Il faudra plus que 17 arrêts sur 19 tirs et la victoire de lundi aux dépens des Panthers de la Floride pour dissiper tous les doutes qui alourdissent les jambières de Carey Price.

Bien plus!

Car pendant que Price et ses coéquipiers profitaient, hier, d'un premier congé depuis l'ouverture du camp, des partisans croisés ici et là semblaient loin d'être rassurés.

«Pis: Carey Price?» a lancé un gourou du BlackBerry joint pour rétablir les communications déficientes du petit appareil.

«Carey peut-il passer à travers?» se demandait un golfeur à la recherche de spéciaux de fin de saison.

«Est-il assez fort entre les deux oreilles?» a ajouté une dame sans détourner le regard de la grosse machine qui gobait une à une les canettes d'aluminium qu'elle lui offrait.

Comment faire oublier Halak?

Si les questions sont faciles à formuler, les réponses sont beaucoup plus difficiles à donner.

Même qu'il est permis de se demander ce que Carey Price devra accomplir pour faire oublier Jaroslav Halak. Un défi qu'il devra impérativement relever s'il espère regagner le coeur et la confiance des partisans.

Permettre au Canadien d'accéder aux séries? Maintenir une moyenne oscillant autour des deux buts accordés par match et un taux d'efficacité de 91,5%?

Est-ce que l'un ou l'autre de ces exploits suffira?

Ou est-ce qu'une présence dans le carré d'as, présence assurée par la tenue de Halak le printemps dernier, demeurera la base de référence?

Si tel devait être le cas, cela voudrait dire que seule une accession à la grande finale, voire une conquête de la Coupe Stanley - un trophée Conn Smythe avec ça... - permettrait à Price de redevenir la bonne affaire qu'il était avant d'être supplanté par Halak.

On est donc loin du but avec cette victoire de lundi aux dépens des Panthers. Mais bon! C'est un départ.

Petits détails, immenses conséquences

La victoire de lundi ne voulait rien dire. C'est vrai. Mais elle était néanmoins essentielle.

Pas seulement pour calmer les ardeurs des détracteurs de Price et éviter que d'autres ne viennent gonfler ce groupe déjà imposant.

Elle était essentielle pour freiner le découragement du jeune gardien et surtout le doute qui aurait pu alors se pointer dans le vestiaire.

Sur la galerie de presse, des dépisteurs commençaient d'ailleurs à s'attarder au travail du gardien. Car c'est le rôle de ces espions de relever les forces et les faiblesses des équipes qu'ils épient.

Et sur les 10 buts accordés par Price aux Bruins de Boston et aux Sénateurs d'Ottawa, une constante revenait: on servait d'abord une feinte de tir au gardien rapide à se compromettre avant de le contourner sur sa gauche.

Un détail? Peut-être.

Mais ce sont justement des détails, aussi petits soient-ils, qui font la différence entre un gardien au sommet de son art et un autre qui semble incapable de réaliser le moindre arrêt.

Et c'est là une caractéristique propre à Carey Price.

Lorsqu'il est en forme, confiant, il est immense devant son but.

Lorsqu'il se fait passer un sapin, ce qui arrive même aux meilleurs, il perd équilibre, concentration et confiance, dans l'ordre ou le désordre, et devient petit devant sa cage. Suivent ensuite souvent, trop souvent, des buts en cascade.

Price le sait. Ses coéquipiers le savent. Leurs adversaires aussi.

Et n'en doutez pas une seconde: cette lacune est soulignée en bleu, blanc et rouge dans les plans de match des équipes qui se préparent à croiser le Canadien.

Groulx a du travail à faire

C'est sur cet aspect particulier, en plus de tous les autres qui sont plus techniques, que Price devra travailler.

Mais il n'y arrivera pas seul. Il aura besoin de ses coéquipiers. Il aura aussi besoin de Pierre Groulx, l'entraîneur des gardiens.

Beaucoup plus discret que son prédécesseur avec le Canadien, Roland Melanson, Pierre Groulx est débarqué à Montréal dans l'ombre de Jacques Martin avec qui il travaillait en Floride.

Groulx a toutes les qualités requises pour faire le travail. Il a surtout su gagner la confiance de Carey Price et établir une complicité avec son gardien. Une complicité essentielle. Une complicité qui n'existait plus entre Price et Melanson.

À l'aube d'une saison qui sera difficile pour Price, car les partisans ne lui pardonneront rien, ou pas grand-chose, Groulx aura un rôle primordial à remplir.

Il devra bien le préparer, bien sûr. Mais il devra surtout calmer son gardien, garder à leur maximum ses niveaux de confiance et de concentration en plus de minimiser les contrecoups d'une contre-performance, ou deux, pour s'assurer que la glissade ne se prolonge jamais ou très rarement.

Car si elle devait se prolonger, le Canadien serait alors obligé de faire appel à Alex Auld. Sans vouloir lui manquer de respect, on est loin de la cavalerie. Ou de Jaroslav Halak!