'était la grosse voix solide du bon vieux Pat qui était en beau maudit: «Ramène le monde à l'ordre un peu. Dis à tout le monde que je suis bien vivant», qu'il m'a alors demandé.»

Dans l'un des messages qu'il a publiés sur Twitter, Bob McKenzie a aussi ajouté une phrase dans laquelle Pat Burns soutient que son état de santé est bien meilleur que certains voudraient le laisser croire.

«Je viens au Québec pour être avec ma famille et ils lancent que je suis mort. Eh bien, je ne suis pas mort. Loin de là. Mais bon, ils annoncent ma mort depuis le mois de juin», a mentionné Burns au collègue de TSN.

L'annonce erronée du décès de Pat Burns a entraîné une série de réactions.

«J'étais à Sherbrooke pour une conférence de presse et j'avais huit messages sur mon cellulaire. On me demandait des réactions sur sa mort. Et là, j'apprends qu'il est bien vivant», a lancé Serge Savard, le directeur général qui a permis à Burns de faire le saut dans la LNH.

Cliff Fletcher, son patron à Toronto, s'est aussi fait prendre alors qu'il a été cité, en matinée, commentant le décès de son ancien coach.

«J'offre toutes mes excuses à Pat et aux membres de sa famille. J'ai été mal informé et mes commentaires étaient déplacés. Je continue à souhaiter le meilleur à Pat et il reste dans nos pensées», a déclaré Fletcher en après-midi aux collègues de La Presse Canadienne.

Appels multipliés

Si les sorties de Burns confirment qu'il est en relative bonne forme et encore très vif d'esprit, il est vrai qu'une série d'appels effectués au cours des derniers jours ont soulevé bien des questions.

Burns a contacté plusieurs proches amis, anciens joueurs et compagnons de travail pour échanger avec eux. Un geste interprété par certains comme un dernier au revoir.

Il a discuté avec son patron chez les Devils, Lou Lamoriello, les joueurs Scott Gomez et Brian Gionta du Canadien, qu'il a dirigés au New Jersey, et plusieurs collaborateurs avec qui il a travaillé entre deux emplois d'entraîneur dans le monde médiatique québécois.

Jeudi, au Club de golf Laval-sur-le-Lac où le Canadien tenait son tournoi de golf annuel, le nom de Pat Burns était d'ailleurs au centre de plusieurs conversations.

Seul entraîneur-chef de l'histoire de la LNH à avoir remporté le trophée Jack-Adams (entraîneur-chef de l'année) avec trois équipes différentes - 1990 à Montréal, 1993 à Toronto, 1998 à Boston -, Pat Burns a pris sa retraite en 2005.

Il a d'abord combattu un cancer du côlon et un autre qui s'est attaqué au foie. Après un répit qui lui a permis de se retrouver derrière le banc d'Équipe Canada au Championnat du monde de 2008 et de garder son poste de dépisteur professionnel avec les Devils, le cancer est revenu le hanter l'an dernier, s'attaquant cette fois à ses poumons.