Andrei Markov a été opéré au genou droit, hier, et son nom sera bientôt placé sur la liste des blessés à long terme. Le Canadien aura dès lors une marge de manoeuvre additionnelle de plus de 5,6 millions. De quelle façon Pierre Gauthier risque-t-il de l'utiliser? Cherchera-t-il à ajouter un défenseur ou un attaquant?

Sans être optimale, la production des défenseurs du Canadien ne pose pas problème. Par exemple, elle est supérieure à celle des Bruins de Boston, qui ont marqué le même nombre de buts que le Canadien jusqu'ici.

Et à Washington, où les Capitals produisent plus de buts que n'importe quelle autre équipe, les défenseurs ont marqué 15% des buts et 22% des points. Chez le Canadien, les arrières ont inscrit 11% des buts mais 24% des points.

Pourquoi réparer ce qui n'est pas brisé? Le Tricolore excelle défensivement. Il revendique la deuxième meilleure moyenne de buts accordés du circuit (1,93) et le troisième meilleur différentiel à forces égales.

En revanche, son manque de munitions sur les deux premiers trios saute aux yeux. Scott Gomez connaît une saison difficile et Travis Moen serait plus utile dans un rôle plus secondaire.

Pas surprenant que des rumeurs émanent voulant que le Canadien est à la recherche d'un attaquant «top 6»...

Haro sur les joueurs autonomes

On doute qu'une équipe adverse se manifeste pour acquérir les services de Gomez, Spacek ou Moen. Ce que le Canadien a à offrir, par contre, ce sont des choix au repêchage, de jeunes talents prêts pour la LNH qui ne commandent pas de gros salaires (en particulier Yannick Weber et Max Pacioretty) ainsi que de la flexibilité salariale.

Nous croyons que le Tricolore cherchera à s'améliorer à l'attaque plutôt qu'en défense. Mais s'il doit pour cela sacrifier un jeune comme Weber, il ne faudrait pas se surprendre si une seconde transaction amenait à Montréal un septième défenseur, une sorte de police d'assurance.

Voici quelques-uns des joueurs qui seraient susceptibles d'intéresser le Canadien. Ils seront tous autonomes sans compensation à la fin de la saison.

AG - Steve Sullivan (Nashville)

3,75 millions - clause de non-échange

La situation: Les Predators de Nashville ont un petit budget à respecter et puisque Sullivan sera autonome à la fin de la saison, les Preds pourraient tenter de regarnir leur banque de jeunes joueurs en l'utilisant comme appât. Mais ils attendront sûrement la date limite des transactions pour évaluer où ils en sont au classement et s'ils doivent être «vendeurs» ou non.

Les avantages: Sullivan est rapide, il possède un bon instinct de marqueur et sait se découvrir. Il peut fournir une bonne option de passe à un joueur de centre de deuxième trio. À Nashville, il n'est pas en bonne position pour récolter des points. Vivre des séries à Montréal serait donc une excellente occasion de se mettre en valeur et de prouver qu'il lui reste de l'essence dans le réservoir.

Les irritants: L'attaquant de 36 ans est de petite taille et il n'est pas très fiable défensivement. De plus, Sullivan s'est absenté durant deux ans en raison de maux de dos et même s'il semble avoir recouvré la santé, il demeure un joueur fragile et sur le déclin.

AD - Jamie Langenbrunner (New Jersey)

2,8 millions - clause de non-échange

La situation: C'est depuis la fin de la saison régulière, l'an passé, que l'on attend le transfert du capitaine des Devils. Jason Arnott et lui risquent de faire partie d'une purge visant à changer le visage d'une équipe qui ne va nulle part. De toute façon, au retour de Zach Parise, au mois de février, le DG Lou Lamoriello devra nécessairement délester sa masse salariale afin de faire de la place à son jeune attaquant.

Les avantages: Langenbrunner est un ailier droit qui est responsable défensivement, qui s'est révélé un bon producteur de points au fil de sa carrière et qui évolue souvent à la pointe en avantage numérique. Il doit avoir un certain leadership car il est non seulement capitaine des Devils, mais il a aussi porté le C pour l'équipe des États-Unis aux Jeux de Vancouver. En outre, il a la réputation de jouer son meilleur hockey en séries éliminatoires.

Les irritants: L'ailier de 35 ans a ralenti et il faut se demander jusqu'à quel point il serait en mesure de faire la différence.

C - Brad Richards (Dallas)

7,8 millions - clause de non-échange

La situation: La situation économique des Stars de Dallas est extrêmement précaire. Échanger Richards sera la seule façon de monnayer leur centre vedette, car il est clair qu'ils ne seront pas en mesure de lui faire signer un nouveau contrat. À ce stade-ci de la saison, il reste encore 5,1 millions à lui verser en salaire. Le CH peut se le payer dès aujourd'hui.

Les avantages: Richards est un joueur de premier plan qui a déjà gagné la Coupe Stanley et qui ne fait pas de chichi. C'est un centre, mais il est également capable d'évoluer à l'aile. Il engrange les minutes d'utilisation et, à 30 ans, il est à son apogée. L'arrivée de ce centre naturel donnerait en outre des munitions à Jacques Martin si jamais Gomez n'arrivait pas à sortir de sa torpeur.

Les inconvénients: La compétition risque d'être vive pour les services de Richards et il n'est pas acquis que le CH a suffisamment à offrir pour remporter la mise. D'autant plus que, selon toute vraisemblance, il n'aurait pas les moyens de le garder au-delà de cette saison. L'ancien du Lightning de Tampa Bay et de l'Océanic de Rimouski possède une clause de non-échange. La lèverait-il pour venir à Montréal?

AD - Alex Kovalev (Ottawa)

5 millions

La situation: Cela fait une mèche que le DG des Sénateurs, Bryan Murray, cherche des partenaires avec qui danser. Il veut améliorer son équipe, ajouter de la profondeur en attaque et rajeunir sa défensive. Mais Kovalev n'a plus beaucoup de valeur et ce n'est pas avec lui que les Sénateurs pourront se renflouer.

Les avantages: On sait à quoi s'en tenir avec Kovalev! C'est un joueur dangereux lorsqu'il est inspiré. Peu de joueurs aimeraient (re)venir jouer à Montréal autant que lui. Et cette fois, il reviendrait dans un contexte où l'attaque ne repose plus sur ses épaules. Kovalev excelle en séries et, à défaut de jouer jusqu'à 50 ans, il pourrait se façonner une belle tournée d'adieu dans l'uniforme bleu-blanc-rouge.

Les irritants: Il y en a deux et ils sont de taille. Tout d'abord, le style de jeu de Kovalev ne laisse pas croire qu'il cadrerait dans le système de jeu implanté par Jacques Martin. Par ailleurs, son retour générerait beaucoup d'attention et pourrait menacer le bel équilibre qui s'est installé dans le vestiaire.

D - Tomas Kaberle (Toronto)

4,25 millions - clause de non-échange

La situation: Les Leafs ont beau avoir de l'espace sous le plafond salarial, ils veulent surtout récupérer les choix au repêchage qu'ils ont perdu pour Phil Kessel. Kaberle, lui, est impliqué dans des rumeurs d'échange depuis presque deux ans. Il arrive à la fin de son contrat et les Leafs risquent de finalement passer à l'action. Kaberle peut dresser une liste de 10 équipes auxquelles il accepterait d'être échangé.

Les avantages: Si le Canadien décidait de se renforcer à la ligne bleue, Kaberle serait à la tête d'un groupe de candidats intéressants dont les Jovanovski, Pitkanen, Bieksa et Wisniewski font aussi partie. Kaberle pourrait remplir un rôle similaire à celui d'Andrei Markov, même s'il est moins à l'aise que ce dernier dans sa zone. Le Tchèque de 32 ans a toujours excellé face au Canadien (13 buts, 47 points en 61 matchs).

Les inconvénients: Brian Burke s'est montré très gourmand jusqu'ici lorsqu'il a testé le marché avec Kaberle. Et puis, le Canadien passerait-il outre ses lacunes défensives et donnerait-il aux Leafs le choix de premier tour qu'ils vont demander?

Photo: AP

Brad Richards