Le jeune Alexander Avtsin a été cédé aux Bulldogs de Hamilton, lundi, en compagnie de 15 autres joueurs. Ce n'était pas une surprise. En revanche, le fait qu'Avtsin n'ait pris part à aucune rencontre préparatoire en a étonné plusieurs.

Jacques Martin a brièvement évoqué, lundi soir, la blessure au poignet qui avait retardé sa progression, mais a spécifié du même souffle que celle-ci avait été bien traitée.

Il semble donc que cette blessure, qui avait mis fin prématurément à la saison d'Avtsin avec le Dynamo de Moscou, ne soit pas en cause.

Ce qui l'est davantage, c'est qu'Avtsin devait se familiariser avec plusieurs composantes du hockey nord-américain avant d'être jeté dans le feu de l'action.

On parle ici d'un talent à l'état brut. Très brut.

«Il a des habiletés et une vitesse incroyables en plus d'avoir un bon physique», a rappelé Randy Cunneyworth, l'entraîneur-chef des Bulldogs de Hamilton.

«C'est un joueur complet, sauf qu'il ne connaît pas les scénarios professionnels. Il va devoir apprendre à gérer son expérience chez les pros.

Et il verra rapidement à quel point les joueurs de la Ligue américaine peuvent être bons et intelligents.

«À ce niveau-ci, tu ne dois pas seulement être conscient de ta propre situation sur la glace, mais de celle des autres autour de toi.» Cette dernière phrase est révélatrice.

Engagé et enthousiaste

Puisqu'il s'agit d'un projet à long terme, le Tricolore préfère publiquement mettre l'accent sur l'enthousiasme d'Avtsin plutôt que sur ses manques.

«Il n'a pas été une déception, a assuré Jacques Martin. On aime ce qu'on a sous la main. Il n'a que 19 ans. En l'envoyant chez les Bulldogs, il aura l'opportunité de jouer dès cette semaine à Terre-Neuve.

«Il promet beaucoup pour l'organisation. Nous sommes encouragés par ses améliorations en anglais et par son engagement envers sa carrière.»

Cunneyworth a raconté que le groupe d'entraîneurs au camp du Canadien avait noté le sourire accroché à son visage.

«Il y a plusieurs joueurs russes qui sont tout le contraire, qui ne montrent pas leurs émotions. Mais Avtsin est plus extroverti. On voit qu'il a du plaisir à jouer au hockey.»

Le Junior plaide sa cause

Le Canadien est catégorique: Alexander Avtsin va jouer chez les professionnels. Il n'est pas question qu'il retourne dans les rangs juniors, même s'il devait éprouver des problèmes dans une ligue d'hommes.

Cela n'empêche pas Pascal Vincent, DG et entraîneur-chef du Junior de Montréal, de faire des démarches auprès de la Ligue canadienne afin de récupérer les droits qu'il avait perdus sur Avtsin.

Juste au cas où...

«Un Européen qui ne joue pas pendant une saison complète dans le hockey junior est transféré sur une frozen list constituée de joueurs qui appartiennent à ton équipe, a expliqué Pascal Vincent.

«Or, la LCH nous a demandé d'abandonner nos droits sur lui car il est dit quelque part dans le règlement qu'un joueur est admissible à la frozen list seulement si c'est pour l'équipe qui l'a repêchée.

«On conteste cette interprétation parce que même si ce sont les Remparts qui l'ont repêché, il a passé beaucoup plus de temps au sein de notre organisation.»

Les Remparts de Québec avaient repêché Avtsin le 30 juin 2009 et, dès le mois d'octobre suivant, alors qu'il avait entrepris sa saison avec le Dynamo, ses droits avaient été cédés au Junior.

Pascal Vincent estime que cela prendra plusieurs semaines avant que Gilles Courteau ne lui revienne avec un verdict.

Mais même s'il ne déplairait pas voir Avtsin aux côtés de Louis Leblanc, toutes ces démarches risquent en bout de ligne de n'avoir servi à rien.