Aussi attrayant qu'il puisse être, le système de jeu dynamique et axé sur l'offensive qu'enseignait Guy Boucher à Hamilton n'était pas le plus compatible avec celui prôné à Montréal.

Le DG Pierre Gauthier s'est donc chargé de le remplacer à la barre des Bulldogs par un entraîneur qui poursuivrait dans la Ligue américaine les enseignements de Jacques Martin.

C'est à Randy Cunneyworth, ancien capitaine des Sénateurs d'Ottawa pendant quatre ans sous Martin, que le mandat a été confié.

«Je respectais beaucoup Jacques, ce qu'il apportait et ce qu'il représentait», nous a expliqué Cunneyworth, qui était entraîneur-adjoint avec les Thrashers d'Atlanta lors des deux dernières saisons.

«C'est un individu avec de la classe qui commande le respect. Ce n'est pas une mauvaise chose que d'être similaire à ce qu'est Jacques Martin.»

L'homme de 49 ans a eu besoin de se familiariser de nouveau avec son système de jeu. Un système qui, somme toute, n'a pas beaucoup changé depuis les jours où Cunneyworth lui-même l'exécutait à Ottawa.

«C'est un style de jeu basé sur la responsabilité où tout le monde soutient tout le monde, a résumé le nouveau pilote des Bulldogs. C'est un système où l'on crée plusieurs options pour faire avancer la rondelle et qui demande que chacun soit à la bonne place.

«Nous allons jouer contre les mêmes équipes tellement souvent que ce sera utile de pratiquer de temps à autre un style différent pour éviter que nos adversaires ne s'adaptent trop. Mais en toile de fond, on va copier ce que fait Jacques à Montréal.»

À Hamilton sans d'autres visées

Il y a deux ans, le règne de Don Lever à Hamilton s'était terminé quand le Canadien avait reconnu qu'il ne pouvait aspirer au poste d'entraîneur-chef à Montréal car il n'avait aucune connaissance du français.

Cunneyworth, lui, rêve-t-il de prendre place un jour derrière le banc du Tricolore?

«Des gens m'ont déjà parlé (du cas Don Lever), mais je ne m'inquiète pas de ce genre de chose, a-t-il répondu. Je suis ici pour travailler avec les Bulldogs de Hamilton et je ne regarde pas plus loin.»

La Ligue américaine ne sert pas seulement à développer des joueurs, mais aussi des entraîneurs. Or, au tournoi de golf du Canadien, Pierre Gauthier a minimisé la filiation qu'il peut y avoir entre l'état-major d'une équipe de la LNH et celui de son club-école.

«Il ne faut pas se faire d'illusion, toute la ligue est notre relève, a plaidé Gauthier. J'ai fait mes classes ailleurs, tout comme Jacques Martin, et c'est le cas de nombreux autres dirigeants francophones. De la même manière, Guy Boucher est parti et il a été une relève pour une autre équipe.

«Randy est un très bon coach. C'est un ancien capitaine, un professionnel, et il va nous aider beaucoup dans le développement de nos jeunes joueurs.»

Cap sur Terre-Neuve

Non, Cunneyworth ne semble pas avoir de visées à long terme. Il a accepté l'offre du Canadien pour des motifs bien terre-à-terre.

«J'aime ça avoir un emploi» a dit avec le sourire celui qui n'a pas été épargné, au mois d'avril, par le grand ménage effectué par Rick Dudley à Atlanta.

Cunneyworth revient dans la LAH où il a été entraîneur-chef pendant huit ans. L'ancien pilote des Americans de Rochester ne voit pas cela comme un pas en arrière.

«Cela fait partie d'un processus d'apprentissage, a-t-il dit. Peu importe le niveau, on ne cesse jamais d'apprendre.»

Cunneyworth sera secondé par l'ancien défenseur Randy Ladouceur, avec qui il s'était lié d'amitié avec les Whalers de Hartford.

Les deux hommes emmenaient mardi matin tout un contingent de joueurs à Terre-Neuve pour la suite du camp d'entraînement des Bulldogs.

«Il y a peut-être des gars déçus d'avoir été retranchés, mais ces jeunes-là ont surtout hâte de jouer et de démontrer soir après soir de quoi ils sont capables», a soutenu Cunneyworth.

Ceux-ci disputeront trois matchs préparatoires durant ce périple et devraient recevoir en cours de route le coup de main des derniers joueurs rétrogradés par le Tricolore.