Pendant que des millions de monstres, sorcières, gladiateurs, princesses et petits joueurs du Canadien frappaient aux portes en quête de friandises, Jacques Martin a profité de l'Halloween pour se poser des questions.

Le premier mois de la saison est déjà passé. Son club est-il vraiment solide ou s'est-il simplement déguisé en bonne équipe de hockey pour berner ceux, et ils sont nombreux, qui lui prédisaient l'enfer en 2010-2011? Carey Price s'est-il transformé en Jaroslav Halak le temps d'amadouer les partisans qui le huaient copieusement hier encore ou est-il redevenu le gardien qu'il devrait être? Maintenant que ces 11 matchs sont passés, Scott Gomez cessera-t-il de peaufiner le rôle de courant d'air qu'il a adopté depuis le début de la saison? Et Jaroslav Spacek va-t-il continuer de faire plus peur que tous les monstres croisés hier dans le noir en multipliant les passes dangereuses, les erreurs coûteuses?

L'ennui avec ces questions soulevées au fil des 11 premiers matchs est que seules les 11 prochaines rencontres permettront d'y répondre. Et encore...

Sauf que, dans certains cas, Martin ne peut plus attendre. Il doit réagir.

Le dossier le plus urgent est celui de Scott Gomez. Parce qu'au-delà de l'absence de contribution offensive de Gomez, et des ailiers qui évoluent avec lui, c'est son manque d'engagement qui est inquiétant.

Personne chez le Canadien, sauf peut-être le valeureux capitaine lui-même, ne perd de sommeil avec le fait que Brian Gionta n'a qu'un but et trois passes après 10 matchs. Il travaille, il bûche, il tire au filet - il domine le Tricolore avec 44 - et génère des occasions de marquer. Sauf qu'il ne marque pas.

«J'en suis rendu à souhaiter un but affreux. Un coup de chance. N'importe quoi pour faire tourner les choses en ma faveur», a plaidé Gionta après le match de samedi.

Dans le cas de Gomez, c'est différent. Il garde ses meilleurs élans pour son territoire et la zone neutre. Une fois à l'autre bout: rien. Ou si peu. Trop peu! Et Gomez n'a berné personne avec les six tirs récoltés samedi. Car un seul était digne de ce nom...

L'étau va se resserrer autour de Gomez. Il va défiler au bureau de l'entraîneur, il va passer plus de temps dans la salle vidéo et fera peut-être des heures supplémentaires au gymnase ou sur la glace. Mais la vraie pression, celle de sauter un match ou deux et non une présence ou deux, ne viendra pas, car il n'y a personne pour lui ravir son poste.

Non! Lars Eller n'est pas prêt. Et même si l'on se dit que David Desharnais ne pourrait que faire mieux, il est presque aussi difficile de croire à cette solution qu'au fait que Harry Potter lui-même a sonné à votre porte hier...

Si mille et une questions demeurent sans réponse après cet excellent début de saison, Jacques Martin peut être convaincu d'une chose: le sérieux de son équipe.

Samedi soir, c'est l'entraîneur-chef qui a dû insister sur le fait qu'une récolte de six points sur huit était satisfaisante. Car dans le vestiaire, ça sentait la déception d'avoir perdu contre l'équipe qui occupait la 30e position au classement général.

«Ce qui me fâche le plus, c'est que nous ne sommes pas passés à un autre niveau lorsqu'il aurait fallu le faire. On a gaspillé un cinq contre trois en début de troisième. On a gaspillé une autre attaque massive en fin de match. Les bonnes équipes ne gaspillent pas ces occasions. Et comme je considère que nous formons une très bonne équipe, on doit y voir», a indiqué Tomas Plekanec.

Onze matchs ne font pas une saison. La campagne 2008-2009 l'a d'ailleurs démontré avec éloquence. Avec Guy Carbonneau à la barre et un titre de champion d'association en poche, le Canadien avait amorcé l'année avec huit victoires et deux revers, dont une défaite en tirs de barrage. Ça n'a pas empêché Carbo de se faire congédier en fin de saison et le Canadien de se faire sortir en quatre petites parties par les Bruins de Boston dès la première ronde des séries éliminatoires.

À défaut d'ajouter deux points au classement, la défaite de samedi servira peut-être un rappel à l'ordre salutaire à ceux qui voyaient trop grand, trop vite...