Les Devils du New Jersey occupent depuis hier soir le dernier rang de la Ligue nationale. Les Islanders de New York, qui l'ont emporté 2-1 devant le Lightning de Tampa Bay en prolongation, totalisent le même nombre de points qu'eux, mais disposent de deux matchs en main. À la suite de leur cuisant revers de 5-1 mardi aux dépens des Capitals de Washington, la fiche des Devils est de 9-22-2. Ils ont marqué 59 buts, le pire total dans la Ligue nationale, et en ont accordé 103.

Que faire avec ce club en déroute totale? Lou Lamoriello a été un grand directeur général. Sous sa gouverne, les Devils ont remporté trois fois la Coupe Stanley et participé aux séries éliminatoires à chacune des 13 dernières saisons. Mais ils ont été éliminés dès la première ronde lors des trois dernières années, il n'y a pas de relève au gardien Martin Brodeur, qui aura 39 ans au printemps, la défense de l'équipe, jadis sa marque de commerce, est constituée de plombiers malhabiles et le plafond salarial menace d'exploser à tout moment.

Il y a trop de vétérans improductifs au sein de cette équipe, entre autres Brian Rolston à 5 millions par année, Patrik Elias à 6 millions, Henrik Tallinder et Colin White à plus de 3 millions par saison, Jason Arnott à 4,5 millions et Dainius Zubrus à 3,4 millions.

Sans compter Ilya Kovalchuk, à qui on vient d'offrir 100 millions et pour qui on a donné un choix de première ronde, le défenseur Johnny Oduya, les jeunes attaquants Nicklas Bergfors et Patrice Cormier, sans compter le choix de première ronde auquel ils devront renoncer d'ici quatre ans parce qu'ils ont offert un contrat non conforme à Kovalchuk.

Ne soyez pas surpris si Lamoriello tente de sauver la saison et son poste en cherchant à convaincre Jacques Lemaire de revenir à la rescousse derrière le banc, mais à mon avis, une reconstruction complète serait plus efficace à long terme.

Si j'étais proprio...

Première tâche: offrir un poste honorifique à Lamoriello pour services rendus. Un peu comme l'ont fait les Bruins de Boston à l'époque en nommant leur ancien directeur général Harry Sinden au poste de président. À la défense de Lamoriello, on l'a forcé à embaucher Kovalchuk, mais il a été à l'origine de multiples gaffes au cours des dernières années.

Deuxième mission: trouver un nouveau directeur général. De préférence jeune, dynamique, qui n'est pas influencé par les idées reçues. Un membre de la nouvelle garde, quoi. Et très au fait de la nouvelle convention collective. Julien BriseBois, le nouveau bras droit de Steve Yzerman à Tampa, serait parmi mes candidats. Ou encore Jarmo Kekalainen, as recruteur et ancien directeur général adjoint à St. Louis, qui a quitté pour la Finlande parce qu'on lui a préféré Doug Armstrong et qui rêverait de devenir le premier DG européen de la LNH. André Savard pourrait aussi faire l'affaire même s'il n'est pas de la nouvelle garde. C'est un Rick Dudley francophone.

Si j'étais propriétaire, je discuterais avec les frères Dale et Mark Hunter à London, dans la Ligue junior de l'Ontario, mais ils ne quitteront pas leur club en pleine saison et je ne peux me permettre d'attendre parce que des décisions de taille s'imposent d'ici la date limite des échanges le 28 février.

Dans les faits, il serait peut-être plus logique de penser que Chris Lamoriello, 36 ans, sera nommé pour succéder à son père. Il oeuvre dans l'ombre de son paternel depuis 14 ans et jouit d'une très belle réputation dans le milieu, bien qu'il soit presque inconnu du public. On le dit intelligent et surtout indépendant d'esprit. Ça constituerait également une porte de sortie élégante pour son père.

Une fois le directeur général trouvé, on devra chercher un remplaçant à l'entraîneur John MacLean, qui a perdu le respect de ses joueurs au lendemain d'une victoire de 3-0 à Montréal le 21 octobre en clouant Martin Brodeur au banc et en laissant Ilya Kovalchuk dans les gradins.

Puis, on passe aux choses sérieuses.

D'abord discuter avec la vedette Martin Brodeur et le convaincre qu'il est dans son intérêt de passer à un prétendant à la Coupe Stanley, à l'instar de Raymond Bourque échangé à l'Avalanche du Colorado il y a plusieurs années. On sonde les candidats. Les Capitals de Washington, qui pourraient céder en retour un de leurs jeunes gardiens, Semyon Varlamov ou Michal Neuvirth, et pourquoi pas des choix? Le Lightning de Tampa Bay. Les Sharks de San Jose. Les Blue Jackets de Columbus.

Puis, on continue à liquider. Arnott. Zubrus. Elias. Langenbrunner. On accumule des choix au repêchage, même si ce ne sont pas des premiers.

Et on amorce la reconstruction. Il y a de bons éléments à l'attaque, comme Zach Parise, Travis Zajac et aussi Kovalchuk, qui peut se replacer dans un bon contexte. Sans compter les jeunes Mattias Tedenby et Jacob Josefson. On fait signer un contrat au choix de deuxième ronde en 2010, le défenseur John Merrill, qui fait partie de l'équipe junior des États-Unis, pour l'amener dans la Ligue américaine le plus rapidement possible.

On tente, à l'aide de transactions judicieuses, d'amener des défenseurs plus habiles pour améliorer le jeu de transition du club, qui n'est plus que l'ombre de ce qu'il était jadis. Avec l'arrivée d'un super espoir repêché en juin prochain, un Adam Larsson, un Sean Couturier ou un Ryan Nugent-Hopkins.

Mais il faut qu'ils étudient quand même les offres pour ce premier choix. Si, par exemple, les Bruins offrent le jeune gardien Tuukka Rask et un espoir pour ce choix, ou les Panthers de la Floride Jacob Markstrom et un choix de première ronde, j'y penserais sérieusement.

Puis, on s'arme de patience et on ne cesse de chercher d'autres solutions pour améliorer ce jeune club...