Plusieurs ont froncé les sourcils l'été dernier en apprenant que les Blackhawks de Chicago avaient embauché le gardien Marty Turco après avoir largué Antti Niemi.

Le Finlandais venait pourtant de les mener à la conquête de la Coupe Stanley tandis que Turco, à 35 ans, avait connu deux saisons difficiles avec les Stars de Dallas.

Mais Turco touchera seulement 1,3 million cette saison, tandis que Niemi avait obtenu 2,75 millions en arbitrage. Pour un club coincé par le plafond salarial, il n'y avait pas mille solutions.

Reste à savoir si Turco peut tenir le fort comme l'a si bien fait Niemi. Après une longue et brillante carrière à Dallas, Turco a vu sa moyenne de buts alloués gonfler ces derniers hivers. À sa défense, son taux d'arrêts s'est stabilisé l'an passé.

«Il n'a pas eu de bonnes années, mais son équipe était moins forte, note l'entraîneur des gardiens des Blackhawks, Stéphane Waite. Quand Nikolai Khabibulin est arrivé à Chicago après avoir remporté la Coupe à Tampa, tout le monde disait qu'il avait de la misère, mais on n'avait pas grand-chose comme équipe. Le changement arrive au bon moment pour Marty. Il avait besoin d'un nouveau défi. Il est heureux d'être ici, content de changer de décor.»

Waite a découvert un homme détendu, sociable et aimable. «J'aime beaucoup le gars. J'adore jaser avec lui. Il parle beaucoup à nos jeunes, surtout (l'autre gardien) Corey Crawford. Il aime détendre l'atmosphère.»

Une technique peu orthodoxe

Turco, qui a subi deux défaites, dont une en prolongation, à ses deux premiers départs à Chicago (sept buts alloués), a un style de jeu bien particulier, Waite en est bien conscient.

«Je ne le changerai pas à 35 ans. Il possède sa propre technique. On va travailler sur ses forces. Il se fie principalement à sa rapidité. Il a connu du succès de cette façon-là. C'est un gardien qui réagit au tir, contrairement aux gardiens de grande taille au style papillon qui se positionnent bien et se laissent frapper par la rondelle. Marty - je l'appelle Martin à la blague - défie l'adversaire, il sort de son demi-cercle et se fie davantage à ses réflexes qu'à sa technique. Il aime prendre des risques et il est imprévisible.»

De tels gardiens vieillissent cependant mal, généralement. «J'ai été impressionné par sa forme physique, répond Waite du tac au tac. À 35 ans, il est encore très rapide, il va durer encore quelques années.»

Le gardien d'avenir

Mais le gardien d'avenir chez les Blackhawks est originaire de Montréal, il a 25 ans, a joué pour les Wildcats de Moncton, s'appelle Corey Crawford et sera l'autre gardien à Chicago cet hiver.

«Il a finalement eu sa promotion et c'est pleinement mérité, dit Waite. Il a passé quatre ans dans les mineures, ne s'est jamais plaint, et il a connu de très bonnes années dans la Ligue américaine où il a gagné beaucoup de matchs. Il ne peut pas être plus prêt. Il possède une excellente technique et il est très rapide pour un gardien de 6 pieds 2 pouces. Sa vitesse lui permet d'être bien positionné en situation de retour de tir. Je l'adore. À la fin du camp d'entraînement l'an passé, on a d'ailleurs presque tiré à pile ou face entre Niemi et lui pour le poste de second gardien tellement il avait connu un bon camp. On a finalement opté pour Niemi parce qu'il aurait fallu le soumettre au ballottage en cas de rappel des mineures, contrairement à Corey.»

Stéphane Waite est surpris de constater que Crawford, un choix de deuxième ronde en 2003, est si peu connu chez lui au Québec.

«Même mes amis ne le connaissent pas. Il est de nature très discrète. Dans un monde idéal, je m'attends à ce que Marty dispute 50 matchs et Corey une trentaine. Mais Joel Quenneville aime faire jouer le gardien qui a du succès, peu importe lequel.»

Crawford a disputé le dernier match de l'équipe mercredi. Il a perdu 3-2 contre Nashville. Il aura sans doute l'occasion de se battre pour le poste de numéro un au cours de l'hiver.