Un millier de personnes se sont entassées pendant plus de deux heures dans la basilique Marie-Reine-du-Monde, lundi après-midi, pour assister aux obsèques de Pat Burns, décédé le 19 novembre des suites d'un cancer.

La cérémonie, empreinte de sobriété et de recueillement, a été marquée par le témoignage de quelques-uns de ses proches, dont le directeur général des Devils de New Jersey, Lou Lamoriello.

« Dès notre première conversation, lorsque je suis monté à son chalet du New Hampshire pour lui offrir le poste d'entraîneur, j'ai senti qu'il y avait en lui quelque chose d'unique et de différent, a raconté Lamoriello de façon touchante.

« Par la suite, j'ai réalisé que je n'avais jamais rencontré quelqu'un qui pratiquait autant ce qu'il prêchait.

« Quand il était entraîneur, il n'a jamais voulu entendre l'un de ses joueurs se plaindre. Et lui, dans la maladie, il ne s'est jamais plaint non plus.»

Même si Burns est québécois et qu'il a amorcé sa carrière dans la LNH avec le Canadien, la présence de toute l'organisation des Devils a semblé le rapprocher de cette équipe plus que de n'importe quelle autre lors de ses obsèques.

Les Devils avaient placé sur l'autel une gerbe de fleurs reproduisant le logo de l'équipe, et les joueurs ont formé une allée d'honneur à la sortie de l'église, lorsque Line Burns a ouvert le cortège.

La veuve tenait dans ses mains une urne en forme de Coupe Stanley.

Tout le monde y était

Les obsèques ont été présidées par le cardinal Jean-Claude Turcotte, qui avait également présidé aux funérailles de Maurice Richard en 2000.

Burns n'a peut-être pas eu droit à des funérailles nationales comme le Rocket, mais plusieurs dignitaires sont venus lui rendre un dernier hommage.

Le premier ministre Jean Charest était présent, flanqué de ses ministres Line Beauchamp et Norman MacMillan.

«Il a laissé un excellent souvenir aux gens de ma région en Estrie et il y a d'ailleurs une aréna qui sera construite à sa mémoire à Stanstead, a déclaré M. Charest.

«C'est le passage d'un grand homme que l'on vient souligner aujourd'hui.»

D'autres membres des secteurs politique, économique et policier étaient sur place, mais c'est surtout la planète hockey qui avait convergé pour l'occasion.

Le commissaire de la LNH, Gary Bettman, celui de la LHJMQ Gilles Courteau, ainsi que représentants des trois équipes avec lesquelles Burns a remporté le trophée Jack-Adams étaient présents, dont Brian Burke et Cliff Fletcher, des Maple Leafs de Toronto, et Harry Sinden et Claude Julien, des Bruins de Boston.

Le propriétaire du Canadien, Geoff Molson, était à la tête de l'imposante délégation du Tricolore. Outre Pierre Gauthier, Jacques Martin et d'autres membres de l'état-major, Brian Gionta, Carey Price, Hal Gill et Scott Gomez ont été aperçus, de même que des anciens comme Jean Béliveau, Dickie Moore et Yvan Cournoyer.

De nombreux joueurs ayant eu Burns comme entraîneur à un moment ou l'autre de leur carrière s'étaient déplacés. Parmi eux, Raymond Bourque, Patrick Roy, Kirk Muller, Mike Keane, Shayne Corson, Rick Green, Guy Carbonneau, Tie Domi, Luc Robitaille et Pat Brisson.

Souvenirs

Les premiers invités sont arrivés près de deux heures avant la cérémonie afin d'offrir leurs condoléances à Line Burns et à ses enfants Maureen, Maxime, Stéphanie et Jason.

À l'extérieur, sur le parvis de la basilique, les souvenirs se partageaient.

«Pat est arrivé à un moment où le Canadien avait besoin de structure», s'est souvenu Guy Carbonneau à propos de l'entrée en poste de Burns à Montréal, en 1988.

«C'était un ancien policier, il avait un tempérament dur et il a rapidement imposé sa discipline. Ça n'a pas plu à tous, mais le rôle d'entraîneur ressemble à celui de parent. Tu dois souvent dire non et c'est avec le temps que tes enfants comprennent pourquoi tu as agi de la sorte.»

Le gardien des Devils Martin Brodeur, lui, a eu le plaisir de soulever la Coupe Stanley avec Burns en 2003.

«Quand je pense à lui, j'ai un grand sourire, a confié Brodeur. Il m'impressionnait par sa manière de contrôler un vestiaire.

«Un jour, je discutais tranquillement avec lui quand il m'a dit ''reste assis, il faut que j'aille péter les plombs aux joueurs''. Il a tout cassé dans le vestiaire. Ça a eu l'effet escompté!»

«Ne soyez pas tristes...»

L'ex-défenseur Raymond Bourque était un vétéran de plusieurs saisons lorsque Burns est arrivé à la barre des Bruins.

«On se souviendra de lui comme un grand coach défensif, qui a été à la tête de trois des six équipes originales, qui a remporté la Coupe avec une quatrième formation, et qui aurait dû être admis au Temple de la Renommée dès cette année.»

Compte tenu du fait qu'il est l'un des 15 entraîneurs à avoir franchi le plateau des 500 victoires, Burns devrait recevoir un jour cet honneur à titre posthume.

Mais il faut bien que le mot de la fin revienne à Pat Burns lui-même.

Son cousin, l'énergique Robin Burns, a rappelé ce qu'avait dit l'ex-entraîneur peu de temps avant son décès: «Ne soyez pas tristes que ce soit terminé, soyez heureux que ça se soit passé».