Normalement, lorsqu'un joueur répond «it is what it is» à une question - l'équivalent anglais de «c'est ça qui est ça» - c'est qu'il n'a pas grand-chose à dire sur le sujet.

Michael Cammalleri, ça se sentait, aurait eu bien des choses à dire au sujet de sa suspension d'un match. Mmais il a préféré ravaler ses paroles.

«Mon opinion vaut bien celle de quelqu'un d'autre, et la seule qui avait une valeur dans ce cas-ci, c'était celle de la ligue», a commenté Cammalleri, mardi, au terme de l'entraînement du Canadien.

«Alors je vais me concentrer sur le match de samedi à Pittsburgh et soutenir mes coéquipiers jeudi à Toronto.»

Cammalleri était encore irrité par la décision de la ligue de le suspendre pour le coup de bâton au visage qu'il a asséné à Nino Niederreiter, des Islanders de New York, et pour celui au mollet qu'il lui a servi ensuite.

Il avait de toute évidence ses raisons pour agir ainsi, mais il a préféré ne pas jeter de l'huile sur le feu en les expliquant.

«Ça ne ferait de bien à personne de reparler de cet incident», a plaidé l'attaquant de 28 ans, Est-il repentant pour son geste?

Il y a eu un long silence.

«Pour certaines raisons, oui», a répondu Cammalleri en refusant d'élaborer.

Certes, l'attaquant du Tricolore serait mal placé pour dire qu'il ne regrette rien, mais il sera intéressant de voir, lors de la visite des Islanders à Montréal, le 27 octobre, quelle réplique les joueurs du Canadien donneront au jeune Niederreiter, qui s'est permis quelques libertés dans le match de samedi dernier.

Garder la tête froide

Cammalleri a un côté compétitif qui le rend intense. Mais il dit avoir travaillé sur lui-même afin de garder la tête froide dans le feu de l'action.

«J'aime à croire que je suis un gars qui ne perd pas ses moyens, a-t-il indiqué. J'ai beaucoup travaillé là-dessus parce que c'est le genre de chose qui fait de toi un meilleur joueur.»

Cammalleri avait déjà eu un sursaut d'agressivité lorsqu'il portait les couleurs des Flames de Calgary, il y a deux ans. Mais selon lui, le coup de coude au visage qu'il avait asséné à Martin Havlat, durant les séries éliminatoires de 2009 - et pour lequel il n'avait pas été sanctionné - n'a pas joué dans la décision de Colin Campbell de le suspendre lundi.

«Ça n'avait pas été revu par la ligue, a-t-il d'ailleurs précisé. Je n'ai jamais eu d'appel à ce sujet.»

L'affaire est donc close. Il ne reste plus pour Cammalleri qu'à souffrir un peu en regardant jouer ses coéquipiers dans sa ville natale.

«Je n'irai pas prétendre que je n'étais pas excité à l'idée de commencer la saison à Toronto, a reconnu le franc-tireur. Je ne pense pas m'être déjà mieux senti physiquement et mentalement à l'aube d'une saison, et jouer à Toronto revêt toujours un cachet spécial pour moi.

«Ça va être un match difficile à regarder de la galerie de presse.»

Eller en relève

Le forfait de Cammalleri a ouvert la voie à Lars Eller pour se retrouver à la gauche de Tomas Plekanec et d'Andrei Kostitsyn, jeudi soir face aux Maple Leafs.

À l'entraînement de mardi, à Clermont, Cammalleri avait été relégué aux trios de réservistes avec Ben Maxwell et Ryan White.

Le temps d'un match, Eller aura donc la chance d'évoluer sur un trio offensif et de démontrer qu'il mérite un poste régulier sur l'un des deux premiers trios.

«Si je joue bel et bien avec ce trio, ce sera certainement une belle opportunité pour moi, a admis le jeune Danois.

«Il y a beaucoup de choses que je puisse apprendre d'un gars comme Plekanec. C'est un joueur que j'estime: il prend toujours les bonnes décisions, il se crée du temps pour faire ses jeux...»

Eller ne s'est dit nullement dérangé par le fait que Jacques Martin l'avait saupoudré un peu partout au sein de sa formation depuis le début du camp d'entraînement

«Je m'attendais à cela, a dit le jeune homme. C'est un beau défi pour moi que de découvrir à quel endroit je suis à même de contribuer le plus.»

Les trois nouveaux venus à l'attaque chez le Canadien - Eller, Dustin Boyd et Jeff Halpern - ont en commun le fait qu'ils ont la polyvalence nécessaire pour jouer autant au centre qu'à l'aile.

Aux yeux d'un entraîneur, cela les rend d'autant plus attrayants.

Photo: Bernard Brault, La Presse

Lars Eller