Perdues dans l'enthousiasme de la victoire de mardi, face aux Canucks de Vancouver, les quatre minutes d'utilisation de Lars Eller en ont laissé plusieurs songeurs.

Des observateurs se demandent si le jeune Danois n'y gagnerait pas à faire ses classes avec les Bulldogs de Hamilton plutôt que d'avoir un rôle aussi secondaire à Montréal.

Une telle perspective n'est pas sans faire écho aux déclarations de Max Pacioretty, la semaine dernière, qui disait que jouer un rôle offensif plus prédominant à Hamilton était meilleur pour son apprentissage que d'évoluer sur un troisième ou quatrième trio à Montréal.

Or, Lars Eller n'est pas Max Pacioretty. Et il ne voit pas les choses du même oeil.

«Lors du passage de la Ligue américaine à la Ligue nationale, 90% des joueurs qui accèdent à la LNH commencent par évoluer sur un troisième ou quatrième trio, affirme Eller. Il y a une période d'adaptation normale à faire, et je crois qu'elle constitue une bonne expérience.»

L'attaquant de 21 ans raconte voir vécu une situation semblable dans la Ligue élite de Suède, il y a deux ans, alors qu'il évoluait pour Frolunda.

«Du début de la saison jusqu'à Noël, je n'ai pas joué beaucoup et j'étais cantonné aux troisième et quatrième trios, explique Eller.

«Mais dans les trois derniers mois de la saison, j'ai maintenu une moyenne d'un point par match, j'ai joué sur l'attaque à cinq et dans les situations critiques, et l'adversaire ne marquait à peu près pas quand j'étais sur la glace.»

La vitesse d'exécution

Vers la fin du camp d'entraînement, Eller avait fait une critique intéressante de son propre jeu.

«Je dois apprendre à faire mes jeux plus rapidement car quand je prends le temps de regarder où faire mon jeu, il est déjà trop tard», nous avait-il dit après un match.

Eller estime s'être amélioré sur cet aspect, même s'il s'est fait subtiliser la rondelle par un joueur des Canucks, mardi, à la suite d'une hésitation.

S'il a encore du progrès à faire au niveau de sa vitesse d'exécution, ce n'est pas dans la Ligue américaine, où le rythme du jeu est plus lent, qu'il y parviendra.

«Il n'y a qu'un seul endroit où je peux le faire et c'est dans la LNH, admet-il. Et je pense que je vais dans la bonne direction. Je m'améliore à ce niveau-là.

«Il y a eu un moment dans le match où j'ai été trop lent à prendre ma décision, mais ces choses-là arrivent. Je ne pense pas qu'on doive en faire tout un plat.

«Mais c'est sûr que lorsque tu ne fais que sept présences dans un match, chaque erreur paraît davantage...»

Ça change vite

Même s'il ne revendique qu'une mention d'aide en 14 matchs, Eller reste donc assez calme devant la situation. Il sait que les choses peuvent changer brusquement.

N'étions-nous pas là, il y a une semaine, à commenter la promotion d'Eller sur le premier trio, seulement pour le voir être l'attaquant le moins utilisé à Buffalo, puis rayé de la formation le lendemain au Centre Bell?

Le forfait de Tomas Plekanec, grippé, a joué dans l'équation. Il reste qu'Eller n'a jamais joué son match sur le premier trio!

«Les choses ont changé rapidement, et ça peut très bien repartir dans l'autre sens, a-t-il répondu à cet effet. Qui sait avec qui je vais me retrouver dans deux matchs? C'est assez imprévisible.»

Utilisé en infériorité?

L'idée de Jacques Martin, du moins à court terme, semble cependant arrêtée. Eller continuera de piloter le quatrième trio aux côtés de Travis Moen et Tom Pyatt.

«Ce trio-là peut être efficace. Je sais qu'ils n'ont pas joué beaucoup face aux Canucks, mais c'est parce qu'on avait décidé de faire des confrontations trio contre trio, et les Canucks employaient surtout trois unités.

«J'entends les utiliser davantage à Boston. On retrouve déjà Moen et Pyatt en désavantage numérique, et je songe à ajouter Eller à l'une de nos deux unités d'infériorité pour lui permettre d'avoir plus de temps de jeu.»

La recrue est loin de monter au créneau au sujet de sa faible utilisation.

«Je retire de la fierté à occuper le rôle que j'ai en ce moment, a confié Eller. Je ne suis pas satisfait de jouer quatre minutes - c'est évident que je veux jouer plus - mais c'était la première fois de la saison où je jouais aussi peu. Ce n'est pas la norme.»

La ligne de pensée à Montréal semble donc être de garder Eller avec le Canadien et de ne pas le céder à la Ligue américaine.

«Lars continue son apprentissage, a dit Jacques Martin. J'aime sa façon de se comporter, j'aime ses habiletés et sa compréhension du jeu. En ce moment, il force le jeu à l'attaque parce qu'il veut vraiment marquer, mais il est quand même solide défensivement.»