À trois semaines de la date-limite des transactions, Pierre Gauthier évalue ses options, entre autres à la ligne bleue, en gardant à l'esprit que quatre de ses défenseurs seront joueurs autonomes à la fin de la campagne.

S'il compte attirer, d'ici le 28 février, autre chose qu'un joueur de location à la Chris Phillips, donc un défenseur ayant un contrat en poche l'an prochain, le DG doit commencer dès maintenant à se faire une idée des hommes qu'il compte réembaucher.

Roman Hamrlik est l'un de ces quatre défenseurs qui seront libres comme l'air le 1er juillet. Le Tchèque de 36 ans voit les choses évoluer et il a déjà pris parti: il a confié à La Presse qu'il accepterait moins d'argent ainsi qu'un rôle plus effacé afin de terminer sa carrière dans l'uniforme du Canadien.

«C'est certain que je le ferais, a lancé Hamrlik. Ce n'est pas une question d'argent. À l'âge où je suis rendu, c'est important d'être confortable là où je suis. Or, je suis heureux à Montréal, je me suis fait des amis au fil des ans et je ne veux plus déménager.

«Je voudrais signer un autre contrat et terminer ma carrière ici. Mais cette décision-là ne me revient pas...»

Hamrlik s'était entendu avec Bob Gainey à l'été 2007 sur un contrat de quatre ans lui rapportant 5,5 millions par saison. Cela faisait de lui de facto le défenseur numéro 2 de l'organisation.

Quatre ans plus tard, on pourrait croire qu'un vétéran ayant acquis un certain statut au sein de la formation - en termes d'utilisation, d'impact et de salaire - serait réticent à voir une partie de ce statut disparaître. Mais Hamrlik ne voit pas les choses ainsi.

«Mon rêve a toujours été de remporter la Coupe Stanley, nous a-t-il dit. Je voudrais rester ici et aider l'équipe à y arriver. Et si ça implique d'encaisser le coup sans me plaindre et de jouer un rôle différent, alors absolument, oui.»

Encore deux ans

Malgré le poids de ses 36 ans, Hamrlik continue d'être un bourreau de travail sous Jacques Martin. Il est employé 22 minutes par match comme c'était le cas à ses trois premières saisons avec le Tricolore.

«J'adore ce défi-là», mentionne-t-il à propos de son utilisation.

«J'ai beaucoup de plaisir à jouer, c'est encore une passion. Lorsque j'observe les autres défenseurs de mon âge, je me dis que je serais capable de jouer deux autres saisons. Je n'aurais pas de problème avec ça.

«Mais pour l'instant, je veux finir la saison en force, me rendre loin en séries éliminatoires, et l'on verra ce qui se passe ensuite.»

Transformation extrême

Si tout se déroule bien, Hamrlik atteindra avant la fin du calendrier le cap des 1300 matchs dans la LNH, ce qui le place bon premier parmi tous les défenseurs issus de la République tchèque à avoir percé la LNH.

À le voir jouer aujourd'hui, on ne soupçonnerait pas qu'il est aussi le défenseur tchèque qui revendique le plus de buts et le plus de points!

Il faut dire que le premier choix universel au repêchage de 1992 a effectué toute une conversion au fil des ans. Alors que tant de joueurs restent fidèles au style de jeu qui les a menés à la LNH, Hamrlik, lui, s'est transformé, passant d'un style strictement offensif à un jeu plus systématique dans sa zone.

Hamrlik parle d'une transition qui s'est faite naturellement.

«C'est peut-être le fait d'avoir évolué pour plusieurs équipes et plusieurs entraîneurs qui savaient que j'étais en mesure de générer de l'offensive et qui ont voulu davantage travailler mon côté défensif», suggère-t-il.

La fatigue et la santé

Mais ne nous leurrons pas: ce changement progressif a aussi suivi sa courbe d'âge.

«Quand tu vieillis, tu ne peux plus autant appuyer l'attaque à la moindre occasion, reconnaît Hamrlik. Je me fatigue plus facilement qu'à l'âge de 25 ans. C'est devenu moins évident de faire des allers-retours en appuyant l'attaque et en étant quand même le premier joueur en repli.

«Le plus important pour moi, désormais, est de rester en santé. Plus jeune, je m'étais fracturé un genou, j'ai eu des problèmes avec une épaule, mais je pouvais revenir au jeu rapidement. Maintenant, je dois toucher du bois et espérer rester en santé...»

Ayant opéré un changement complet dans son style de jeu, Hamrlik devra bientôt se préparer à ne plus jouer avec le statut dont il a profité tout au long de sa carrière.

C'est la dernière transition qu'il lui reste à vivre à titre de joueur...