Certains dirigeants d'équipes de la LNH vivront une pause du match des Étoiles moins sereine que d'autres.

C'est le cas en particulier à Los Angeles et St. Louis, deux marchés où la reconstruction, longue et pénible, devait finalement aboutir cette saison.

Mais plutôt que de se battre pour le titre de leur division, les Kings et les Blues tentent péniblement de se qualifier pour les séries éliminatoires. On pourrait ajouter à ce groupe les Blue Jackets de Columbus, qui tardent encore à devenir la puissance annoncée malgré de bons choix au repêchage.

Les succès des Canucks de Vancouver, des Stars de Dallas et des Flyers de Philadelphie, trois des six premières équipes au classement général de la LNH, rendent la situation encore plus cruelle pour les Kings, les Blues et les Blue Jackets.

Voilà en effet trois équipes qui ne fonctionnaient pas très bien lorsqu'un nouveau directeur général a été nommé il y a quelques années mais, plutôt que de s'engager dans une douloureuse reconstruction, on a plutôt choisi des raccourcis qui ont payé.

Le DG des Canucks, Mike Gillis, a opté pour la stabilité en conservant le même entraîneur-chef, Alain Vigneault, en mettant sous contrat à long terme ses vedettes, Henrik et Daniel Sedin, ainsi que Roberto Luongo, et en laissant les jeunes vétérans Ryan Kesler, Alexander Edler et Alexandre Burrows s'épanouir.

Quelques bonnes acquisitions - Keith Ballard, Dan Hamhuis, Christian Ehrhoff, Mikael Samuelsson et Manny Malhotra - ont solidifié encore davantage ce club.

À Philadelphie, Paul Holmgren a su greffer de bons joueurs à son noyau de jeunes premiers constitué de Mike Richards, Jeff Carter et Claude Giroux. Les quatre premiers défenseurs de l'équipe - Chris Pronger, Kimmo Timonen, Matt Carle et Braydon Coburn - ont été acquis dans des échanges. Daniel Brière, Ville Leino et Scott Hartnell ont été obtenus par Holmgren au fil des trois dernières saisons.

Chez les Stars, Joe Nieuwendyk n'a pas fait de vagues. Mais il a tout de même largué quatre vétérans importants, Mike Modano, Marty Turco, Jere Lehtinen et Sergei Zubov tout en gardant le noyau de joueurs en place. Un échange-clé: celui qui a permis d'obtenir le gardien Kari Lehtonen en retour d'un espoir qui tarde à percer. Dans les trois cas, les partisans n'ont pas eu à vivre une longue traversée du désert.

Ce qui n'est pas le cas à St. Louis, Los Angeles et Columbus. Les premiers ont raté les séries lors de quatre des cinq dernières saisons. Les Kings ont été écartés des éliminatoires lors de six des sept derniers pintemps. Les Blue Jackets y ont participé une seule fois en neuf ans d'histoire, sans jamais gagner de match.

Ça rue dans les brancards à St. Louis. Le chroniqueur du quotidien St. Louis Post Dispatch, Jeff Gordon, estime que les changements pressent.

Gordon reconnaît que les Blues ont été durement touchés par les blessures. Mais il note toutefois que le premier choix de la LNH en 2006, Erik Johnson, semble plafonner. Que l'arrivée de Paul Kariya a constitué un fiasco. Que Patrik Berglund ne débloque pas. Que David Perron semblait le faire, mais il est toujours à l'écart du jeu en raison d'une commotion cérébrale. Sans compter le gardien Jaroslav Halak, très moyen au dire du chroniqueur.

À Los Angeles, on se demande comment un club dont le noyau est formé d'Anze Kopitar, Drew Doughty, Jack Johnson et Dustin Brown peut peiner ainsi à gagner des matchs. Au plan des buts marqués, les Kings sont 15es dans la LNH. Ils avaient remporté deux de leurs 12 derniers matchs avant de gagner trois rencontres consécutives avant la pause.

On ne parle pas des Blue Jackets, qui semblent tourner en rond depuis toujours.

Il y a des modes dans la LNH. Les clubs se sont armés de durs à cuire après la conquête de la Coupe Stanley par les robustes Ducks d'Anaheim en 2007. Mais les redresseurs de tort ont écopé lorsque les Red Wings de Detroit ont gagné grâce à leur finesse. La victoire des Penguins de Pittsburgh puis celle des Blackhawks de Chicago ont convaincu certains dirigeants d'entreprendre une reconstruction complète.

Parions que si les Blues et les Kings échouent cette année, leur méthode risque de perdre de sa popularité...